Greenwood: des parents en colère contre Viamonde

PESQ propose quatre autres sites pour l'école secondaire de Toronto-Est

PESQ
Michelle Miller-Guillot, Lianne Doucet, Melody Johnson et Pascale Thibodeau
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Publié 26/04/2018 par Chloé Berry

La colère des parents monte dans l’Est de Toronto. «Nous allons continuer la lutte jusqu’à l’équivalence… et on ne veut pas d’une équivalence à 80%», lance Lianne Doucet, une des membres dirigeantes de la PESQ (la coalition de Parents pour une École Secondaire de Quartier).

Le Conseil scolaire Viamonde a proposé en novembre dernier un projet de rénovation de l’école Greenwood (au Sud-Est de Greenwood et Danforth) de 16 millions $. Ce site serait la 4e école secondaire du conseil scolaire dans la métropole et devrait abriter 500 élèves du secondaire d’ici 3 ans.

Cependant, les membres de PESQ considèrent depuis le début que Greenwood serait une «prison» et ne serait pas une école «équivalente» comparée aux écoles anglophones voisines.

Proposition de quatre sites alternatifs, menace de poursuites en justice contre le gouvernement provincial, la coalition de parents construit son dossier.

C’est à une réunion houleuse à laquelle nous avons assisté le soir du 24 avril au East York Civic Centre. La salle était remplie de parents inquiets venus s’informer et confronter Claire Francoeur, la directrice des communications de Viamonde, venue au départ pour prendre quelques notes.

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parents
Une cinquantaine de parents inquiets du futur de leurs enfants se sont déplacés

Pour une école «équivalente»

PESQ n’en démord pas: ils n’arrêteront pas le combat tant que Viamonde ne leur proposera pas une école secondaire «équivalente» aux écoles anglophones voisines. «Vous allez beaucoup entendre parler d’équivalence», lance Lianne Doucet à Claire Francoeur.

«On va continuer à dire au revoir à des enfants francophones qui préfèrent aller dans une école anglophone parce qu’elle a une piscine et des espaces verts», remarque Heidi Pospisil, une autre dirigeante de la coalition PESQ, qui remarque une fuite d’enfants vers le système éducatif anglophone après la 6e année.

Lianne Doucet
Lianne Doucet ne compte pas lâcher: la PESQ veut une école «équivalente»

Quatre sites

La rénovation de Greenwood telle que la souhaite Viamonde ne suffit pas aux parents. Pas prêt de se laisser abattre, la coalition PESQ a soumis au conseil scolaire quatre solutions jugées plus pertinentes il y a quelques jours. Le détail des propositions est à retrouver ici.

Le site de Woodbine (sur Coxwell) est le plus commode. Il faudrait voir avec la ville pour modifier le zonage. Si la volonté politique y est, Viamonde pourrait racheter au propriétaire privé une partie du stationnement et procéder à des expropriations pour l’assainir.

Le Stan Wadlow Park (Woodbine et Cosburn) est également envisagé. La PESQ suggère de construire l’école sur la colline du parc. Cette option semble néanmoins la moins probable.

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Le garage de la Commission des transports de Toronto (Sud-Est des avenues Cowell et Danforth) a certes l’avantage d’être proche du métro, mais il resterait la propriété de la ville. Si l’école offre des installations comparables aux écoles anglophones du quartier, ça ne serait cependant pas un problème.

La coalition PESQ est optimiste: ses dirigeants pensent que la construction d’une nouvelle école pourrait tenir les mêmes délais – 3 ans – que le projet de rénovation de Viamonde.

La 4e option – la plus réaliste considérant les démarches et les budgets déjà engagés par le conseil scolaire et le ministère — serait une amélioration du projet de rénovation de l’école Greenwood. S’il y a un accès à la pelouse durant la journée, une promenade piétonne, si Viamonde construit un auditorium à siège fixe et une cafétéria avec des fenêtres, la PESQ pourra céder.

4 sites
Les quatre sites proposés par la coalition de parents.

Poursuite

Pour défendre le droit constitutionnel des francophones à une école équivalente, la PESQ est prête à aller en justice.

Un avis de requête a été déposé en juin 2017. La coalition prépare actuellement ses preuves pour un dépôt dans les prochaines semaines s’il n’y a pas confirmation d’une école équivalente à l’horizon du côté de Viamonde.

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C’est avec le ministère de l’Éducation l’Ontario, et non pas avec Viamonde, que la coalition de parents souhaite en découdre. Comme le rappelle Nicolas Rouleau, l’avocat de la PESQ, «la province a l’obligation de fournir une école équivalente».

C’est bien la volonté politique qui pourrait impulser un vrai tournant dans le dossier Greenwood. Le député libéral de la circonscription Beaches-East York, Arthur Potts, qui était présent à la réunion, s’engage à regarder le dossier de plus près une fois les élections passées.

Arthur Potts
Le député Arthur Potts était présent pour entendre les préoccupations des francophones de sa circonscription.

Viamonde dans la tourmente

«La communication de Viamonde est semblable à celle de Facebook, nous n’avons que les bonnes nouvelles», déplore Pascale Thibodeau. Selon lui, Viamonde a agi sans consultation de la communauté au préalable et cela n’a pas été apprécié.

Face à ces critiques, Claire Francoeur était seule contre tous. «La décision a été prise de vous répondre par lettres, je ne peux pas aller plus loin», tente de convaincre la directrice des communications.

Dans cette lettre, Viamonde explique que les quatre sites proposés par la PESQ sont «inadéquats». Ce constat ne suffit pas à la coalition de parents, qui demande plus d’explications.

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Claire Francoeur affirme que Viamonde a cherché au préalable d’autres solutions: «nous avons parlé avec TDSB, on peut faire du lobby et mettre la pression, on a même visité d’autres sites, mais on ne peut pas forcer le TDSB à vendre une propriété».

Claire Francoeur
Claire Francoeur se justifie devant des parents amers.

PESQ veut rencontrer Viamonde

Lianne Doucet interpelle la conseillère scolaire du secteur, Chloé Robert, pour demander une rencontre officielle entre la PESQ et Viamonde. C’est avec une pétition à cet effet signée par plus de 30 parents présents dans l’assistance que repart l’élue de Viamonde.

Les enjeux de politique locale sont importants, et l’éducation est le 2e plus gros budget provincial après la santé. Cependant, certains parents ne manquent pas de rappeler que derrière ce conflit, il y a le futur des enfants et celui de la francophonie.

«Dans un milieu minoritaire, nos enfants ne parleront plus le français et ne le comprendront plus s’ils ne poursuivent pas leur scolarité en français» déplore Chantal, une mère d’élève.

Chloe Robert
La pétition remise à Chloé Robert revendique une rencontre entre Viamonde et la coalition PESQ.

Auteur

  • Chloé Berry

    Journaliste à l-express.ca. Formée en sciences politiques et au journalisme en France. Adepte des questions de société et férue d'histoire.

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