Horly Mata et l’architecture moderne: une passion

Vivre – pas seulement survivre – en temps de confinement

Résidence dans la région d'Ottawa. Horly Mata a participé à la conception de ce projet. Photos: Horly Mata, architecte.
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Publié 25/02/2021 par Annik Chalifour

L’architecte Horly Mata a quitté sa ville natale Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), pour s’établir à Toronto en juin 2017.

«Parce que je suis constamment à la recherche de nouveaux défis, hors des sentiers battus, je n’aime pas la facilité», explique-t-il.

Horly Mata, architecte
Horly Mata

Détenteur d’une maîtrise en architecture de l’Institut Supérieur d’architecture et d’urbanisme de Kinshasa, Horly possède quatre ans d’expérience comme architecte en RDC et un peu plus d’un an comme designer architectural auprès de l’entreprise torontoise ERA Architects.

Défis d’adaptation    

Comme pour de nombreux nouveaux arrivants, l’un des principaux défis professionnels d’Horly consiste à transférer ses compétences acquises dans son pays d’origine auprès de notre contexte socio-économique canadien.

«Prioriser la gestion du temps, s’acclimater au Nord (la température influence le dessin architectural), adapter mon expérience…»

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«Par exemple en RDC, nos matériaux de construction diffèrent de ceux qu’on utilise ici. Au Congo, on use de la brique au lieu du bois, compte-tenu de notre température tropicale constante.»

Dessin d’une résidence à Kinshasa.

Il lui faut aussi «penser en anglais», apprendre à travailler au sein d’un milieu anglo-dominant et culturellement diversifié, utiliser toute une gamme de nouveaux logiciels…

Et «cultiver des relations de travail collaboratives avec les clients ontariens qui connaissent et savent ce qu’ils veulent, à l’inverse de la RDC où l’architecte s’impose en maître d’œuvre absolu», témoigne Horly.

«Approfondir mes activités, notamment me spécialiser dans l’architecture résidentielle moderne, alors qu’au Congo je faisais de tout: résidences privées, édifices à bureaux, cliniques médicales. etc.», ajoute l’architecte.

Stratégie personnalisée   

«De nombreux obstacles nous attendent, souvent inattendus, sur le chemin de l’immigration», reconnaît Horly. D’autant plus en temps de pandémie où l’économie roule au ralenti.

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L’isolement forcé, combiné avec le manque d’opportunités d’emplois auxquels les nouveaux immigrants sont actuellement confrontés, est bien sûr «difficile à vivre».

Design de cuisine sur mesure par Horly Mata.

«On doit rester positif. Cela se traduit par se concentrer sur ses objectifs, garder le cap sur sa vision pour soi-même», cite Horly. «Pour moi, cette vision part de ma passion: l’architecture.»

Le jeune homme poursuit ses démarches afin d’obtenir sa licence canadienne en architecture. Il a suivi des cours de construction de matériaux et d’architecture logicielle à l’Université Ryerson. En plus de cours d’anglais.

Outre son profil LinkedIn, Horly a créé son site Internet. Question de lancer son propre marketing. «C’est une stratégie essentielle pour percer au cœur de la métropole canadienne, un milieu fortement concurrentiel, mais également très stimulant», estime Horly.

Penser, regarder, parler

«L’architecture réfère à l’art de vivre. L’architecte propose des styles de vie. Car la configuration des pièces d’une maison et leur éclairage nous donnent de l’énergie, renforcent notre vitalité», selon Horly.

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«Le design architectural est plus qu’un dessin, il touche à tous les angles de notre mode de vie. Cela suppose un exercice préalable de raisonnement et de réflexion. Une communion entre l’imaginaire et la réalité.»

Design de chambre à coucher tendance par l’architecte Horly Mata.

C’est un savant équilibre entre la pensée, le visuel et le dialogue. D’abord réfléchir, puis observer le terrain, ensuite échanger et s’entendre avec ceux qui occuperont le lieu. Toutes les avenues sont possibles.»

Horly Mata, nouvel immigrant manifestement passionné d’architecture, nous offre un vent de courage, d’optimisme et de confiance en l’avenir. Cela fait du bien dans cette longue traversée du désert.

Cet article-témoignage conclut ma mini-série «Vivre – pas seulement survivre – en temps de confinement» en hommage au Mois de l’Histoire des Noirs 2021. Remerciements à Justine Gogoua, Djennie Laguerre, Sabine Soumare, Horly Mata.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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