Festival de Toronto: Que voir?

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Publié 05/09/2006 par Aurélie Lebelle, Yann Buxeda, Magdaline Boutros

Le Festival international du film de Toronto s’ouvre le 7 septembre. Plus de 350 films en provenance de 61 pays seront présentés, au plus grand bonheur des cinéphiles. Pour nous, francophones, c’est également le moment de l’année où le plus grand nombre de films en français nous est présenté. Pour faciliter votre sélection, voici une série de critiques de films provenant de la France et du Québec.

Cheech, de Patrice Sauvé. Avec Patrice Robitaille et François Létourneau. Québec, 2006. 104 minutes. * * *

Ron (Patrice Robitaille) est propriétaire d’une agence d’escortes. Alors qu’il est sur le point de finaliser un gros contrat, son book, où toutes les photos de ses filles sont répertoriées, est volé. Est-ce un coup de Cheech, le propriétaire d’une autre agence d’escorte? Cet événement déclenchera une série de péripéties au cours desquelles la vie de six personnages s’entrecoupera le temps d’une journée.

On comprendra rapidement que les personnages de Cheech parlent trop peu. Solitude, dépression, quête de sens. Leurs gestes les rattraperont avant la fin de cette journée fatidique.

Malgré une direction impeccable (Patrice Sauvé – La Vie, la vie, Grande Ourse) et une facture visuelle attrayante, Cheech nous perd rapidement dans les racoins sombres de ses personnages. Où le scénariste (François Létourneau – Les Invincibles) veut-il nous mener? On ne sait trop à quelle enseigne loger le long-métrage: un drame, un suspense, un film d’aventures?

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Cheech est un film divertissant, jouissant d’une distribution des plus enviables (Patrice Robitaille, Anick Lemay, Fanny Malette, Maxime Denommée), mais qui ne restera pas dans les annales du cinéma québécois.

Congorama, de Philippe Falardeau. Avec Olivier Gourmet et Paul Ahmarani. Québec, 2006. 105 minutes. * *

Michel est un ingénieur raté de 41 ans dont la vie bascule lorsqu’il apprend qu’il a été adopté et qu’il est venu au monde dans une ferme au fin fond du Québec, à Sainte-Cécile. Il part alors sur les traces de ses parents naturels et se retrouve dans la voiture hybride de Louis, un jeune trentenaire mystérieux dont le père, inventeur génial de la voiture éléctrique, a disparu depuis plusieurs années.

Louis découvre les plans de son père, cachés sous la banquette de la voiture, qui n’ont encore jamais été révélés au public. Un accident de la route propulse Louis dans un coma profond. Déclaré perdu par les médecins, Michel récupère les plans et s’approprie les inventions. Jusqu’au jour où Louis débarque en Belgique, six mois plus tard…

Le scénario, sur fond de recherche d’identité, reste indéniablement original. Mais tout l’intérêt du film réside certainement dans le double point de vue, puisque le film retrace l’histoire à travers les regards successifs de Michel et de Louis. Le puzzle se complète donc au fur et à mesure des scènes pour le plus grand plaisir des spectateurs.

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Néanmoins, le rythme du film, parfois ralentit par l’amas de détails, nuit au très bon jeu des acteurs. L’humour parvient pourtant à rafraîchir certaines scènes un peu longues. Dommage que le dénouement nous laisse sur notre faim!

La Coupure, de Jean Châteauvert. Avec Valérie Cantin et Marc Marans. 79 minutes. *

Une dépendance malsaine, inaliénable et réciproque. C’est en quelques mots le thème qu’explore La coupure, premier film du Québécois Jean Châteauvert, à travers la relation fusionnelle d’un frère et d’une soeur. Un lien physique et moral autour duquel s’articulent les existences des deux principaux protagonistes de l’histoire. Aujourd’hui mariée et mère de deux enfants, la soeur aperçoit enfin la possibilité de se sortir de cette relation fraternelle trop poussée. Mais c’est sans compter sur sa propre dépendance, entretenue malgré lui par son frère et dont elle même ne sait se passer.

Sans pour autant sombrer totalement, force est de constater que l’intrigue est menée à petit pas, au détriment d’un dynamisme qui se fait sans cesse attendre sans pour autant émerger. Égaré dans les méandres d’un imbroglio sentimental, Jean Châteauvert perd son spectateur dans des effets de style trop superficiels, et l’on se prend à attendre un rebondissement, alors que s’enchaînent sans légitimité les plans larges et cadres serrés silencieux.

Là où l’émotion est recherchée, c’est le plus souvent l’ennui qui point. Un coup d’épée dans l’eau d’autant plus décevant que la performance des acteurs est remarquable, et que le sujet abordé est des plus originaux.

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Un Dimanche à Kigali, de Robert Favreau. Avec Luc Picard et Fatou N’Diaye. Québec, 2006. 118 minutes. * * *

Au printemps 1994, Bernard Valcourt (Luc Picard), journaliste québécois, se rend à Kigali, capitale rwandaise, pour réaliser un reportage sur le sida. Mais quelques mois après son arrivée, ce n’est plus tant les ravages du sida que Bernard filme. Caméra à la main, il témoigne jour après jour de la montée de la haine entre Hutus et Tutsis.

Dans ce pays au bord du précipice, Bernard fait la connaissance de Gentille (Fatou N’Diaye), une Rwandaise menacée par les exactions sommaires. Malgré leurs différences et les dangers qui planent sur les jeunes tourtereaux, une émouvante histoire d’amour se tissent entre eux.

Un Dimanche à Kigali fait inévitablement penser à Hôtel Rwanda, film américain réalisé en 2004 qui se penchait également sur le génocide rwandais. Un point de départ commun, mais également plusieurs scènes similaires se retrouvent dans les deux films. Mais là où Hôtel Rwanda nous faisait découvrir l’héroïsme d’un gérant de l’hôtel, Un Dimanche à Kigali nous emmène au coeur du drame humain, nous enveloppant dans une histoire d’amour contrastant on ne peut plus abruptement avec les horreurs du génocide.

Le produit final est un long-métrage troublant, un rappel nécessaire des horreurs commises aux vues et au su de toute la communauté internationale. L’histoire d’amour à l’eau de rose nous amène inévitablement sur une pente glissante, mais on se fait tout même prendre au jeu.

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La planète blanche, de Thierry Piantanida et Thierry Ragobert. Canada/France, 2006. 86 minutes. * * *

La naissance de deux oursons polaires ouvre les portes d’un univers méconnu et étrange: l’Arctique. Au fil des saisons, les animaux doivent s’adapter à un environnement difficile en perpétuel changement. De la banquise glacée de l’hiver aux étendues marines de l’été, les habitants de la planète blanche modifient leurs habitudes ou émigrent par milliers, à l’image des caribous.

Danse des baleines boréales, passage des bélugas, apprentissages des oursons, chasse des loups ou sieste des morses, la richesse de la faune arctique défile sur fond de paysages spectaculaires et fascinants.

Ce documentaire, merveilleusement filmé, offre un panel surprenant de scènes rarement rapportées. Les commentaires de Jean-Louis Étienne sont pleins d’admiration et d’amour pour ce monde figé par les glaces. Bien que suivant un effet de mode après le succès de La marche de l’empereur, l’ensemble est réussi et propulse le spectateur dans un univers inimaginable et féerique. 86 minutes de bonheur pour les yeux. On sent néanmoins en permanence une pointe de combat écologique sous-jacent.

Sur la trace d’Igor Rizzi, de Noël Mitrani. Avec Laurent Lucas, Pierre-Luc Brillant et Emmanuel -Bilodeau. Canada, 2006. 91 minutes. * *

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Jean-Marc Thomas est un ancien footballeur français, complètement ruiné, qui s’installe à Montréal. Il vient de perdre son amoureuse québécoise, Mélanie, décédée abruptement. Depuis, les regrets lui rongent les sangs. «Je croyais que je savais contrôler mes émotions, en m’empêchant de lui faire des compliments», se rappelle-t-il. Pourquoi n’a-t-il jamais pu lui avouer à quel point il l’aimait? À la recherche de sa présence, il traverse l’Atlantique pour refaire sa vie là où elle a grandi.

Perdu, déprimé et fauché, il tombe rapidement dans la petite criminalité. Jusqu’au jour où on lui propose un gros contrat: abattre Igor Rizzi.

Comme tant d’autres films, Sur la trace d’Igor Rizzi raconte l’histoire d’un éclopé de la vie, personnage solitaire et difficile à cerner, que l’on voit sombrer jour après jour dans une vie de débauche… jusqu’à ce qu’il trouve soudainement son salut. Manque d’originalité dans le scénario et surtout manque de rythme dans ce film qui ne réussira à aucun moment à réellement nous accrocher.

Il est tout de même intéressant de noter que Sur la trace d’Igor Rizzi est le premier long-métrage de Noël Mitrani, un Franco-Torontois d’origine, et qu’il a été produit sans aucune subvention par la maison de production indépendante Atopia.

Golden door, d’Emanuele Crialese. Avec Charlotte Gainsbourg et Vincenzo Amato. France/Italie, 2006. 120 minutes. * *

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Sicile, fin du XIXe siècle. La famille Mancuso quitte sa terre natale et embarque pour les États-Unis, pays où selon l’imagination collective, les fruits sont gigantesques et du lait coule des rivières. Le spectateur suit le voyage long et périlleux d’immigrés italiens qui cherchent une terre d’asile où tout semble possible. De l’embarquement en troisième classe à «l’inspection» à Ellis Island, les Mancuso poursuivent leur quête du bonheur vers le Nouveau Monde. L’arrivée d’une jeune femme anglaise, Lucy, va bouleverser leur voyage.

Le scénario de ce film était véritablement prometteur. L’immigration des Italiens vers le Nouveau Monde et l’arrivée si difficile à Ellis Island annonçaient une trame passionnante. Les décors sont magnifiques, les acteurs divins. Charlotte Gainsbourg est parfaite dans le rôle d’une Anglaise à la recherche d’un mari pour pouvoir débarquer aux États-Unis.

On déplorera néanmoins des longueurs et des excentricités qui discréditent le film. Même si le réalisateur a tenu à montrer l’image du rêve américain à travers ses rivières de lait, y voir nager les acteurs pendant plusieurs minutes est sans aucun intérêt.

La tourneuse de pages, de Denis Dercourt. Avec Catherine Frot et Déborah François. France, 2006. 85 minutes. * * *

Mélanie est une petite fille d’une dizaine d’années qui possède un véritable don pour le piano. Elle passe un concours mais échoue, perturbée par l’une des membres du jury, Madame Fouchécourt, qui accepte de signer un autographe alors que Mélanie est entrain de jouer. Une quinzaine d’années plus tard, Mélanie rencontre de nouveau sur son parcours Madame Fouchécourt, la brillante pianiste qui a fait basculer sa vie. Petit à petit, elle gagne la confiance de la musicienne par sa sensibilité. S’occupant du fils de la pianiste, Mélanie se rapproche toujours plus de sa proie et prépare sa vengeance.

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Bien que le titre n’annonce pas un petit bijou cinématographique, La tourneuse de pages est vraiment une réussite. Le spectateur est surpris par un scénario original qui nourrit le suspense jusqu’à la dernière minute. Les actrices, Deborah François et Catherine Frot, sont remarquables. On passe un bon moment…

U, de Serge Elissalde et Grégoire Solotareff. France, 2006. 75 minutes. * * *

Mona est une petite princesse qui vit dans un château isolé avec ses parents adoptifs, deux rats cruels, Monseigneur et Goomi. Maltraitée et souvent très triste, ses larmes font un jour apparaître U, une licorne, qui promet à Mona de lui rendre la vie plus agréable. U et Mona deviennent au fil des années deux amies inséparables.

Jusqu’au jour où un groupe de «wéwés» s’installent dans la forêt. Sympatiques et pleins de vie, ils animent le quotidien de l’adolescente et de la licorne par leur musique endiablée. Kulka, le chat, guitariste rêveur, va rapidement prendre la première place dans le cœur de Princesse Mona. Mais qu’adviendra-t-il alors de la petite licorne?

Ce dessin-animé, qui fait de l’amitié et de l’amour ses sujets phares, fera la joie des petits et des grands. Les uns y trouveront un univers féerique où règnent princesse et gentils animaux, les autres y décèleront un humour décapant où les jeux de mots s’enchaînent à presque toutes les phrases. Le tout rythmé par une musique dynamique qui ponctue des dessins très vivants et colorés.

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