«À l’âge ridicule qui est le mien, j’ai tout le loisir de retourner à mon passé», écrit Gilles Archambault dans Sourire en coin ou les ruses de l’autodérision. «Pour en ressentir, selon les jours, de la frayeur ou de l’apaisement.» L’auteur le fait sans mensonge, sans illusion.
Auteur de dix-huit romans, dix recueils de nouvelles, cinq chroniques et quatre récits, Archambault, 86 ans et veuf depuis bientôt neuf ans, dresse un bilan de sa vie dans son tout dernier récit. L’ouvrage renferme trente et un courts chapitres, le plus souvent d’à peine trois pages.
Se regarder aller
Vivre à moitié n’a jamais intéressé Archambault. Vivre dans le doute et l’autodérision est pour lui «une troublante mais indispensable oasis». Il avoue aimer parler de lui, d’une manière aussi loin que possible de l’autosatisfaction béate.
Il s’agit, à l’instar du Français Henri Calet, «de se regarder aller avec une sympathie dénuée de complaisance».
Plus Archambault a avancé dans sa carrière d’écrivain, plus il s’est éloigné de la fiction romanesque. Il ne s’est pas intéressé à raconter des faits mais plutôt à dire comment il les recevait. L’écrivain s’est aussi construit «une réputation d’hurluberlu un peu triste, complètement à l’écart des modes».
Autodérision
Il avoue sans ambages que parler de soi sans tricher n’est pas une solution de facilité. L’autodérision demeure pour lui une occasion de liberté: «J’avais toujours mes préjugés, mais l’ironie me permettait de les exploiter sans trop de lourdeur.»