Est-ce correct de texter?

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Publié 26/02/2013 par Martin Francoeur

Avouons-le d’emblée, l’évolution fulgurante des technologies de la communication a entraîné l’apparition de dizaines, voire de centaines de nouveaux mots pour désigner aussi bien les appareils, les technologies et les actions associés à ces nouveaux moyens de communiquer. Si l’Internet a généré tout un vocabulaire, un lexique à lui seul, il en va de même pour les communications par téléphone portable.

Pas très loin derrière les courriers électroniques – ou les courriels – on retrouve parmi les nouveaux modes de communication les textos. Ou les messages texte. Ou les SMS.

En fait, on ne sait pas encore exactement comment on doit appeler ces messages écrits que l’on envoie en saisissant du texte sur le clavier d’un téléphone portable ou d’un téléphone intelligent. Plusieurs termes se disputent la place dans l’usage. Déjà on répertorie texto, SMS et message texte, mais aussi message SMS, télémessage, message court et minimessage.

Au Québec et dans le Canada francophone, on semble déjà avoir adopté le terme texto, qui est reconnu par les dictionnaires, dont Le Robert, et qui est privilégié par l’Office québécois de la langue française.

Ce mot, dit-on, présente plusieurs avantages. Il est court et explicite, en plus d’être formé à partir d’éléments français.

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Une capsule sur le site web de l’Office québécois de la langue française nous dit que le mot texto était utilisé en France par un opérateur de télécommunications et a été rendu disponible dans la langue commune par un jugement de 2008 qui concluait qu’une société ne pouvait pas s’approprier le terme comme marque déposée. Le jugement a été confirmé en appel l’année suivante.

Le mot est donc apparu aussi bien dans l’usage que dans les dictionnaires.

Le Robert, qui indique que le mot est apparu en 1998, définit le texto comme étant un «bref message écrit échangé entre téléphones portables».

En Europe francophone, texto est toutefois moins populaire que SMS, une version abrégée de Short Message Service. Le sigle anglais désignait d’abord le service qui assure l’envoi ou la réception de textos (short message). Dans l’usage, le signe a par la suite désigné, pour faire plus court, le message lui-même et non le service qui permet sa transmission.

Le Robert atteste aussi le terme SMS mais on précise d’abord qu’il s’agit du «service permettant d’envoyer et de recevoir de brefs messages écrits sur un téléphone mobile». On donne aussi l’autre sens, plus courant, celui du message ainsi échangé. L’origine de ce mot – ou plutôt de ce sigle – remonterait à 1996.

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Quant au terme message texte, il est lui aussi assez populaire, probablement parce qu’il est calqué sur l’anglais text message. Les fournisseurs de services de téléphonie mobile semblent d’ailleurs privilégier ce terme, de même que l’appellation messagerie texte pour désigner le service en tant que tel. On vous offre par exemple les «messages texte illimités». D’ailleurs, pour la formation du pluriel, l’usage hésite entre «messages texte» et «messages textes».

Quant à minimessage et télémessage, ils n’arrivent pas vraiment à se glisser dans l’usage. Le premier des deux termes a pourtant été celui qui a été recommandé en France par la Commission générale de terminologie et de néologie en 2004.

Qu’en est-il des verbes ? Sans contredit, le plus populaire est texter, former à partir de texto ou de message texte.

L’OQLF nous dit que sa popularité est probablement due à la présence, en anglais, du verbe to text, qui définit lui aussi l’action d’envoyer des messages textes. On constate aussi que le verbe texter vient combler un vide lexical. Le verbe, très court et bien formé en français, est beaucoup plus simple que «envoyer un message texte».

On peut donc aussi bien dire: «je vais texter Pierre quand je serai prêt» que «je lui ai texté le lieu et l’heure du rendez-vous». On peut donc texter quelque chose ou texter quelqu’un.

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En Belgique, compte tenu de la popularité de SMS, on entend même parfois le verbe «essemesser» qui est une forme orale de la formation d’un verbe du premier groupe (en –er) à partir du sigle SMS. Mais on ne rencontre pas ce verbe à l’écrit. Et encore, dans l’usage courant, il ne supplante pas texter.

Évidemment, vous remarquerez que je n’entre pas dans l’épineuse question du langage utilisé – surtout par les jeunes – dans les textos…

C’est un dialecte en soi. La combinaison de lettres imitant des sonorités rend parfois déroutante la lecture de ces messages. Jumelez ça aux nombreuses fautes d’orthographe et aux fantaisies absurdes des systèmes d’autocorrection et ça donne tout un charabia !

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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