La base secrète sous les glaces du Groenland

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Image radar montrant des éléments d'une ancienne base militaire américaine secrète sous la glace du Groenland. Photo: NASA Earth Observatory
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Publié 08/12/2024 par Agence Science-Presse

Une base construite sous les glaces du Groenland, il y a un demi-siècle, et abandonnée presque aussi vite, a vu son existence «révélée» par un avion de la NASA qui effectuait une cartographie radar du Nord de cette île recouverte d’une calotte glaciaire.

Sur les images, on voit très nettement des lignes droites qui n’ont rien de naturel, et qui trahissent ce qui reste des passages souterrains et des hangars dont une partie aurait dû accueillir des missiles pointés vers l’Union soviétique, à l’époque de la guerre froide.

Ver de glace

Il faut préciser que l’existence cette base, appelée Camp Century, n’était plus un secret depuis longtemps.

Mais ça l’était à l’époque: le «projet Iceworm» (ver de glace) était censé créer, à son terme, 4000 km de tunnels, à 12 mètres de profondeur, et une véritable petite «ville sous la glace». Celle-ci, outre les installations militaires, aurait abrité des laboratoires, des magasins et un cinéma.

La «ville», qui aurait pu accueillir 200 soldats et des scientifiques, n’a jamais atteint cette ampleur (il y a eu seulement quelques kilomètres de tunnels). Les ingénieurs se sont rapidement rendu compte que l’instabilité de la calotte glaciaire rendait impossible de garantir l’intégrité des plafonds et des tunnels, et les militaires ont abandonné l’idée.

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Des tunnels et des hangars

Le site, où les travaux avaient été amorcés en 1959 — le prétexte officiel était la construction d’une base scientifique d’étude de la calotte glaciaire — n’était plus occupé que de façon intermittente en 1964, et le projet a été interrompu en 1967.

Groenland
Le Groenland, une possession du Danemark. Image: Connormah, Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6921540

Après leur départ, les autorités américaines ont abandonné la propriété du terrain aux autorités du Groenland, cette île recouverte de glaces qui est elle-même un territoire du Danemark.

Ce n’est plus un secret, mais c’est une base dont l’existence est tellement peu connue que dans son communiqué du 25 novembre dernier, la NASA signale que lorsque ces lignes trahissant des tunnels et des hangars sont apparues sur son relevé radar, dans cette région inhabitée du nord du Groenland, «nous ne savions pas ce que c’était au début».

Une pollution subglaciaire

En abandonnant cette base, les États-Unis ont aussi légué un problème aux générations futures: ce qui reste des installations abrite des eaux usées, du carburant et autres contaminants dont le sort est imprévisible dans un contexte de fonte des glaces. En 2016, une recherche publiée dans la revue Geophysical Research Letters avait précisément pointé ce problème.

Groenland, randonnée, sommets
Paysage de montagnes, de glaciers et de lacs au Groenland. Photo: Aurélie Resch

En réaction à cette recherche, les autorités groenlandaises, danoises et américaines avaient alors reconnu la nécessité de se préoccuper du futur de ces installations. Une déclaration du ministère américain de la Défense admettait qu’avec le réchauffement, les restes de ce camp poseraient un risque pour la sécurité des environs.

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Les États-Unis ne sont pas non plus absents du Groenland, puisqu’ils y possèdent un aéroport militaire, Pituffik (anciennement, Thulé), qui constitue l’installation militaire américaine la plus nordique.

Mesurer la fonte

À tout le moins, cette «découverte» par l’avion du NASA Earth Observatory offre un «indicateur» de la fonte des glaces. Étant donné que l’on connaît précisément la profondeur de ces installations, on pourra comparer, d’année en année, la vitesse à laquelle la calotte glaciaire fond au-dessus.

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