Le câble transatlantique et la dynamite: des innovations majeures

câble transatlantique
En 1866, le SS Great Eastern est alors le plus grand paquebot du monde. Lancé en 1858, il mesurait 211 mètres de long, 25 mètres de large, 18 mètres de haut et pouvait embarquer 4 000 passagers. On l’avait transformé en câblier pour la pose du premier câble télégraphique valide reliant l’Europe à l’Amérique du Nord.
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Publié 24/05/2016 par Gabriel Racle

L’année 1866 est marquée par deux événements scientifiques dont la portée et les conséquences sont si importantes qu’elles ont subsisté jusqu’à nos jours: l’installation du câble transatlantique et l’invention de la dynamite. Se souvenir de ce qui s’est passé il y a plus de 150 ans est donc rendre justice aux inventeurs et promoteurs de ces innovations.

Au milieu du 19e siècle, les communications outre Atlantique étaient acheminées par bateau et de ce fait elles prenaient plusieurs jours pour traverser l’océan. L’urgence n’était pas de mise.

L’idée d’installer des câbles télégraphiques sous-marins, à l’instar des lignes télégraphiques, en service terrestre depuis les années 1838-1839 était bien dans l’air.

1876: le téléphone

Il faut rappeler, pour concrétiser la situation des communications de l’époque, qu’Alexander Bell et Elisha Gray ont inventé le téléphone en 1876 et que Bell a déposé sa demande de brevet en 1876. La première ligne téléphonique était ouverte en 1880.

On a effectué des essais de câbles sous-marins sur de petites distances. Un problème était causé par l’eau salée qui attaquait l’isolant des fils de cuivre.

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C’est un produit venu des îles de la Sonde, en Insulinde, qui a apporté une solution après des tentatives infructueuses avec d’autres matériaux. Ce produit, la gutta-percha, est une résine qui se conserve mieux dans l’eau que dans l’air.

En 1849, l’allemand Siemens fabrique une machine pouvant enrober facilement des câbles avec cette résine.

En 1852, après l’échec d’une première tentative par câble sous-marin, la liaison Douvres-Calais est un succès. L’étape suivante sera le franchissement de l’Atlantique, ce ne sera pas si facile.

D’Irlande à Terre-Neuve

La première tentative en 1857 est un échec, par manque d’organisation scientifique rigoureuse. C’est lors de la troisième tentative, en 1858, que l’entreprise connaît un premier succès.

Les deux bateaux câbliers, partant l’un d’Irlande et l’autre de Terre-Neuve, se rejoignent au milieu de l’océan et raccordent les câbles. Et le premier message télégraphique passe de Valentia, Irlande, à Heart’s Content, sur la péninsule Baie Verte à Terre-Neuve, le 5 août 1858.

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Mais après trois mois et 732 messages, le câble cessa de fonctionner. Il n’était pas fait pour supporter un courant de haute tension.
En 1865, lors d’une tentative avec un seul navire, le câble se casse.

Finalement, le 25 juillet 1866, 14 jours après avoir quitté Valentia, le SS Great Eastern, paquebot reconverti en câblier, arriva à Heart’s Content. Au retour, il récupère même au fond de l’océan le câble sectionné de 1865, l’exploit de l’impossible.

Retombées importantes du câble transatlantique

«L’installation du câble transatlantique constitue en soi une réalisation technique marquante dans le domaine des télécommunications mondiales au XIXe siècle», indique Parcs Canada.

«Les câbles eurent également des répercussions considérables sur l’information, la navigation maritime, l’activité bancaire, les assurances et le secteur manufacturier ainsi que sur l’administration des colonies, la diplomatie et les communications militaires.»

«Le premier câble transatlantique et ses successeurs jetèrent les bases d’un réseau de communication instantané entre l’Amérique du Nord et l’Europe, réseau encore en évolution de nos jours.»

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La dynamite

C’est également en 1866 que le chimiste suédois Alfred Nobel a mis au point un produit dont, et c’est le cas de le dire, le retentissement s’est fait entendre longtemps au fil des ans: la dynamite.

Ce terme dérive du grec «dunamis», qui signifie «puissance», auquel l’inventeur du mot a ajouté le suffixe suédois «it».

La mise au point de la dynamite, utilisée en grande quantité dans le domaine industriel des mines et de la construction, en particulier, représente une histoire chimique assaisonnée de hasard.

Tout commence en 1847, lorsque le chimiste italien Ascanio Sobrero découvre les propriétés explosives du nitrate de glycérine, qu’il dénomme «piroglicerina» et qui deviendra par la suite nitroglycérine. Il s’agit donc d’un dérivé de l’acide nitrique (HNO3) et de la glycérine ou glycol, liquide visqueux d’abord découvert comme résidu de la fabrication du savon.

Étant donné l’instabilité de son produit, très sensible aux chocs mécaniques et thermiques, Sobrero pense qu’il est inutilisable.

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Mais Immanuel Nobel, ingénieur suédois qui travaille sur les explosifs, a entendu parler de cette substance. En 1859, il décide avec son fils âgé de 26 ans, Alfred, de stabiliser ce produit pour en faire un explosif.

Nobel, dynamite
La médaille à l’effigie d’Alfred Nobel.

Accidents

Cela ne se fait pas sans accident. En 1864, l’usine explose faisant cinq victimes, dont Emil, un des frères d’Alfred.

En 1866, Alfred renverse accidentellement un peu de nitroglycérine qui tombe sur une roche sédimentaire très commune dans un laboratoire à l’époque. Elle n’explose pas. Nobel découvre qu’avec 25% de cet additif, la nitroglycérine peut être utilisée sans danger. Il faut un détonateur pour qu’elle explose.

La nitroglycérine associée à une substance neutre sera mise dans des tubes de carton, protégés par un brevet (1867) et si abondamment utilisés sous le nom de dynamite, qu’ils feront la fortune d’Alfred Nobel. Il décidera «de la consacrer à la création des Prix Nobel afin de récompenser les personnes ayant rendu un grand service à l’humanité».

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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