Islamophobie? Non, véritéphobie!

L’État islamique continue de frapper. Que faire?

Le président Donald Trump et son épouse Melania avec le roi Salman et le président égyptien Abdel Fattah Al Sisi. (Photo: Maison-Blanche)
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Publié 18/09/2017 par Shodja Eddin Ziaïan

Et Yahvé Dieu fit à l’homme ce commandement: Tu peux manger de tous les arbres du jardin.

Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas. (La Bible, Genèse, 16, 17)

Ils ont rusé et Allah a rusé, et Allah est le plus fin des rusés. (Le Coran, III, 54)


L’État islamique, une fois de plus, a frappé, ce 15 septembre, à Londres, cinquième assassinat collectif depuis le début de l’année, rien qu’en Angleterre.  Le 17 août, c’était en plein coeur de Barcelone, écrasant l’humanité au nom d’Allah.

Une fois de plus, les dirigeants du monde Atlantique avaient employé les mêmes formules creuses et sans conséquence de condamnation et de condoléances. Aucune décision concrète pour combattre le militantisme islamique criminel à sa source. Pourquoi?

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Car les sources, très bien connues, Arabie saoudite, Émirats Arabes, Qatar, sont aussi celles de nos pétrodollars. Car ces pseudo-États sont nos alliés, voire nos créatures, celles du colonialisme marchand anglo-américain qui domine la planète.

Islamisme et mercantilisme sont, de nos jours, les deux faces d’un même Janus, inséparables. Ils introduisent, en complicité, un nouveau vocable à la mode: «Islamophobie»! On devrait dire «Musulmanophobie».

Il y a différence entre «Musulman», personne née dans cette religion, et «Islamique», personne ou autorité souhaitant l’application à la lettre des vieilles lois et préceptes coraniques (la Sharia). Le Musulman n’est pas plus ou moins à craindre que je Juif ou le Chrétien, si ce n’est, pour chacun, dans leur degré d’intégrisme.

Tous les trois, en principe, croient à l’histoire d’Adam et Eve, tous les trois sont adeptes d’un certain Abraham prêt à égorger son fils pour avoir entendu la voix divine le lui commandant. Tous les trois croient à ce dieu impitoyable et cruel qui commande, entre autres calamités, massacres à Sodom et à Gomorrhe, génocide en Égypte, n’épargnant ni femmes, ni enfants, ni bétail.

Islamisme dangereux

«Phobie» signifie peur, crainte (étymologie grecque), peur irraisonnée, angoissante et obsédante, dans son acceptation actuelle.

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Or, contrairement aux déclarations, ignorantes sinon hypocrites, de nos politiciens ou de certains chefs de mosquées qui prétendent que l’Islam est doucereux et que ce sont certains Musulmans qui défigurent cette religion, il s’agit bien du contraire: c’est l’Islam qui est dangereux et non point les Musulmans qui le seraient. Ce sont les islamiques ou islamistes, les fondamentalistes qui sont dangereux, ceux qui cherchent à imposer l’application de l’Islam politique.

Marion Boyd, procureur général de l’Ontario (1993-1995), ministre NPD déléguée à la Condition féminine (1991-1995) qui souhaitait instituer des tribunaux islamiques en Ontario était islamique et dangereuse sans le savoir, comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir. C’est la diaspora musulmane, en particulier iranienne, farouchement opposée au projet, qui en a empêché la réalisation.

On tranche les têtes. On écrase par camion des gens qui se promènent. On violente les filles qui ne sont pas bonnes musulmanes. On les vend sur le libre marché que protège l’OTAN dirigée par les États-Unis. On bâillonne par des assassinats journalistes et caricaturistes. On commet des génocides, une dernière à l’encontre du peuple Izadi/Yazidi pour ne pas remonter dans l’histoire et revoir les génocides islamiques perpétrés contre les Égyptiens, les Iraniens et autres peuples et cultures, tout cela au nom de l’Islam.

Peur raisonnée

Néanmoins, le Parlement canadien de Justin Trudeau et compagnie vote à grande majorité pour condamner la peur que les Canadiens pourraient avoir de l’Islam!

Je suis né musulman et, comme des centaines de millions d’autres Musulmans, je n’ai pas peur de moi-même. Mais j’ai de solides raisons d’avoir peur de l’Islam, même si le parlement canadien me l’interdit et me dit que ma peur n’a aucune raison d’être. Qu’on n’aille pas, comble d’ironie et d’absurdité, m’accuser de racisme et d’incitation à la haine contre moi-même!

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Cette motion du parlement canadien représenterait en fait non point la phobie, une peur irraisonnée, mais la réelle peur de l’Islam qu’il essaierait ainsi d’apaiser. Parlons donc de véritéphobie, peur de la vérité!

L’Islam assassin est un concept qui participe à notre véritéphobie. Car le mot assassin dériverait du mot arabe «assâsyun» signifiant «fondamentalistes». Il s’agissait d’islamistes tuant les dirigeants qui n’appliquaient pas l’Islam à la lettre. Assassin et fondamentaliste (en l’occurrence islamique) ne font qu’un seul et même mot. L’Islam traditionnel (sunni) a besoin de réforme radicale, non de soutien.

Le président Barack Obama et son épouse Michelle rencontrent le roi Salman. (Photo: Maison-Blanche)
Le président Barack Obama et son épouse Michelle rencontrent le roi Salman. (Photo: Maison-Blanche)

Islamisme payant

L’autre vérité que l’on voile, c’est l’explication de la cause de notre complaisance à l’égard de l’Islam assassin: ne pas divulguer le profit que tire le système mercantile du développement des mouvements islamiques.

En janvier 2015, Stephen Harper proclamait le roi Abdullah d’Arabie ardent défenseur de la paix! Ardent défenseur de la paix, cet homme finançant les mosquées et mouvements les plus rétrogrades, les islamistes de tous bords, chef de l’un des régimes les plus rétrogrades de la planète? Comment expliquer cette contre-vérité flagrante si ce n’est que ce roi et ce régime ont beaucoup d’argent, qu’ils en distribuent généreusement, et que le Canada venait de délivrer une facture de 15 milliards de dollars au régime saoudite pour l’achat d’armement made in Canada.

L’Histoire d’amour entre le complexe militaro-industriel-financier mondial et l’impérialisme islamique ne date pas d’hier. Le royaume Saoudite et l’État d’Irak furent créés par les alliés anglo-américains à l’issue de la 1e guerre mondiale. L’État «purement» islamique du Pakistan a été créé de toutes pièces par le colonialisme anglais. Bush II contribua à l’institution des deux nouvelles républiques islamiques en Afghanistan et en Irak et son successeur, Obama, à celui de «l’État islamique de l’Irak et du Levant» (ISIL/ISIS/DAESH).

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La plus importante des vérités que l’on ne veut divulguer c’est que notre système marchand d’économie continue à détruire la planète à un rythme effarant. Il faudrait voir dans le développement de notre Islamisme assassin le corollaire (anti-thèse réactionnaire) de notre mercantilisme criminel que nous refusons de dévoiler. On est tous pour le voile.

Récemment, nos élus canadiens ont condamné un attentat imbécile au Québec par des discours pathétiques au parlement et à la mosquée. Le plus navrant: celui de Philippe Couillard avec son «Allah o Akbar», cri de guerre des islamistes avant d’égorger leurs victimes! Allah aurait alors récompensé le Premier Québécois pro-saoudite en lui offrant soudain un excédent budgétaire inattendu «dix fois plus élevé que prévu»! Allah o Akbar!

Islam signifie Soumission. Et nos politiciens au pouvoir semblent déjà soumis ou au seuil de cette soumission.


Que faire?

Invité au Collège Glendon de l’université York, à Toronto, en 1990, Roger Garaudy nous annonçait, avec grand enthousiasme, que l’avenir appartenait à l’Islam. Je lui avais donné tort à l’issue d’un petit débat qui s’en était suivi. Avait-il raison?

L’AFP nous apprend, en ce 1er juillet 2017, que près de 400 000 personnes ont fui Marawi, une ville du sud des Philippines occupée par un groupe islamiste. Considérée comme la capitale musulmane de ce pays majoritairement catholique, Marawi s’est transformée en une ville fantôme après que des militants ayant prêté allégeance au groupe État islamique ont lancé un assaut sur la ville le 23 mai.

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Si les attentats «terroristes» sporadiques de militants islamistes en Europe ou en Amérique continuent à «choquer» une population nord-atlantique naïve et des leaders politiques hypocrites, la population de cette Asie occidentale, baptisée «Moyen-Orient» par le colonialisme anglais en est victime quasi-quotidiennement, perturbée dans son existence par ces deux forces des vieux temps, agressives et néfastes, dominatrices, meurtrières, méchantes, menteuses, hypocrites, magouilleuses que sont l’Islam fondamentaliste et le mercantilisme à outrance, en particulier le complexe militaro-industriel et financier étasunien.

Les deux forment les deux faces d’un même Janus guerrier et criminel. L’un ne va pas sans l’autre.

Dick Cheney, le roi Abdullah, George W.W. Bush, Colin Powell en 2005. (Photo: Maison-Blanche)
Dick Cheney, le roi Abdullah, George H.W. Bush, Colin Powell en 2005. (Photo: Maison-Blanche)

Révolution mondiale

Que faire? C’est assez simple, théoriquement. Nous avons besoin d’une révolution mondiale tous azimuts! Car c’est tout notre système de vie planétaire économique, politique, social et moral qui est en cause, qui est en crise.

Mais en ce qui concerne la question «directement» liée au «terrorisme islamiste/islamique»:

1) Que les troupes de l’OTAN dirigées par les militaires étasuniens quittent le «Moyen Orient» qu’elles ont physiquement et officiellement investi depuis 16 ans, causant la création de «l’État islamique» et le présent chaos meurtrier en résultant. Et que le complexe militaro-industriel mondial se transforme en une industrie pacifique, spatiale par exemple, et cesse d’écouler sa marchandise militaire dans la région par centaines de milliards de pétrodollars. Une différente sorte/version de premier ministre canadien pourrait y contribuer.

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2) Que la superpuissance hégémonique anglo-américaine, belliqueuse et mercantiliste, permette au «Moyen Orient» qu’elle redevienne l’«Asie occidentale» traçant ses propres frontières naturelles de paix, et formant sa propre Union d’Asie occidentale à l’image de l’Union européenne. Qu’elle cesse de promulguer l’Islamisme à la Saoudite ou autre. Qu’elle laisse le monde tranquille. Une différente sorte de leadership canadien pourrait y contribuer.

3) Qu’une réforme révolutionnaire de l’Organisation des Nations Unies soit faite pour qu’elle devienne digne de son nom et de sa raison d’être, celle de contribuer à la paix et au développement mondial. Un gouvernement canadien indépendant et pacifiste pourrait en prendre l’initiative.

Argent et armement

4) Que l’on tarisse les sources financières et celles en armement du terrorisme islamique, grâce à cette ONU révolutionnée qui aura son mot à dire. Ainsi, dans ce nouvel ordre mondial pacifique, que l’on déclare le Qatar et les Émirats arabes territoires de l’ONU qui deviendra propriétaire de toutes leurs ressources pétrolières.

5) Ce ne sera qu’une des nombreuses mesures révolutionnaires d’une véritable ONU qui aura les ressources nécessaires pour lutter contre l’empoisonnement croissant de notre environnement planétaire, la pauvreté et les inégalités excessives structurelles.

Car c’est cela notre difficulté essentielle et non point l’Islam. Le renouveau d’un Islam politique militant et meurtrier, depuis les années 70, n’apparaît que comme l’antithèse négatrice du système moderne européen semi-millénaire, système qui a permis un bond inouï d’inventions, d’innovations, d’industrialisation et d’enrichissement à l’humanité, mais qui a été aussi marqué par le colonialisme, l’impérialisme, l’esclavage et les tueries de populations indigènes, qui apparaît aussi de plus en plus immoral, corrompu, pollueur, destructeur, malhonnête, décadent, à bout de souffle, et par conséquent désuet.

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Folklore religieux vs religion universelle

6) Du combat-coopération schizophrénique entre ces deux forces mondiales néfastes et destructrices, entre Islamisme et mercantilisme, devraient surgir ou apparaître, comme synthèse, espérons-le tout en y oeuvrant dans la praxis quotidienne, les prolégomènes et les fondements d’une nouvelle société planétaire munie d’une nouvelle religion universelle raisonnable et compatissante fondée sur la vérité et la science affectueuse: «la société mondiale post-moderne pacifique» où règnera la vérité.

En effet, ce n’est pas en respectant les vieilles sornettes des vieilles religions violentes, intolérantes et illogiques héritées de nos aïeux de tous bords que l’humanité, «la fumanité», s’en sortira. En particulier, ce ne sera pas par le respect de celles des trois «croyances abrahamique» (judaïsme, christianisme et Islam), vieilles sources parmi nos violences les plus atroces et meurtrières qui, malheureusement, dominent encore l’esprit de la société planétaire.

Dès lors, le bourrage de cerveau des enfants dans ces vieilles «religions» folkloriques sera interdit. Car c’est évidemment abuser de l’innocence des enfants que leur forger des idées incongrues.

7) Il nous faut une nouvelle croyance religieuse ayant la femme, l’homme et la nature, notre planète Terre, comme objet de notre dévotion. Une religion universelle que nous portons tous au fond de nous-mêmes, que chacun porte au fond de soi. Désaliénons-nous de notre état d’esprit moderne et économiste en faveur d’un nouvel esprit post-moderne pacifiste. Libérons-nous de la partie oppressive et criminelle du système d’économie purement marchand qui propage cupidité, malhonnêteté, mensonges, violences. Bâtissons ensemble et consolidons un nouveau système de bien-être et de bonheur, de solidarité «fumaine» (femme et homme) et de communion planétaire.

Auteur

  • Shodja Eddin Ziaïan

    «Citoyen du monde, éducateur, militant politique stratégiste de paix et de bonheur sociétal», Shodja Eddin Ziaian a été prof à Téhéran puis, à partir de 1989, à l’université York et à l’université de Toronto (économie, sociologie, relations internatiomnales, études françaises).

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