Cette période des Fêtes, apprenons à voir la violence

Violences faites aux femmes
Les visuels de la campagne «Voir la violence» reflètent l’emprise du conjoint violent: sa main accompagne la femme partout où elle va, symbolisant le contrôle et la manipulation.
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Publié 20/12/2021 par Action ontarienne contre la violence faite aux femmes

Ah, les Fêtes! C’est le moment de l’année pour se réunir en famille, où les traditions festives prennent vie, où on prend un moment pour soi. Par contre, l’atmosphère n’est pas joyeuse pour tout le monde. Même avant l’arrivée brusque de la pandémie, cette période de célébration n’a jamais été sécuritaire pour de nombreuses femmes victimes de violence.

La violence augmente-t-elle pendant les Fêtes?

La question n’a pas de réponse évidente.

Si l’Ontario Association of Interval and Transition Houses signale une hausse de 30% des taux de violence à l’égard des femmes pendant la saison des Fêtes, la recherche n’est pas au rendez-vous.

Aucune étude ne confirme si le temps des Fêtes et les autres jours fériés de l’année sont associés à une augmentation de la violence faite aux femmes (National Resource Center on Domestic Violence).

Même s’il est difficile d’établir si la violence s’empire à la fin décembre, Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (AOcVF) tient à souligner:

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  • que les féminicides en Ontario, au Canada et au monde continuent d’atteindre des taux vertigineux: on en compte 48 dans la province entre janvier et octobre 2021;
  • que la majorité des victimes de violence conjugale (70%) sont des femmes (gouvernement de l’Ontario);
  • qu’encore de nombreux mythes concernant la violence conjugale et la violence faite aux femmes existent.

Qu’est-ce que je peux faire?

Apprendre à reconnaître les signes avertisseurs de violence: ça sauve des vies.

Selon des données récentes de la Fondation canadienne des femmes, seulement 25% des gens sondés se sentent capables d’aiguiller une personne qui vit de la violence vers des services de soutien fiables.

La campagne Voir la violence, mise sur pied par AOcVF, a justement été conçue pour venir en aide aux membres de l’entourage. Elle présente les signes avertisseurs de violence et des pistes d’intervention sécuritaires.

À quoi ressemble la violence?

Fait important, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la violence psychologique est toujours la première à se manifester et accompagne toutes les autres formes de violence.

Elle est omniprésente. C’est grâce à cette forme de violence que le conjoint prend d’abord emprise sur sa partenaire. Elle est difficile à reconnaître, car elle peut être subtile. L’homme violent use d’intimidation, d’humiliation, de surveillance et d’insultes pour miner l’estime de soi de sa conjointe et mieux la contrôler.

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Au début, la violence psychologique peut sembler banale, mais à force d’accumulation et de répétition, la femme commence à douter et à intérioriser les critiques constantes de son conjoint. Elle vient à croire qu’elle n’est bonne à rien, qu’elle ne trouverait pas mieux et qu’elle est responsable de la violence qu’elle subit.

Ainsi, elle est plus susceptible d’accepter les autres formes de violence qui peuvent suivre et de rester malgré tout.

Violences faites aux femmes
Visuels de la campagne Voir la violence.

Que sont les signes avertisseurs?

La violence conjugale est souvent invisible. La première étape pour une intervention sécuritaire est de connaître les signes avertisseurs.

Si vous remarquez l’un de ces signes avertisseurs, il est temps d’agir:

  • Il la rabaisse.
  • Il parle tout le temps et domine la conversation.
  • Il la surveille tout le temps, même au travail.
  • Il essaie de l’empêcher de vous voir.
  • Il agit comme si elle lui appartenait.
  • Elle s’excuse ou trouve des excuses à son comportement.
  • Elle devient agressive ou se met en colère.
  • Elle semble mal à l’aise de s’exprimer devant lui.
  • Elle est malade plus souvent et s’absente du travail.
  • Elle essaie de masquer ses blessures.
  • Elle trouve des excuses à la dernière minute pour ne pas vous rencontrer.
  • Elle semble triste, seule, repliée sur elle-même et craintive.
  • Elle consomme des drogues ou de l’alcool.

Que sont les facteurs de risque?

Vous avez remarqué des signes avertisseurs de violence conjugale chez une femme de votre entourage, mais vous hésitez à agir?

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Le danger de violence mortelle est plus élevé dans ces cas:

  • Il est en contact avec elle, a le droit de visite ou la garde des enfants.
  • Il a accès à des armes.
  • Il a des antécédents de violence envers elle ou envers d’autres personnes.
  • Il a menacé de la blesser ou de la tuer si elle le quitte.
  • Il menace de faire du mal à ses enfants ou à ses animaux domestiques ou de détruire ses biens.
  • Il a menacé de se suicider.
  • Il l’a frappée ou a essayé de l’étrangler.
  • Il passe par une phase très difficile (emploi, séparation, dépression, etc.).
  • Il est convaincu qu’elle fréquente quelqu’un d’autre.
  • Il l’accuse d’avoir gâché sa vie.
  • Il ne cherche pas à obtenir de soutien.
  • Il a du mal à garder un emploi.
  • Il consomme de la drogue ou boit tous les jours.
  • Elle vient juste de se séparer ou elle a l’intention de le quitter.
  • Elle craint pour sa vie et pour la sécurité de ses enfants ou elle est ne voit pas les risques.
  • Elle lutte pour la garde des enfants ou elle a des enfants d’une relation précédente.
  • Elle a une autre relation.
  • Elle a des blessures non expliquées.
  • Elle n’a pas accès à un téléphone.
  • Elle est confrontée à d’autres obstacles (elle ne parle ni français ni anglais, elle n’est pas encore résidente du Canada, elle vit dans une région isolée, etc.).
  • Elle n’a pas de réseau de soutien.

Comment intervenir?

La campagne Voir la violence présente des suggestions pour aider une femme lorsque vous reconnaissez des signes avertisseurs. En voici quelques-unes :

  • Lui parler de ce que vous avez constaté et lui exprimer votre inquiétude. Si elle parle de la violence, lui dire que vous la croyez et que ce n’est pas de sa faute.
  • Lui suggérer de ne pas avertir son conjoint si elle a l’intention de le quitter.
  • Lui proposer de garder ses enfants ou de les héberger elle, ses enfants et ses animaux domestiques. Si vous le faites, il est important de ne pas laisser son conjoint entrer chez vous.
  • L’encourager à faire un sac contenant des articles importants et lui proposer de le garder chez vous au cas où elle en aurait besoin.

Comment intervenir si elle nie la violence?

  • Lui expliquer calmement que sa sécurité et son bien-être, et ceux de ses enfants, vous tiennent à cœur.
  • Lui dire qu’elle peut vous parler n’importe quand.
  • Ne pas la juger. Elle peut avoir peur ou ne pas être prête à agir.
  • Essayer de comprendre pourquoi elle peut avoir du mal à demander de l’aide. Elle a peut-être honte ou peur.
  • Lui offrir de l’accompagner si elle a besoin de renseignements ou de soutien.

Comment intervenir si elle décide de poursuivre sa relation malgré la violence ou si elle retourne vers un conjoint violent?

Vous pourriez ressentir de la frustration ou de la déception à voir une femme de votre entourage rester dans une relation violente. Cependant, il faut comprendre que de nombreuses raisons peuvent conduire à une telle décision.

En moyenne, une femme tentera de quitter son agresseur cinq fois avant de mettre fin de façon permanente à la relation.

Vous pouvez toujours l’aider de plusieurs façons :

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  • Lui suggérer de noter tout ce qui lui arrive et de conserver toute preuve de menace, orale ou écrite, et de garder ce document dans un endroit sûr, hors du foyer.
  • Lui suggérer de parler de la violence dont elle est victime à son médecin et de demander que les actes de violence soient documentés et les blessures, photographiées. Ces dossiers lui seront utiles si elle décide d’engager une procédure judiciaire.
  • Localiser les services d’aide aux femmes aux prises avec la violence et lui en parler.
  • L’encourager à appeler Fem’aide, la ligne de soutien francophone au 1-877-336-2433 (ATS : 1-866-860-7082) pour recevoir de l’aide ou élaborer un plan de sécurité.

Comment intervenir en cas de danger?

Si la situation présente un danger immédiat, appeler la police au 9-1-1.

La ligne francophone de soutien Fem’aide offre du soutien et des conseils anonymes et confidentiels aux femmes aux prises avec la violence en Ontario et aux membres de leur entourage.

Et à l’avenir?

La violence faite aux femmes s’est empirée tout au long de la pandémie en raison des consignes sanitaires qui lui sont associées.

Afin de progresser, nous devons en tirer des leçons. La protection et la sécurité des femmes, des filles, des enfants et des personnes non binaires partout au monde en dépendent.

Note grammaticale : La violence conjugale touche majoritairement les femmes et est majoritairement commise par des hommes. Pour représenter cette réalité, le féminin est employé pour faire référence aux victimes et le masculin est employé pour faire référence aux agresseurs. Nous reconnaissons toutefois que des hommes peuvent être victimes et que des femmes peuvent être agresseurs.

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