Hitler: le connaître pour le combattre

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 09/03/2010 par Gabriel Racle

On pourrait croire qu’avec la disparition d’Adolf Hitler, son livre, Mein Kampf (Mon combat) aurait disparu avec lui. On sait qu’entre 1925 et 1945, cet ouvrage a été diffusé en allemand à 12 millions d’exemplaires, en principe en Allemagne, mais des centaines de milliers d’exemplaires ont été traduits et diffusés de par le monde.

Et les déclarations tonitruantes du grand patron de la Formule 1, Bernie Ecclestone, qui ne datent que de quelques mois, par lesquelles il manifeste son admiration pour Adolf Hitler, font se demander s’il a jamais lu Mein Kampf, son livre programme. Elles montreraient à tout le moins que «l’esprit du nazisme» rôde encore dans les parages.

Un livre toujours actuel

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’aujourd’hui encore, ce livre continue de se répandre et, avec lui, ses idées doctrinaires. Dernièrement, ce livre a battu des records de vente en Turquie où 
80 000 exemplaires se sont vendus en quatre mois.

Et, bien entendu, la Turquie n’est pas le seul pays qui participe à la diffusion de cet ouvrage. On peut maintenant le trouver au Japon sous forme de manga, pour en faciliter la lecture. On a estimé qu’en 2008, les ventes de cet ouvrage depuis sa parution en 1925, totalisaient 80 millions d’exemplaires, dont 70 millions depuis la mort du dictateur.

Publicité

Il est donc important de connaître ce livre et son histoire pour en comprendre les chemins tortueux et être mieux à même de combattre les idées qu’il continue de diffuser sournoisement.

Histoire d’un livre

Un journaliste et réalisateur de documentaires, diplômé de sciences pisolitiques, Antoine Vitkine a récemment publié un ouvrage des plus utiles à ce sujet, et dont beaucoup devraient prendre connaissance: Mein Kampf. Histoire d’un livre, Flammarion, 2009, 310 p.

La lecture de cet ouvrage est éclairante, non seulement pour la compréhension de Mein Kampf, mais pour celle de son existence pérenne et de sa continuelle diffusion.

Un chapitre s’intitule: «Mein Kampf, un livre d’avenir». On peut y lire ceci «Mein Kampf est aujourd’hui publié et vendu à travers la planète, que cela soit sous des formes intégrales ou abrégées: Grèce, Chine, Bulgarie, Japon, Croatie, Russie, Nouvelle-Zélande, Corée du Sud, Australie, Italie, Inde, Turquie (où Mein Kampf est roi), Finlande, Indonésie, Colombie, Pays-Bas, Maroc, Danemark, Argentine, Brésil, Espagne sont quelques-uns des pays où l’on trouve Mein Kampf en librairie.»

Publicité

On trouve facilement le livre en version française sur Internet, et dans des librairies du Québec.

Il est certain que ce ne sont pas que des historiens qui l’achètent. Et on pourrait se demander si certaines agitations sociales n’y ont pas trouvé ou n’y trouvent pas leur inspiration. Le texte du premier volume, rédigé par Hitler en prison, condamné pour haute trahison, qui paraît sous le titre Mein Kampf, proposé par un proche de l’auteur, sera suivi d’un deuxième volume publié en 1926, qui traite essentiellement du projet politique d’Hitler. Les deux volumes n’en formeront plus qu’un en 1930, publié sur papier fin, comptant 700 pages, et surnommé bientôt «la bible nazie».

«“J’ai le don de savoir réduire tous les problèmes à l’essentiel”, a déclaré un jour Hitler, livrant là une des clefs de son succès.» (A. Vitkine, p. 33)

L’essentiel

Et l’essentiel vise un large public: antisémitisme, anticommunisme, haine de la France, exaltation de l’armée, égalitarisme social, avec «un ultranationalisme teinté de romantisme visant la suprématie de l’Allemagne, un scientisme dévoyé issu du néodarwinisme – pour qui la vie est un combat où seuls les plus forts survivent – et les théories du français Gobineau – selon lesßquelles les races ne sont pas égales et luttent pour dominer le monde». (p. 38)

Publicité

Une fois Hitler au pouvoir, la propagande nazie fait la promotion du livre: «Mein Kampf est la pierre fondatrice de la construction allemande, pour toujours le livre de vie du peuple allemand.» C’est le «Livre du IIIe Reich».

En 1939, paraît en France Hitler m’a dit, une réactualisation de Mein Kampf, à l’intention des Français. Dans la préface, l’ancien dirigeant nazi Rauschning, son auteur, écrit: «Si cet homme triomphe, il n’y aura pas que les frontières de changées. En même temps disparaîtra tout ce qui, pour l’homme, avait un sens ou une valeur.»

Leçons

«Les sept leçons de Mein Kampf», titre en conclusion A. Vitkine. En voici des exemples. «La destinée de ce livre appelle à accorder de l’attention aux projets politiques et violents, et à ne jamais les sous-estimer… Le monde libre a été la première victime des idées nazies. Mein Kampf nous concerne tous… Ce livre, qui aujourd’hui encore fait figure de modèle aux yeux de certains contient son propre antidote. Il s’agit de ne jamais l’oublier.» (p. 289-292)

On ne combat que ce que l’on connaît et, à cet égard, le livre d’Antoine Vitkine est une arme utile dont il faut se munir.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur