Les huîtres, un aphrodisiaque? Un mythe délicieux

Les huîtres seraient un repas de choix pour les amoureux qui souhaitent pimenter leur vie sexuelle... Levons le voile sur ce mythe.
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Publié 16/10/2021 par Laurie Noreau

Les huîtres seraient un repas de choix pour les amoureux qui souhaitent pimenter leur vie sexuelle, à ce qu’on dit. Méritent-elles vraiment leur statut d’aliment aphrodisiaque? Levons le voile sur ce mythe.

Depuis la Grèce antique

Les supposées vertus aphrodisiaques de l’huître remontent à la Grèce antique. On raconte alors que la déesse de l’amour, Aphrodite, aurait émergé des océans sur une huître pour venir donner naissance à son fils sur la terre ferme.

Plus récemment, au 18e siècle, le séducteur Giacomo Casanova attribuait son succès auprès de la gent féminine à la cinquantaine d’huîtres qu’il consommait chaque matin. Cette affirmation n’a toutefois pas pu être vérifiée par une source indépendante…

Les huîtres riches en nutriments

300 ans plus tard, les huîtres n’ont rien perdu de leur aura. Mais qu’en dit la science?

Sur le site de l’agence américaine chargée d’approuver aliments et médicaments, on lit qu’un aliment a des vertus aphrodisiaques lorsqu’il augmente la libido et, donc, le désir sexuel. Il aiderait à améliorer la résistance et la puissance sexuelle.

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Certains des nutriments contenus dans les huîtres pourraient expliquer pourquoi, au fil des années, on a attribué ces capacités émoustillantes au mollusque.

Taux élevé de testostérone

Tout d’abord, les huîtres sont un aliment très riche en zinc. Cet oligoélément permettrait de maintenir un niveau plus élevé de testostérone dans le sang. De plus, un apport suffisant en zinc augmente la quantité de spermatozoïdes et les aide à rester plus vigoureux.

Or, à titre comparatif, une portion de 100 grammes d’huîtres contient 74 milligrammes de zinc. Pour la même quantité de bœuf, on en compte seulement 8 milligrammes. De quoi prévenir les carences en zinc.

Par ailleurs, les huîtres possèdent deux types d’acides aminés qui sont plutôt rares dans la nature: l’acide D-aspartique et le N-méthyl-D-aspartate.

Des chercheurs ont observé, en 2009, qu’un supplément d’acide D-aspartique pouvait avoir un effet sur l’hormone LH. Cette dernière stimule la production de testostérone chez l’homme. Chez la femme, elle agit sur la progestérone et provoque l’ovulation.

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Quel effet sur la femme?

Cependant, comme les femmes sont bien souvent exclues de ce genre d’étude, impossible de savoir si l’effet se répercuterait aussi chez elles.

Quoi qu’il en soit, l’étude a conclu qu’une dose quotidienne de 10 ml d’acide D-aspartique augmentait le taux d’hormones sexuelles des sujets masculins. Le taux de testostérone a crû de 40%.

Il y a toutefois un bémol: les hommes recrutés pour cette étude étaient tous en processus de fertilisation in vitro. Cela laisse supposer qu’au moins certains d’entre eux avaient déjà des problèmes de fertilité ou une dysfonction sexuelle.

Pour retrouver un taux normal, pas pour le dépasser

D’autres chercheurs ont tenté de reproduire l’expérience en 2013 chez un groupe de patients «sains». Les résultats ont été plutôt décevants.

Leur conclusion est que ce supplément pourrait fonctionner afin de retrouver un taux de testostérone normal, mais pas pour augmenter un taux déjà conforme à la moyenne.

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Une méta-analyse publiée en 2017, qui regroupait 23 études sur des animaux et 4 sur des humains, arrivait à des résultats mitigés.

On y indiquait que la prise d’acide D-aspartique semblait augmenter la testostérone chez les animaux. Par contre, la méta-analyse ne pouvait conclure pour les humains parce que les études étaient trop peu nombreuses et réalisées avec de trop petits groupes.

Huîtres, libido et plaisir

Il y a un dernier bémol, qui contredit quelque peu Casanova.

Même si on s’entendait pour dire que les nutriments contenus dans les huîtres peuvent servir au maintien des hormones sexuelles, cela ne voudrait pas dire qu’ils ont un quelconque effet sur la libido ou sur le plaisir ressenti lors des relations sexuelles…

Auteur

  • Laurie Noreau

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. la seule agence de presse scientifique au Canada et La seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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