Grandiose, le Rwanda se goûte avec gourmandise

Glorieux, génial, généreux… Autant d’adjectifs qui me viennent à l’esprit tandis que je découvre le Rwanda, petit pays de l’Afrique des Grands Lacs.

C’est la gentillesse extraordinaire des gens qui me cueille à mon arrivée et que j’observerai tout au long de mon voyage qui me frappe en premier.

Sourires, gestes tendres d’un parent envers son enfant.

Compassion et mobilisation de la population face à un accident de la route.

Disponibilité pour aider l’étranger égaré à trouver sa route.

Implication dans la formation et le soutien apportés aux femmes à travers de nombreuses associations pour leur permettre de travailler et que j’aurai l’occasion de découvrir…

Bière à la banane

Le Rwanda m’apparaît comme un pays empathique et prévenant. Accueillie dans une communauté à bras ouverts, j’ai partagé danses et traditions, et j’ai appris à faire de la bière à la banane.

Dans une plantation de café, j’écouterai les histoires du propriétaire et découvrirai un savoir-faire qui se transmet de génération en génération.

Ici, un guide me partagera son savoir, là un chauffeur m’offrira une paire de sandales, une femme, une photo d’elle et de sa famille, une autre un bracelet en perles et des histoires de son vécu.

Traumatisme

Je trouve d’autant plus remarquable cet élan, cette confiance en l’autre, que les Rwandais restent traumatisés par le génocide de 1994 qui a décimé en trois mois et demi un million de personnes – majoritairement des Tutsis, mais aussi des Hutus modérés.

Le génocide est encore présent dans les mémoires, bien que peu ou pas de Rwandais abordent le sujet.

À Kigali, la capitale du pays, dans le quartier de Gisozi, le Mémorial du Génocide explique en détails, photos, affiches et témoignages à l’appui le déroulé de cette tragédie. À l’extérieur, la cour est un lieu de recueillement. Sous la dalle, les restes de 250 000 personnes y ont été inhumés.

Installé dans le Bâtiment du Parlement du Rwanda (Ancien Conseil National du Développement), le Musée de la Campagne Contre le Génocide expose la stratégie militaire planifiée et appliquée pour mettre fin au massacre.

Certains des murs portent encore les impacts de balles et depuis le toit on peut contempler à 360 degrés la capitale qui fut mise à feu et à sang durant cette terrible période.

Nouveaux quartiers

Le gouvernement réagit contre la «victimisation» de son pays et déploie de nombreux efforts pour hisser le Rwanda au rang des pays attirants et sécuritaires d’Afrique.

Les squats et baraquements de la capitale sont rasés et les habitants relogés dans des habitations décentes. Les quartiers observent des transformations avec la création de zones piétonnes (comme Imbuga City Walk où j’ai pu déambuler et faire quelques emplettes) pour que les Rwandais puissent se réunir et profiter tranquillement de leur ville sans risquer d’être victimes de la circulation folle.

Les marécages sont réaménagés en espaces verts et projets de conservation pour que les citadins profitent d’une aire récréative agréable, au milieu de plantes et d’oiseaux, à l’écart du bruit et de la fureur.

Kigali

Grouillante, la capitale l’est. Les taxis motos prennent les routes d’assaut et jouent au coude à coude avec les véhicules pour avancer. Les hôtels fleurissent, les manifestations culturelles et sportives prolifèrent.

Les restaurants et les bars ne désemplissent pas et les marchés d’artisanat, de fruits, de viande et de légumes sont des lieux hautement fréquentés par les locaux et les touristes. Kigali est vibrante et offre un contraste saisissant avec les villages environnants et la nature.

Grands sont les champs de culture et de plantation de thé qui séparent la ville des montagnes où je me dirige. Car celles-ci abritent les gorilles à dos argentés, une des attractions-phare du Rwanda. Cet animal emblématique du pays vit dans le massif de Virunga qui traverse le Rwanda, l’Ouganda et la République Démocratique du Congo.

Face aux gorilles

J’aurai plaisir à m’aventurer dans le Parc National des Volcans, sur un des versants de ces montagnes, avec pisteurs et guide, au cœur de la jungle pendant une demi-journée pour trouver une famille de gorilles.

Lorsqu’enfin, je me trouve subitement à seulement quelques mètres d’eux, je suis subjuguée.

Un spécimen gigantesque me contemple au milieu des feuilles. Les yeux dans les yeux, nous nous observons silencieusement, curieux, de ce que nous découvrons. Je ne sais ce que le grand mâle à la musculature impressionnante pense du bipède qui se tient face à lui, mais moi, je suis sous le charme de sa prestance, de son calme et de sa force.

Impassible, il continue à ronger son bambou. Les bébés se poursuivent et me frôlent. Mon guide me pousse doucement, mais fermement de côté pour laisser passer une mère, son bébé accroché à son sein.

Pendant près d’une heure, j’aurais le loisir d’étudier en silence cette dizaine de gorilles dans leur environnement naturel. Leurs mimiques et comportements me fascinent et tout ce que je peux observer et apprécier d’eux complète ma visite au campus Ellen Degeneres dédié à la fondation Dian Fossey (anthropologue américaine qui a dédié sa vie aux grands primates au Rwanda).

Faune en danger

La gestion du Parc National des Volcans, comme celui d’Akagera dans les plaines, à la frontière tanzanienne, où j’ai pu observer lions, gazelles, éléphants, zèbres, rhinocéros, girafes et de nombreux oiseaux, est une des priorités du gouvernement.

En effet, la faune est menacée par l’homme (braconnage, extension des champs de culture qui réduisent l’habitat des animaux sauvages, abattage des lions ou singes venant se nourrir dans les champs et troupeaux…) et la maladie.

Des brigades ultra-formées surveillent, recensent, gardent, soignent, défendent les animaux et informent les visiteurs. Un masque est obligatoire lorsqu’on approche les singes. Les groupes sont minimes et les visites rares et chères (permis de 1 500 $ pour une demi-journée avec les gorilles).

À Akagera, les voitures touristiques sont balisées et contrôlées. Le parc est clôturé et les patrouilles à terre et dans les airs, nombreuses. Les communautés travaillant à proximité des parcs sont subventionnées et sensibilisées afin de préserver le fragile équilibre homme-animal, besoins existentiels et investissements dans le tourisme.

Sur le lac Kivu

Plus tard, glissant sur la surface plane des eaux du lac Kivu, je me laisse guider par les chants des pêcheurs et je prends le temps de graver dans mes yeux et dans mon cœur la beauté des gens, des lieux et de la lumière.

Je me dis que le Rwanda est le grand gagnant de cette volonté de sortir d’un cauchemar pour présenter au monde sa grande richesse et son incroyable patrimoine. Un pays fascinant à découvrir absolument.