J’ai récemment découvert la romancière Joyce Maynard, auteure de Long week-end (traduction de Labor Day). Je ne savais pas que cette écrivaine de 56 ans avait été surnommée la Françoise Sagan américaine lors de ses débuts fracassants en 1972. Depuis, elle a publié une demi-douzaine de romans et autant d’essais. Mais peu ont été traduits en français.
L’action de Long week-end se déroule en 1987, dans une petite ville du Massachusetts, et met en scène un trio presque irréel. Henry, 13 ans, vit avec sa mère Adele, ex-danseuse qui sort le moins possible de sa triste maison banlieusarde où elle ne sert que des repas surgelés et des soupes Campbell. Le vendredi du long week-end de la fête du Travail, la mère et le fils se rendent au marché Pricemart. Henry s’esquive pour aller fouiner au rayon des magazines, dans l’espoir de feuilleter un Playboy. Il est abordé par Frank, homme costaud dont le pantalon est taché de sang. Celui-ci demande à Henry si sa mère peut le conduire chez elle.
A priori, cette demande éveillerait les soupçons de n’importe quel individu normalement constitué, mais certainement pas d’Adele, laquelle ne voit pas pourquoi Frank ne viendrait pas se faire soigner chez elle, vu qu’il s’est blessé, à ce qu’il raconte, en sautant d’une fenêtre.
Il s’est plutôt défenestré pour se sauver d’un pénitencier où il purgeait une longue peine, suite à une condamnation pour meurtre. C’est ce que nous apprenons au cours du long week-end que le trio Adele-Henry-Frank passe en huis clos assez révélateur.
Frank se montre très attentionné envers ses hôtes. Il est un charmant criminel qui attache Adele avec des écharpes de soie «parce que de la corde pourrait entamer la peau».