Pour un semblant d’amour, pour de l’argent vite envolé, par goût du risque ou de l’aventure, mais aussi sous la menace, de nombreuses jeunes filles se retrouvent entraînées dans la prostitution sous l’influence de gangs de rue. L’implication des gangs de rue dans la prostitution juvénile est un sujet sur lequel se sont penchés Michel Dorais et Patrice Corriveau. Les résultats de leur recherche ont fait l’objet d’un petit livre intitulé Jeunes filles sous influence: prostitution juvénile et gangs de rue.
Les deux chercheurs décrivent d’abord l’organisation des gangs de rue à partir de trois cercles concentriques. Au centre figure le noyau dur qui regroupe les leaders (10 à 15% des membres d’un gang); ce sont les plus violents et les plus criminalisés.
Suivent les membres associés qui forment le noyau mou ou élargi et qui représentent environ 35% d’un gang; ils sont généralement moins criminalisés, mais peuvent venir à la rescousse de leurs leaders au besoin.
Enfin, les membres périphériques et les jeunes aspirants constituent le dernier groupe (environ 50% d’un gang); ce sont des sympathisants attirés par le gang en raison du statut qu’il procure.
Les auteurs précisent que «le gang génère un ordre nouveau, sécurisant, pour ses membres, du moins dans un premier temps». Il y a évidemment la possibilité de se faire prendre, d’être arrêté et condamné ou d’être victime d’un gang concurrent, mais tout cela est presque toujours minimisé. «Ce n’est jamais à ses revers de fortune que songe le jeune qui adhère à un gang. Pour lui, le gang, c’est la vie rêvée. Par ici l’argent et les jolies filles!»