Histoire et gastronomie madeliniennes

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Publié 19/07/2011 par Paul-François Sylvestre

«L’été, le Madelinot fait la pêche et l’amour; l’hiver, il ne pêche pas.» Petite blague de mon guide aux Îles de la Madeleine. Le voyage a commencé à Montréal, à bord du Vacancier, bateau de croisière de la Coopérative du transport maritime et aérien (Groupe CTMA). J’ai voyagé en compagnie de Jacques Cartier et j’ai découvert plusieurs «saveurs des îles».

Avant de se rendre à Gaspé, en 1534, Cartier s’était arrêté aux îles, mais c’est François Doublet, un marchand d’Honfleur, qui donne aux îles leur nom en 1663, en l’honneur de son épouse Madeleine Fontaine.

L’archipel a 90 km de long et offre 300 km de plages aux touristes qui s’y rendent à 80 % par bateau.

La population, surtout d’origine acadienne, oscille entre 12 500 et 13 500. Il y a aussi des gens de souche irlandaise et écossaise, dont les ancêtres ont été victimes de naufrages.

Pour qui a fait une croisière dans les Antilles ou les Caraïbes, le Vacancier est un bateau on ne peut plus modeste. Il peut transporter jusqu’à 450 passagers (220 cabines). Les chambres ressemblent presque à des cellules de moines: pas de télévision, pas de fauteuil, pas de garde-robe ou commode.

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La salle de bain est tellement compacte que la toilette est installée dans la douche! En revanche, les repas servis sont des plus succulents.

Cardinal des mers

Le chef Jean-Paul Grappe a servi un amuse-bouche de hareng du Fumoir d’Antan, une terrine de lentilles au homard, une bisque du cardinal de mers, une caille farcie et nappée d’une sauce Pied-de-Vent et une gourmandise au sirop d’érable. Vous aurez deviné que «cardinal des mers» est synonyme de homard. Quant au Pied-de-Vent, il s’agit d’un fromage local très prisé.

J’ai fait le voyage entre le 24 juin et le 1er juillet, sous le thème «Sur les traces de Jacques Cartier». Le Groupe CTMA avait invité deux historiens – Maxime Arseneau et Jacques Lacoursière – à nous guider dans notre découverte des îles. Selon Lacoursière, les trois voyages de Cartier en Nouvelle-France furent tous un échec sur le plan de la colonisation.

L’historien a bien noté que Cartier n’a pas découvert le Canada en 1534, comme nous l’ont appris nos manuels d’histoire.

D’autres explorateurs l’ont précédé. Mais on lui accorde le titre de «découvreur» car il est le premier à avoir pris possession du pays au nom d’un roi.

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J’ai appris que les Îles de la Madeleine ont d’abord fait partie de Terre-Neuve, jusqu’à l’Acte de Québec (1774). Autre fait peu connu, les Madelinots catholiques se rapportaient à l’évêque de Charlottetown jusqu’en 1946, année où ils furent confiés au diocèse de Gaspé.

Si vous vous rendez aux Îles de la Madeleine à bord du Vacancier, je vous recommande de prendre le forfait «saveurs des îles» et j’espère que vous aurez Damien Déraspe comme guide. Il connaît tous les coins de l’archipel et sait nous amener dans des endroits aussi divers que la brasserie À l’abri de la tempête, la fromagerie Pied-de-Vent, le Centre d’interprétation du phoque et la Table des Roy.

La Table des Roy est le restaurant cinq fourchettes des îles. Sur le menu, le mot phoque devient loup marin. Au cours de mon voyage, j’ai goûté à un bourguignon au loup marin et à un amuse-gueule au boudin de loup marin. Texture semblable au bœuf, mais goût plus corsé.

Mon meilleur plat a été «Ris de veau en fin ragoût avec pétoncles, homard, champignons, cippolini et ravioli de homard».

Bagosse

Damien nous a offert une dégustation de bagosse. Il s’agit d’un vin de fruits qui a toujours fait partie des mœurs des Madelinots. À cause de l’isolement, la bagosse fut longtemps la seule boisson alcoolique consommée dans les îles.

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Nous avons goûté à deux recettes: fraises et framboises, canneberges et pissenlit. J’ai surtout retenu la leçon qui accompagne cette boisson: Celui qui boit de la bagosse… se saoule. Celui qui se saoule… dort. Celui qui dort… ne fait pas de péché. Celui qui ne fait pas de péché… va au ciel. Alors, si tu veux aller au ciel… bois de la bagosse.

Selon notre guide, l’heure de pointe aux îles se situe entre 17h et 17h 05. Les feux de circulation sont très rares et ce n’est qu’en 1988 que l’adresse civique a fait son apparition. Avant cela, on disait «chez Elzéar à Pierre à Amédée, maison rouge».

Les maisons colorent le paysage des îles. Elles peuvent être bleu royal, rouge homard, jaune moutarde, vert menthe ou orange citrouille.

Toujours selon notre guide Damien, il n’y avait pas d’agents immobiliers aux Îles de la Madeleine avant 1990.

Maintenant, des retraités choisissent de passer leurs étés à Cap-aux-Meules, Havre-Aubert, L’Étang-du-Nord ou Havre-aux-Maisons, où certaines maisons se vendent plus de 500 000 $.

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La seule ombre au tableau demeure l’érosion des îles. Lentement mais sûrement, la mer sculpte les falaises de grès rouge. On estime qu’elle gruge en moyenne deux pieds par année.

Le Groupe CTMA avait aussi invité l’ornithologue Serge Beaudette à animer quelques sessions d’information à bord du Vacancier. Ce jeune spécialiste est un vrai pédagogue et un animateur hors paire.

Il nous a entretenus de certains rites de séduction, la vie monogame ou polygame des oiseaux et de leur remarquable intelligence. Pour en savoir plus, visitez le site www.pitpitpit.com.

Je vous recommande une croisière aux Îles de la Madeleine. Le Groupe CTMA offre un départ tous les vendredis, depuis Montréal, et ce jusqu’au 16 septembre. Renseignements: www.ctma.ca ou 1-888-986-3278.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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