Les fêtes organisées par les États pour marquer leur naissance datent du XIXe siècle: le 4 juillet américain depuis 1870 et le 14 juillet français depuis 1880. L’essai Entre solitudes et réjouissances, sous la direction de Joel Belliveau et Marcel Martel, retrace les origines et l’évolution de quatre fêtes nationales célébrées au Canada: le 24 mai, le 24 juin, le 1er juillet et le 15 août.
Trois aspects particuliers sont abordés: «le contenu des fêtes nationales et les tensions qu’elles provoquent; la manière dont les francophones les célèbrent; et, enfin, le rôle des États fédéral et provinciaux ».
Publié aux Éditions du Boréal, l’ouvrage couvre environ 150 ans, soit de la première société Saint-Jean-Baptiste en 1834 au rapatriement de la Constitution canadienne en 1982.
La fête de la reine le 24 mai
C’est en 1845 que le Parlement de la province du Canada adopte un projet de loi déclarant le 24 mai jour de la fête de le reine Victoria. C’est un prétexte pour valoriser la monarchie et les liens du Canada avec la Grande-Bretagne. Cette fête est doublée pendant un certain par une fête de l’Empire «pour infuser un contenu nationaliste à la première».
En 1918, les francophones marquent toutefois leur opposition en créant la fête de Dollard en réponse à la fête de la reine Victoria et à celle de l’Empire. Adam Dollard-des-Ormeaux est un soldat français qui a vécu à Ville-Marie (Montréal). Il est mort en 1660 lors d’une expédition au cours de laquelle son groupe de 17 Français et un nombre indéterminé de Hurons furent attaqués par des Iroquois au «long sault», un rapide de la rivière des Outaouais. Les historiens en ont fait « un archétype des valeurs chrétiennes et le sauveur de Ville-Marie.