Fiction plus douce que la plate réalité

Marielle Giguère, Deux semaines encore, roman, Longueuil, L’instant même, 2019, 150 pages, 19,95 $.
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Publié 02/06/2019 par Paul-François Sylvestre

Marielle Giguère signe un premier roman intitulé Deux semaines encore, où elle décrit une famille assez dysfonctionnelle, merci. Elle excelle dans l’art d’illustrer comment la fiction convient souvent mieux aux gens que la plate réalité.

Arnaud, dans la jeune vingtaine, est le narrateur du roman. Il interagit avec son frère Henri, son père et sa mère, ses blondes, son grand-père, mais pas sa grand-mère puisqu’elle est partie en Grèce et envoie vingt-six fois une carte à son mari pour dire «Deux semaines encore. Je t’aime.»

La vie triste et belle

Arnaud et Henri prennent grand-père sous leur aile. «La vie peut être triste et belle à la fois. Où l’homme peut être largué et aimé dans le même mouvement.»

Comme l’auteure enseigne la littérature et le théâtre, son ouvrage jongle avec de courts passages dramatiques et de longs passages romanesques.

Chaque chapitre commence comme une pièce de théâtre: description du décor, côté cour côté jardin, didascalies. Et les dialogues dans la partie romanesque sont présentés comme dans une pièce. Assez original.

«Va donc…»

Dès l’âge de cinq ans, Arnaud a compris qu’une phrase qui commence par Va…, c’est nécessairement une phrase violente, comme dans «Va chier. Va donc te jeter en bas du pont ou Va te faire fourrer, esti de salope.»

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Henri est danseur nu depuis qu’il a 18 ans, «officiellement depuis qu’il en a seize-ish». Parallèlement, il termine une maîtrise en philosophie. C’est un danseur nu lettré.

Quant à Gaëlle, petite amie d’Arnaud, «elle emprunte des vies qu’elle fait siennes pour un temps. Puis elle disparaît.» Des pages crues décrivent leurs ébats. Tout y passe: mamelons, fesses, cul, couilles, queue, vagin, clitoris, anus, sperme, esti que c’est divin!

Accoutumance à la déception

Les parents s’accrochent aux p’tits bonheurs du passé. Le présent n’a aucune chance avec eux. La mère vit à côté d’elle-même parce que «le réel ne fait pas son affaire quand il refuse de coller à la fiction».

Le roman est parsemé de petites réflexions sur la vie qui est «une lente accoutumance à la déception… On tire le meilleur de ça.»

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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