Festival des Arts métis au village des pionniers de Black Creek

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Publié 24/07/2007 par Carole Nkoa

Les 21 et 22 juillet derniers, organisé par le Collectif des artistes métis, le Festival des Arts métis – célebration de la musique, de la danse et des arts métis – se déroulait au Black Creek Pionneer Village, situé en plein coeur de Toronto. Depuis quatre années, ce festival rassemble les artistes et les artisans de partout au Canada pour partager avec la population multiculturelle de Toronto les coutumes, la musique, les histoires et surtout la richesse de la culture métis au Canada.

C’est très simple; à peine dépassé la porte d’entrée principale du Black Creek Pionneer Village, le visiteur se trouve emporté dans un autre monde, celui des Canadiens de l’Ontario et de leurs conditions de vie, 140 ans en arrière. Les choix de découvertes sont multiples. Les intérêts sont autant variés que les lieux mais chose certaine, chacun y trouve son plaisir et certainement une raison d’y ramener une personne de son choix.

Le Black Creek Pionneer Village est le seul musée de Toronto offrant l’histoire reconstruite et vivante d’un village typique de l’Ontario du 19e siècle. Au total 42 bâtiments restorés, dont 10 d’origine, racontent l’organisation des villages canadiens de 1860. Dans une ambiance typique et rurale, les interprètes vêtus comme à cette époque racontent la particulière histoire des habitants ontariens de cette partie du siècle.

Cette fin de semaine, le Collectif des artistes métis présentait l’héritage métis, sa culture et ses origines ancestrales, résultat du mariage entre les cultures européenne, francophone, anglophone et des Premières Nations. Un programme bilingue, aux multiples couleurs comme un kaléidoscope, offrait le résultat de ce métissage culturel incorporé dans un village de 1860.

Danses, musiques, chants, cuisine, ateliers, démonstrations artisanales, films et autres activités illustraient la culture métis sous une panoplie d’approches autant éducatives que divertissantes. Au cours de la visite, un arrêt à la cabane de Monsieur Boisvert, fabricant de raquette de neige anciennes, nous montrait l’art ancien de la fabrication des raquettes tel que réalisé par les Améridiens.

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«Les raquettes anciennes ne faisaient pas seulement partie du folklore mais elles étaient surtout un outil essentiel dans le déplacement. Les Amérindiens ont inventé les raquettes mais aussi les différents styles de raquettes pour s’adapter à l’environnement et à la topographie des régions où ils habitaient», explique Réjean Boisvert.

Par exemple, dans les forêts de feuillus et de lacs, les raquettes étaient plus étroites, plus longues et plus recourbées pour faciliter la marche. Elles étaient confectionnées à base de frêne blanc et de lanières en cuir, appelées «babiches», terme algonquin encore utilisé de nos jours; preuve du métissage. Les babiches provenaient de peau de ruminant comme l’orignal, le caribou ou le chevreuil. «Le traitement des peaux, la confection des babiches et le nattage étaient le travail des femmes. Les hommes, eux, s’occupaient de faire le cadre», continue t-il.

Pendant que Réjean Boisvert racontait avec passion l’histoire des raquettes anciennes, on pouvait entendre de la scène du Pavillon des évènements, les Brelocs, deux chanteuses francophones. En continant la visite et en s’arrêtant à la maison Mackenzie, autrefois maison d’une couturière, on rencontrait Alain Denis, horloger, représentant le personnage Abraham Louis Breguet, inventeur, commerçant et industriel, décédé à Paris en 1823.

Alain, artisan du village Black Creek pour cette fin de semaine, expliquait le travail de l’horloger. M. Denis répare les horloges mécaniques depuis maintenant huit ans. «C’est passionnant lorsque tout est refait et que tout fonctionne à nouveau. Ce qui me fait palpiter c’est l’histoire de l’horloge mais aussi de l’industriel qui l’a fabriquée. J’ai une vingtaine d’horloges dans mon atelier.» La plus ancienne que cet artisan et conservateur du patrimoine de Repentigny ait eu à réparer date de 1850… et elle remarche!

Et puis il y aussi Marie-Berthe Guibault-Lanois, l’épouse d’Alain Denis. Elle, son art, c’est celui de la fabrication des ceintures fléchées. Au 18e siècle, les ceintures fléchées permettaient de bien tenir au chaud les coureurs des bois et les voyageurs. Plus tard, au 19e siècle, elles sont devenues un ornement d’apparat.

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Il y a plusieurs types de motifs des ceintures fléchées. Les motifs de flèche nette, typiquement québécois, les ceintures de motif acadiens étaient tissées sur trois raies, celles au motif chénier étaient composées de quatre à six bandes étroites et celles au motif Assomption ont un coeur rouge et des décorations blanches, bleues, jaunes et vertes sur les côtés.

En passant par la place de l’hôtel de ville, on est fasciné par le camp amérindien dressé et illustrant une scène typique de déjeuner.

On s’arrête par curiosité et on découvre ce que l’on appelle l’art métis, exclusivité canadienne. Les haltes sont nombreuses, la soif d’apprendre sur les us et coutumes de cette période est intarrisable. Bien sûr, il est difficile d’être au coeur du Black Creek Pionneer Village et de ne pas évoquer la maison du docteur, celle de l’ingénieur, de l’imprimerie, de l’école de Disckon’s Hill ou encore de la ferme de la famille Stong.

Le Festival des arts métis est une merveilleuse porte d’entrée pour connaître et comprendre la beauté de la culture métis. Pour garder la tonalité de ce mariage interculturel, une célèbre citation en anglais de Louis Riel résumera l’intensité de cette balade au coeur du Black Creek Pionneer Village: «My people will sleep for one hundred years… when they awake, it will be the artists who give them their spirit back.»

Plus de renseignements sur le Black Creek Pionneer Village au www.blackcreek.ca

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