Flore et faune au Musée des beaux-arts du Canada

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Publié 17/07/2012 par Gabriel Racle

Non, il ne s’agit pas d’une méprise avec le Musée canadien de la nature, situé aussi à Ottawa, qui explore les merveilles de la nature. Le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) s’intéresse à la nature comme sujet d’inspiration favori de très nombreux artistes.

Une histoire

Le MBAC présente en effet, jusqu’au 9 septembre, une exposition superbe et très originale, intitulée Flore et faune. 400 ans d’artistes inspirés par la nature.

En puisant dans ses collections, le musée présente des œuvres méconnues pour la plupart, car non exposées, qui esquissent une histoire de l’évolution de l’expression artistique de la nature au cours des 400 dernières années.

Certes, depuis la nuit des temps, la nature est une source d’inspiration artistique. Les grottes de la préhistoire font apparaître des reproductions des animaux de l’environnement des humains de l’époque.

Et par la suite, ces reproductions n’ont cessé de se multiplier sous diverses formes dans les mondes égyptien, grec ou romain, et les autres civilisations anciennes et récentes. Mais il ne saurait être question d’en dresser un inventaire représentatif.

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Les quelques 110 œuvres offertes au public dans le cadre de cette exposition, dont beaucoup pour la première fois, ne retracent donc pas une histoire exhaustive de l’art naturaliste, mais montrent comment, par de petites touches c’est-à-dire les documents présentés – dessins, gravures, aquarelles, pastels, gouaches, photographies, lithographies, daguerréotypes, montages numériques, et autres, la diversité est très grande – les artistes utilisent les diverses techniques à leur disposition pour représenter la nature.

Un art raffiné

C’est le grand intérêt de cette exposition que de découvrir au fil des salles l’évolution qui s’est faite dans un domaine bien particulier.

Nous sommes ici en dehors des œuvres des grands maîtres qui ont couché la nature sur leurs toiles, comme l’exposition Van Gogh de près, à l’étage inférieur du musée en donne une belle illustration.

Les œuvres présentées sont celles d’artistes qui s’intéressent à des détails ou réalisent des gros plans de ce qu’ils ont découvert dans la nature.

Ainsi, l’aquarelle de James Grifffiths, datée d’après 1836, compose un fort joli tableau avec huit pensées, aux couleurs variées. Un exemple parmi d’autres qui illustre une citation du peintre et graveur allemand Albrecht Dürer de 1528, mise en exergue sur un mur, et parlant de la nature: «Car en vérité, l’art y est, dans la nature, et celui qui peut l’en faire sortir d’un trait, il le tient.»

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«Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime; Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours.»

Bon nombre d’artistes canadiens et étrangers ont répondu à cette invitation du poète français Lamartine, et ont exploré les multiples façons de traduire à leur manière l’art de la nature dans les productions ou reproductions de leurs œuvres.

Aperçu

Le visiteur ira de découvertes en découvertes, de surprise en surprise. L’œuvre la plus ancienne présentée dans Flore et Faune est une aquarelle indienne du XVIe siècle, qui représente le souverain mongol Bebur surveillant l’aménagement d’un jardin.

L’exposition comprend aussi des gravures d’insectes de Wenzel Hollar (1607-1677), des études très élaborées du XVIIe siècle.

Une photographie du photographe allemand Karl Blossfeldt, bien connu pour ses photographies de formes végétales et l’un des représentants de la Nouvelle Objectivité, montre une plante, de la valériane, dont les feuilles sont sur le point de se dérouler, alors qu’Adriene Veninger, une artiste canadienne contemporaine, a croqué des plantes aux feuilles desséchées et enroulées. Le plus surprenant, ce sont peut-être deux grands tableaux (162,5 cm x 52,4 cm), intitulés Les plaines LeBreton, Ottawa (Ontario) et La Macaza, Laurentides (Québec).

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Ces tableaux offrent la particularité d’être à la fois naturels et artificiels. Ils sont naturels, car les plantes que l’on y voit sont de vraies plantes, mais la composition de l’ensemble est artificielle. L. Gilbert a utilisé les techniques numériques les plus modernes à haute résolution pour créer ces tableaux.

Des papillons

À l’entrée de l’exposition, le visiteur est accueilli par une «boîte» surprenante, elle aussi, qui ne manquera pas de retenir longuement son attention, car elle en vaut la peine. Elle s’intitule Pavane pour une infante défunte, reprenant ainsi le titre d’une pièce emblématique pour piano de Maurice Ravel. Il s’agit en fait d’une sorte de coffre vitré qui contient une collection impressionnante de papillons multicolores, parfois étincelants.

Et des fleurs…

«La collection du Musée regorge d’œuvres remarquables que, pour toutes sortes de raisons, les visiteurs ont rarement l’occasion de voir. Les amateurs d’art, mais aussi les amoureux de la nature, apprécieront de parcourir sans se presser cette superbe exposition», a déclaré le directeur du Musée des beaux-arts du Canada, Marc Mayer. Sans aucun doute, il en ira bien ainsi de cette très belle et instructive réalisation. Avec l’exposition Van Gogh, c’est un attrait de plus pour une visite au MBAC d’Ottawa.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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