Fumera, fumera pas?

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Publié 04/08/2009 par Agence Science-Presse

Les raisons sociales pour lesquelles on devient accroc aux bâtonnets sont aussi variées que les marques de paquet. Influence de la famille, des pairs, classe socio-économique… Une équipe du centre de recherche Léa-Roback de Montréal a ratissé une centaine d’études sur le sujet publiées entre 1998 et 2007. Verdict: le quartier de résidence et son ambiance ne sont pas étrangers aux coups de briquet.

Au Canada, on respire mieux. Entre 1985 et 2007, le nombre de consommateurs de tabac est parti en fumée, passant de 35% à 19%. «Paradoxalement, les inégalités sociales face au tabac augmentent», dénote cependant Paul Bernard, professeur de sociologie à l’Université de Montréal et superviseur de la recherche.

Effet de classe sociale, affirmation identitaire? Oui, mais pas seulement. Au-delà du perron où certains s’installent pour en griller une, il y a une autre influence, celle du quartier: de nombreuses études établissent un lien entre le lieu de résidence, son contexte socioéconomique et la proportion de fumeurs.

Chez les adultes, la qualité de l’environnement s’avère déterminante. Deux études menées dans huit villes européennes mettent en cause la profusion d’éléments stressants comme la pollution sonore, les façades criblées de graffitis et dégarnies de végétation ou la qualité des routes et des bâtiments.

En Angleterre, dans le cadre d’un programme de revitalisation urbaine, des chercheurs ont ainsi noté que la rénovation physique d’une banlieue de Newcastle a entraîné une diminution prononcée du nombre de fumeurs. Faites chuter les murs de bâtisses vacantes, les fumeurs s’écroulent!

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«Il y a des modes de vie qui prévalent dans certains milieux où il y a des tensions, rappelle le chercheur. On n’y trouve pas les mêmes normes par rapport au corps et la santé. Il faut observer comment l’objet de tabac est construit dans les cultures locales et celles de quartier.»

Fumer pour oublier?

Aujourd’hui, un jeune Québécois (de 20 à 24 ans) sur trois est fumeur. Pour eux aussi, le quartier semble avoir son mot à dire. Le sentiment d’insécurité et la désorganisation sociale sont pointés comme des facteurs favorisant le tabagisme. Plus ça «craint», plus ça fume : les hauts taux de criminalité augmenteraient ainsi significativement la fâcheuse habitude.

Enfin, il ne faut pas occulter le jeu d’estime, puisque le faible attachement à son secteur pousse à fumer. «L’influence du quartier sur le tabagisme est toutefois difficile à cerner, car il y a moins d’indicateurs objectifs. Ça se passe surtout sur le plan social et des interactions», fait remarquer Christiane Montpetit, agente de recherche et rédactrice de l’étude transversale.

Plusieurs travaux, dont un mené dans une trentaine de villes québécoises, ont démontré la multiplication des points de vente de tabac dans les quartiers les plus pauvres, ce qui en favorise l’accès.

Mené actuellement par Katherine Frohlich, professeur en médecine sociale et préventive, un projet complet tentera d’évaluer plus précisément les effets de quartiers au Québec, afin de comprendre pourquoi la cigarette fait un tabac dans certains arrondissements de Montréal.

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www.sciencepresse.qc.ca

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