Haïda: vie, âme et art

Le Musée canadien des civilisations ajoute «l’oeuvre exceptionnelle» à sa collection

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Publié 20/12/2010 par Gabriel Racle

C’est sous cette élogieuse dénomination que le Musée canadien des civilisations a présenté une œuvre d’art qui s’ajoute désormais à ses collections permanentes. Et exceptionnel, ce trésor artistique l’est bien, tant par son histoire que par son originalité et ses dimensions.

Une œuvre impressionnante

Il s’agit d’une huile sur toile, selon les explications que m’a données son réalisateur, l’artiste montréalais Umberto Bruni, mesurant plus de 15 m de haut et dans les quatre mètres de large, pour une surface totale de 65 m2, illustrant la croissance du Canada.

C’est l’entreprise Holcim (Canada) Inc., anciennement Ciment St-Laurent, qui a fait don de cette pièce unique au musée. Elle était suspendue dans l’entrée principale d’un édifice montréalais appartenant à Holcim Canada, derrière un escalier.

Les employés de cette entreprise qui, dans le cadre d’une réorganisation interne, venait de vendre cet édifice, ont encouragé leur employeur à en faire don au Musée des civilisations. Grâce à un généreux don en argent de la part de Holcim Canada pour couvrir les frais de conservation, la peinture a pu être restaurée.

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Origine

À l’origine de cette œuvre se trouve un émigré danois, Thor Hansen, spécialiste de l’art textile et promoteur des arts. Il avait l’idée d’incorporer l’artisanat canadien à l’architecture moderne, appuyé dans cette conception par la British American Oil Company, ayant son siège social à Montréal, dont il fut le directeur artistique de 1948 à 1968.

Il s’intéressait en particulier à la faune, à la flore et à des événements canadiens qui pourraient se représenter d’une manière abstraite et géométrique.

Il a donc conçu les cartons de cette œuvre qu’en 1957, Umberto Bruni a traduite en peinture. On lui avait proposé, m’a-t-il dit, d’en faire une murale peinte directement sur le mur, ce qui techniquement aurait donné une fresque. Il a heureusement refusé, sans cela il ne resterait rien de son travail, qu’il a contemplé pour la première fois dans son ensemble lors de la présentation au musée.

Style

Umberto Bruni a beaucoup contribué à une réalisation magnifique des idées de T. Hanson, par son expérience du travail du vitrail. C’est une caractéristique très visible de cette œuvre qui parcourt toutes les provinces du Canada en les illustrant par une juxtaposition d’illustrations typiques. C’est, si l’on veut, de l’art figuratif abstrait.

On peut retrouver quelque 42 éléments différents, enracinés à la base (pin, bouleau, peuplier, chêne) et tout en haut, le survol des Fous de Bassan au-dessus du rocher percé.

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Il faut surtout s’imprégner d’abord d’une vue d’ensemble, et la Salle du midi dans laquelle cette toile est exposée s’y prête bien. Avec ses grandes dimensions, elle donne le recul suffisant et nécessaire pour apprécier la toile de 15 m qui se déploie au fond de celle-ci.

Et à l’entrée, on entend toujours le «Oh!» des arrivants très étonnés. Une surprise à ne pas manquer.

L’art Haïda

Les visiteurs pourront aussi découvrir l’art et la culture des Haïdas, en parcourant une petite exposition qui leur est consacrée. Depuis des siècles, les Haïdas vivent dans Haïda Gwaii (les îles de la Reine-Charlotte), un archipel isolé au large de la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord.

Lorsque les premiers Européens débarquèrent sur les rivages de Haïda Gwaii en 1774, les Haïdas avaient élaboré, pour représenter leurs mythes, leurs lignages et leur histoire, un style de sculpture et de peinture distinctif et puissant. Art, mythes et cérémonies étaient étroitement imbriqués et faisaient partie intégrante de leur vie.

L’extraordinaire complexité de la culture dynamique des Haïdas fait l’objet d’une exposition spéciale présentée jusqu’au 23 janvier 2011.

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Cette exposition, Haïda : vie, âme et art, présente plus de 80 objets de la remarquable collection haïda du Musée McCord de Montréal. La plupart des objets ont été recueillis en 1878, lors d’une expédition à Haïda Gwaii faite par George Mercer Dawson, géologue en chef de la Commission géologique du Canada.

Cette exposition est l’occasion de découvrir un art ancien et moderne, qui s’exprime avec un langage très particulier, auquel il est possible de s’initier grâce aux tableaux explicatifs qui parsèment l’exposition.

On peut ainsi découvrir des représentations très réalistes, mais aussi très abstraites, qu’il est intéressant de déchiffrer pour s’initier à un art très diversifié, qui traduit une riche culture artistique qui joue avec les formes, les signes, l’abstraction d’une manière très originale.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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