Haïti: la saga de l’aide à la sécurité

Compromis diplomatique ou incompétence opérationnelle?

Haïti
Réunion du Groupe des ministres des Affaires étrangères Canada-CARICOM 2023 tenue ce 22 juin à Washington en marge de l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA) 2023. Photo: CARICOM.
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Publié 26/06/2023 par Annik Chalifour

Jeudi 15 juin, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, tient une réunion ministérielle avec des partenaires clés pour discuter de la situation sécuritaire en Haïti.

La ministre y annonce que le Canada établira une cellule de coordination conjointe de la sécurité en République dominicaine dirigée par le Canada, visant à améliorer la mobilisation des efforts internationaux en matière d’aide à la sécurité en Haïti.

À la suite de cette annonce, le gouvernement dominicain confirme ne pas avoir discuté, convenu ni accordé une quelconque autorisation pour l’installation sur son territoire d’un bureau de coordination de soutien à la Police nationale d’Haïti, selon le ministre des Affaires étrangères de la RD, Roberto Alvarez.

Vendredi 16 juin, on peut lire dans Le Devoir que «la République dominicaine n’aurait jamais autorisé le Canada à y implanter un bureau afin de coordonner l’aide en réponse à la crise haïtienne.»

Entre compromis diplomatique et incompétence opérationnelle

Samedi 17 juin, Le Facteur Haïti publie que «pour des raisons historiques, la République dominicaine (RD) ne peut participer à aucune initiative qui l’engage à mener des actions directes en Haïti», selon le porte-parole de la présidence de la RD, directeur de la stratégie et de la communication du gouvernement dominicain, Homero Figueroa.

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«Nous continuerons à plaider pour la participation de la communauté internationale à une solution définitive en faveur du pays voisin», a -t-il déclaré.

Mercredi 21 juin, Affaires mondiales Canada répare son erreur invraisemblable, émettant un communiqué conjoint avec la République dominicaine à l’effet que le Canada et la RD s’engagent à continuer à travailler ensemble et avec la communauté internationale pour soutenir une solution à long terme à la crise en Haïti. Notamment par une présence accrue dans les ambassades du Canada à Port-au-Prince et à Saint-Domingue, et ailleurs si nécessaire.

Aucun plan d’intervention d’urgence

Jeudi 22 juin, Mélanie Joly et la ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur de la Jamaïque et présidente du Conseil des relations étrangères et communautaires de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Kamina Johnson Smith, ont présidé la réunion du Groupe des ministres des Affaires étrangères Canada-CARICOM 2023 tenue à Washington en marge de l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA) 2023.

Les ministres ont convenu, entre autres, de s’attaquer à la crise sans précédent qui sévit en Haïti; ils ont souligné la nécessité de ne pas perdre de vue les répercussions quotidiennes de la crise sur l’ensemble de la population haïtienne.

Kidnappings, violence, détresse économique, famine, épidémie de choléra, désastres naturels, migration massive. Pourtant aucun plan international d’intervention d’urgence à l’horizon…

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Encore combien de réunions internationales faudra-t-il?

On se doit d’être plus progressif dans notre gestion de la situation d’urgence avec et pour Haïti.

Services de médiation

Depuis plusieurs décennies le Canada se targue d’entretenir une relation d’amitié avec Haïti, tout en prétendant posséder les compétences à la négociation…

Néanmoins, les sanctions du Canada envers les élites haïtiennes corrompues, l’envoi de matériels à la Police nationale d’Haïti, les patrouilles de surveillance en mer et dans le ciel ne suffisent pas. Sans compter la récente bévue de Mme Joly…

Qu’en est-il de la mise en place d’une cellule de gestion de crise avec et pour Haïti, en Haïti?

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Pourquoi le Canada ne consulte-il-pas les experts apolitiques en gestion de situation d’urgence dans un contexte de conflit armé interne afin de mettre en œuvre un plan opérationnel d’intervention d’urgence en partenariat avec Haïti?

Depuis 2021, le Canada a octroyé plus de 150 millions $ pour aider Haïti… Clairement l’argent ne règle pas tout…

Le devoir de la communauté internationale

Par ailleurs, puisque le gouvernement intérimaire haïtien s’avère incapable de gérer la crise, il revient à la communauté internationale de veiller au respect des accords visant la protection des droits humains de la population haïtienne, tel que le Protocole II aux Conventions de Genève protégeant les droits des victimes en temps de conflit armé non international, dont Haïti est signataire.

«La pression commune de gouvernements étrangers et d’institutions internationales est en mesure d’enrayer un conflit que personne ne maîtrise plus», selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans sa revue internationale (conflit en Colombie 1998).

Réitérons que le CICR peut intervenir à titre d’intermédiaire neutre et fiable à des problèmes humanitaires dans le cadre d’une situation de conflit armé interne.

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