Homicide point ne seras: justice et apparence de justice

Jean-Pierre Charland, Homicide point ne seras
Jean-Pierre Charland, Homicide point ne seras, Une enquête d’Eugène Dolan, roman, Montréal Éditions Hurtubise, 2022, 354 pages, 27,95 $.
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Publié 17/07/2022 par Paul-François Sylvestre

Je ne sais pas si le prolifique romancier Jean-Pierre Charland prévoit écrire un polar sur chacun des dix commandements de Dieu, mais il coiffe de nouveau une enquête d’Eugène Dolan de l’un d’eux. Après Père et mère tu honoreras (2016), Un seul Dieu tu adoreras (2018) et Impudique point ne seras (2019), voici Homicide point ne seras.

Le commandement au complet est «Homicide point ne seras, de fait ni volontairement». La volonté est une nuance importante dans cette quatrième enquête de Dolan.

L’homicide: un ado poignardé

Nous sommes en 1907, dans un petit hameau des Laurentides, et un adolescent est trouvé poignardé à mort. Charland avoue s’être inspiré du meurtre d’Amédée Carrier le 1er avril 1907 à Saint-Charles-de-Bellechasse. Il n’a retenu que quelques détails, l’ensemble de l’histoire criminelle demeurant fictive.

En quelques années seulement, la famille Couture compte la mort du mari, la mort de deux jeunes garçons, et maintenant la mort d’un ado poignardé.

La victime, Amédée Couture, était «tout le temps en crisse, contre tout le monde». Au moins trois quarts des habitants ne sont pas fâchés d’avoir enterré ce garçon qui s’était rendu insupportable.

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Le détective Eugène Dolan

La Police provinciale néglige le dossier, au point où il devient opportun de dépêcher sur place un détective du Département de police de Montréal. Entre en scène Eugène Dolan.

Le détective a l’habitude de se méfier de l’explication la plus simple. Il lui semble que l’histoire est plus compliquée qu’il n’y paraît.

L’auteur illustre comment le village passe pour une bande de colons arriérés. «Observer la vie des voisins remplaçait le théâtre, dans ces coins perdus.» Tout le monde connaît tout le monde. Tout le monde est parent avec tout le monde. Ils savent cent fois plus de choses que les enquêteurs.

Opinion publique sévère

Charland montre aussi comment l’opinion publique est un juge capricieux, susceptible d’envoyer des innocents antipathiques à la potence. Elle est « un juge très inconstant, peu respectueux du droit, mais implacable ».

Ici, les habituelles déductions de Dolan cèdent la place à ses impressions. Il n’arrive pas à se faire une opinion. Il interroge trois ou quatre fois les mêmes personnes et obtient, chaque fois, une nuance importante. Il y a tellement de zones d’ombre.

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Trop de morts dans une même famille

Le problème, c’est qu’il y a trop de morts dans la maison Couture.

La fatalité semble avoir marqué cette famille. Y aurait-il un lien entre chacune de ces morts? Une personne peut-elle porter une tare héréditaire la prédisposant au meurtre?

Parallèlement à l’enquête, le roman nous fait pénétrer dans la vie privée de Dolan et de son épouse. Le comportement de ce couple charmant m’a parfois semblé plus intéressant que la quête d’un meurtrier ou d’une meurtrière.

Homicide point ne seras demeure non seulement un hymne à la justice, mais également à l’apparence de justice.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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