Karine Giboulo: une maisonnette dans un musée

Au Gardiner Museum jusqu’au 7 mai

Karine Giboulo, musée Gardiner Museum
Plus de 500 figurines de Karine Giboulo évoquent des scènes de la vie quotidienne, des souvenirs de la pandémie et des enjeux sociaux, au musée Gardiner. Photos: Nathalie Prézeau
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Publié 12/04/2023 par Nathalie Prézeau

La semaine dernière, je croyais que c’était ma dernière chance de voir l’exposition Ma maison de plain-pied de Karine Giboulo au musée Gardiner, mais elle sera encore en vedette jusqu’au 7 mai! Ça vaut donc la peine de vous en parler pour vous convaincre d’en profiter!

Difficile de choisir parmi tous mes coups de coeur dans la maisonnette construite au troisième étage du musée pour héberger les scènes miniatures de l’artiste québécoise.

Plus de 500 figurines

Plus de 500 figurines en pâte polymère sont intégrées dans le décor minimaliste de chaque pièce de la maison, en petits regroupements d’une simplicité trompeuse.

Karine Giboulo
Karine Giboulo. Photo: courtoisie

En utilisant les objets du quotidien, Karine Giboulo nous laisse trouver les métaphores qui mènent aux grandes questions du jour.

Adaptation à la pandémie, isolement des aînés, surconsommation, dépendance aux écrans, pollution, rêves brisés, nostalgie du passé, projection dans le futur… tout ça, sous le parapluie d’un constat: nous sommes en train de laisser un bien curieux monde à nos enfants.

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Les travailleurs de la covid

Avant même de passer le seuil de la porte de la maisonnette nous attend un très reconnaissable colis d’Amazon, dans lequel ont été taillés deux trous tel des yeux au-dessus d’un sourire narquois.

L’artiste nous invite à regarder à l’intérieur. C’est l’envers du décor!

Tous ces gens masqués qui travaillaient en présentiel en pleine covid pour assurer le transport des marchandises que nous commandions, dans la sécurité dans notre cocon.

Ça donne le ton de l’exposition!

Karine Giboulo, musée Gardiner Museum
Des aînés isolés.
Karine Giboulo, musée Gardiner Museum
Café solo.

Le monde de Karine Giboulo dans une maison

Pendant que j’examine le contenu du frigo dans la cuisine, absorbée par tous les détails, j’entends quelqu’un sangloter discrètement. Je lève les yeux. Une personne est immobile devant la scène qui m’attend dans le garde-manger adjacent: une série de grands bocaux abritant… des aînés isolés.

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On replonge instantanément dans la première année de la pandémie qui a révélé à quel point les personnes âgées étaient vulnérables.

Deux préposés aux soins enlacés, pleurant probablement la mort d’un patient aîné de trop, nous remémorent qu’ils ont été les derniers à tenir la main de près de 7 millions de personnes mortes suite à la contraction du virus.

Karine Giboulo, musée Gardiner Museum
Des préposés aux soins se réconfortant.

Un guide en français

Dans le guide en français disponible sur place (bien caché dans le site web du musée), l’artiste commente qu’elle a l’impression que dans notre société, on «conserve» les aînés en vie sans se préoccuper de leur qualité de vie. Bien d’accord!

Sur le comptoir de la cuisine, une longue file en distanciation attend son tour devant la banque alimentaire découpée dans un sac d’épicerie.

Dans la cage de la perruche, un jeune adulte narcissique sur son perchoir est hypnotisé par son reflet dans le miroir.

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musée Gardiner Museum
Médias sociaux et narcissisme: une cage mentale?

Vacances à la mer… de plastique

Dans l’aquarium, un épaulard porteur d’un bouquet de ballon, saute pour le plaisir des spectateurs sur une mer de déchets de plastique.

Dans le salon, un tapis-plage rappelle tous les rêves de voyage avortés par la pandémie, tandis que de petits voyageurs miniatures s’enfoncent dans le divan sur deux tapis noirs se dirigeant vers de petits écrans qui projettent la mer.

Une belle métaphore pour les «couch potatoes» (télézards) que nous sommes devenus pour compenser.

Karine Giboulo, musée Gardiner Museum
Une mer de déchets de plastique.
Karine Giboulo, musée Gardiner Museum
Plaisirs nautiques… éphémères.

La pièce maîtresse: un lit

La chambre d’adulte est franchement poétique, avec son lit recouvert d’une couette fleurie dans laquelle dorment paisiblement deux petits personnages. C’est aussi l’oeuvre la plus personnelle de l’artiste.

Sur le mur adjacent, Karine nous confie qu’elle souffre d’une maladie grave qui affecte entre autres son sommeil. Ce lit ramène au lit de son enfance où elle dormait si bien…

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Karine Giboulo, musée Gardiner Museum
L’oeuvre la plus personnelle de l’artiste.

Dans l’horloge grand-mère, une femme en pyjama a les yeux rivés sur son téléphone, tandis que le temps file.

Juchée sur une montagne de balles de laine dans un panier à linge, une vieille dame termine de tricoter une veste grandeur nature.

Sur la commode, une autre tricote un long ruban… Et sur le mur, un dessin de mode illustre le vêtement ridicule qui utilisera ces rubans de laine.

musée Gardiner Museum
La petite tricoteuse.

Clins d’oeil

Ici et là, des clins d’oeil faisant écho aux scènes dans les pièces voisines. Je vous laisse les découvrir. Il n’y a pas un objet dans trop dans cette maisonnette.

Comptez plus d’une heure pour apprécier chaque détail de l’exposition! Pas étonnant que par la suite, en explorant les autres salles du musée, notre regard était continuellement attiré par les céramiques arborant de petits personnages.

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musée Gardiner Museum
Dos à dos… ou face à face.
Karine Giboulo, musée Gardiner Museum
Lessive climatique.

Le musée se trouve à quelques pas de la station de métro Museum. L’admission est gratuite le mercredi de 16h à 21h. Sinon, c’est 15$ (les détenteurs de carte Presto reçoivent 20% de rabais en achetant leur billet sur place).

Les heures d’ouverture sont de 10h à 18h les lundis, mardi, jeudi et vendredi, de 10h à 21h les mercredis, et de 10h à 17h le week-end et les jours fériés.

musée Gardiner Museum
Un égoportrait avant de partir dans l’espace.

Un restaurant dans une maison

Pour votre prochaine visite du côté du musée de la céramique Gardiner (111 Queen’s Park, Toronto), voyez mon article sur un petit circuit de 30 minutes tout autour, incluant un restaurant unique.

Avant la visite du musée, une copine voulait nous initier au 7 West Café (7 rue Charles Ouest), que je ne connaissais pas. C’est pourtant un incontournable, un des rares ouvert 24h sur 24h, tous les jours de l’année!

Cela en fait la destination parfaite en sortant de la dernière représentation du cinéma Varsity, dont l’entrée est à 100 mètres de là, sur la rue Balmuto.

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Le restaurant occupe les trois étages de la vieille maison victorienne, incluant un balcon rustique fermé. Le menu est varié et la nourriture très correcte. Mais j’y reviendrai surtout pour l’excellent café et les gâteaux délectables (leur gâteau chocolat-banane a fait l’unanimité dans mon petit groupe de copines) ou pour leurs cocktails.

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