Le pédopsychiatre Stéphane Clerget est un chercheur, clinicien et historien de la sexualité, qui a publié plusieurs ouvrages pour le grand public. Il vient de signer Comment devient-on homo ou hétéro?, un livre qui repose sur une recherche très minutieuse et qui répond à peu près à toutes les questions qu’une personne peut se poser au sujet de l’homosexualité.
L’auteur aborde son sujet sous divers angles: fausses certitudes vs vraies croyances du temps, neurobiologie qui parle de sexe, libido de l’enfant, l’adolescence comme heure de choix, l’homophobie, etc. Je me limiterai, ici, à résumer le portrait historique des relations homosexuelles, tel que tracé par le docteur Clerget.
Il commence avec l’Antiquité gréco-romaine et affirme que l’homosexualité masculine va de pair avec la virilité. Les jeunes, devenus hommes, ne tournent pas naturellement leur pensée vers le mariage et la procréation, mais ils y sont forcés par la loi.
Dans l’Empire romain les relations entre hommes sont acceptées socialement. De César à Hadrien, les empereurs donnent l’exemple. Ce n’est pas l’orientation sexuelle ou le sexe du partenaire qui pose problème; c’est plutôt la -différenciation hiérarchique entre ceux qui prennent du plaisir virilement et ceux qui en donnent servilement.
L’apparition de la religion juive annonce un premier interdit face à l’homosexualité, tout simplement parce qu’il y a une «nécessité sociale pour les tribus peu peuplées d’Israël de croître pour survivre». La religion juive n’accepte pas qu’«un homme couche avec un autre homme comme on couche avec une femme». Elle est la première à condamner une relation librement consentie (et non un viol comme dans les civilisations grecque, romaine ou égyptienne).