Festival Contact: Toronto, ville-reine de la photographie

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Publié 07/05/2008 par Aline Noguès

Toronto est pour tout le mois de mai l’hôte du grand festival de photographie Contact. Cette année, le festival a pour thème Entre mémoire et histoire, un leitmotiv qui se décline sur différents tons, aux quatre coins de la ville. C’est dans le cadre de ce festival que la galerie de l’Alliance française accueille jusqu’à la fin du mois l’exposition Sommes-nous? du collectif français Tendance floue.

Un homme erre le long d’une route déserte, prisonnier d’une atmosphère lourde et poussiéreuse dont émerge au loin les ruines d’une ville bombardée. Cette ville, c’est Kaboul.

«L’Afghanistan reste un sujet d’actualité, explique Philippe Lopparelli, membre de Tendance floue. Mais plutôt que montrer une énième photo de femme voilée, le photographe a préféré choisir ce moment.»

C’est d’ailleurs la marque de fabrique de Tendance floue: sortir des sentiers battus du photojournalisme pour porter un autre regard sur le monde qui nous entoure. «Les icônes comme la femme qui pleure ou le bébé squelettique, cela commence à être dépassé. Les photojournalistes ont tendance à montrer d’un côté les bons, de l’autre les méchants. Nous, on veut mettre cela de côté, et interroger le public plutôt que lui donner des réponses.»

Pour interroger le public, Tendance floue privilégie les photographes qui portent un regard neuf sur le monde et associe parfois les photos par paire, pour suggérer un autre message que celui de chacune des deux photos. Mais quel message? Au public de deviner.

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L’autre originalité de Tendance floue est sa volonté farouche de s’approcher du public non spécialiste afin de faire naître cet émerveillement que les membres blasés de la profession n’ont plus. Ainsi, Tendance floue n’hésite pas à faire des projections en plein air, sur les murs d’un immeuble, histoire de rapprocher cette forme d’art de ceux qui a priori ne s’y seraient pas intéressés.

Le comble cependant, constate Philippe Lopparelli, c’est que les photojournalistes sont de plus en plus obligés de donner à leur travail la forme d’un livre ou d’une exposition plutôt que d’une publication dans un organe de presse, s’éloignant ainsi du grand public.

Cela semble être le prix à payer pour faire connaître son travail, au-delà d’une presse aux multiples dérives: «La presse met davantage en avant les vedettes, les faits divers que le raisonnement, l’explication, la pédagogie. Les photographes eux-mêmes, s’ils veulent faire des reportages à l’étranger ne sont plus financés par un journal ou un magazine, ils doivent eux-mêmes trouver des fonds, quitte à préciser par la suite que leur reportage a été rendu possible grâce à la générosité de telle entreprise, telle compagnie aérienne! Cela devient du publi-reportage et c’est effrayant de constater à quel point nous perdons notre liberté.»

L’Alliance française expose jusqu’à la fin du mois les photographies de plusieurs membres du collectif: Pascal Aimar, Thierry Ardouin, Denis Bourges, Gilles Coulon ou encore Patrick Tourneboeuf.

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Le festival Contact est un véritable délice pour les passionnés de photographie. Pendant un mois, plus de 200 expositions se dérouleront simultanément dans diverses galeries et autres lieux de la Ville-Reine, mettant en valeur le travail de centaines de photographes émergents ou reconnus, venant d’Amérique du Nord, du Sud, d’Europe, d’Asie, d’Australie ou d’Afrique.

Le thème choisi, Entre mémoire et histoire, est le fruit d’une réflexion menée dans un contexte de grands changements technologiques dans le monde de la photographie. Alors que les technologies évoluent, qu’est-ce qui demeure inchangé? La nature fondamentale de la photographie: préserver les mémoires individuelles et les histoires collectives.

C’est sur ce thème clé que portera l’exposition principale du festival, qui se tiendra au Musée d’art contemporain canadien (MOCCA) et réunira des photographes aussi divers que Raymonde April, Robert Burley, Nan Goldin, Adi Nes, Chi Peng, Bert Teunissen…

Au-delà de cette exposition, de nombreuses installations seront ouvertes au public, dans des galeries… ou ailleurs.

L’aéroport international Pearson servira ainsi de décor au travail de Eamon Mac Mahon; les colonnes de l’autoroute Gardiner se feront arbres sous la griffe de Rodney Graham…

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L’Office national du film sera également de la partie puisqu’il programmera du 9 au 11 mai plusieurs documentaires courts et longs-métrages ayant pour personnage principal la photographie.

Pour une programmation exhaustive, se référer au site Internet du festival: www.contactphoto.com

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