Éros et art

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 05/04/2016 par Gabriel Racle

Y aurait-il un rapport entre Éros et art, ou plutôt entre ce qui se cache sous ces termes, et qui semble bien varier selon les circonstances, les lieux, les participant(e)s? On peut fort bien se le demander. Et pourtant! Le grand éditer allemand d’ouvrages d’art, Taschen, vient d’ouvrir une série de petits livres qui concernent des artistes qui se sont illustrés dans ces domaines.

L’art pictural ou sculptural comporte une relation émotionnelle avec celles et ceux qui en admirent — ou en rejettent — les réalisations. Comme le titre un article du journal Le Monde, «Les tableaux, voies de l’émotion et du plaisir». (3 oct. 2013). Ce que Poussin traduit sous une autre forme en déclarant: «la fin de l’art: la délectation». (L’Express du 27 octobre 2015)

Il est très important de ne pas confondre le grec Eρως, érôs, «le désir amoureux», que l’art peut s’efforcer de traduire en réaction émotionnelle, avec les grec πόρνος, pornos, qui concerne la prostitution et sert de préfixe pour désigner un domien qui n’a rien à voir avec l’art.

C’est donc à l’art érotique que s’intéressent les petits livres des éditions Taschen, dont les lecteurs ou les lectrices apprécieront les réalisations coquines, étranges, cocasses ou amusantes, selon les dispositions de chacun et les présentations faites dans ces petits ouvrages très illustrés, qui nous livrent aussi les fantaisies imaginaires ou fantasmatiques de ces artistes.

La série à notre disposition ne compte actuellement que les œuvres d’artistes masculins. Mais il existe aussi des artistes féminines (Manon Oligny, Kim Thúy par exemple) qui auront peut-être droit un jour à leur publication.

Publicité

Et par ailleurs, des artistes dont les noms sont bien connus ont aussi livré des tableaux très osés (Modigliani, Klimt, Renoir, Courbet, Le Titien, Ingres, etc.), mais il s’agit de tableaux et non de simples illustrations comme celles contenues dans les livres de Taschen, qui suggèrent sans trop en révéler.

Certaines de ces représentations figuraient sur la couverture de magasines, invitant à les acheter pour en connaître davantage. C’est l’effet suggestif bien connu des publicitaires et des publicités en tout genre.

Alberto Vargas (1898-1982)

Né au Pérou en 1896, Alberto Vargas est le fils d’un photographe au coup d’œil judicieux dont il s’inspirera très tôt dans des caricatures. Ses parents l’envoient faire des études en Europe. Il visite musées et galeries d’art. Lors d’une visite au Louvre, fasciné par des toiles d’Ingres, il se découvre une vocation de peintre.

En 1916, la Première Guerre mondiale l’oblige à quitter l’Europe. Pour regagner le Pérou il doit passer par New York et, séduit par les beautés féminines qu’il y voit, il décide de rester aux États-Unis.

Ses premiers travaux commencent à attirer l’attention. En 1919 il est engagé par un organisateur de spectacles visant à glorifier la féminité. Il demande à Vargas de mettre en vedette en faisant leur portrait les actrices de ses spectacles. «Selon la légende il aurait enseigné à Alberto Vargas la délicate nuance entre un nu et un portrait ayant style et classe.» Ainsi seraient nées les pin-up célèbres en leur temps.

Publicité

Il a eu la chance de rencontrer et peindre «les plus belles actrices de l’Hollywood de l’âge d’or et les plus belles femmes des États-Unis pour trois générations. Il a mis en valeur la beauté de la femme américaine d’une telle façon qu’elle a fait fantasmer plusieurs générations d’hommes. L’État lui a même décerné une décoration pour son travail.

Toujours à la recherche de la perfection absolue… plus que la beauté physique Alberto Vargas n’a jamais oublié de nous montrer la beauté de l’âme de ses modèles. C’est ce détail qui fait de lui l’un des plus grand illustrateur du siècle dernier (le XXe).» (Galerie d’Art, Internet)

Le lecteur peut s’en faire une idée en parcourant les 180 pages de reproductions en couleur des œuvres de Vargas du temps de la Deuxième Guerre mondiale, qui figuraient dans le paquetage des militaires pour leur maintenir le moral et leur donner un gage de victoire.

Peter Driben (1903-1968)

Nous avons quelque peu insisté sur le «cas Vargas», à la fois pour définir ce genre artistique et pour montrer comment un artiste peut s’y intéresser et s’y adonner.

Publicité

Le petit livre des éditions Taschen consacré à Peter Driben est semblable au précédent par son format, mais diffère par son contenu. Né à Boston et décédé à Miami Beach, il a probablement été l’aristé le plus connu par ses couvertures colorées de magazines, dont le livre de Taschen en reproduit un très grand nombre.

Gil Elvegren (1914-1980)

Peintre d’affiches publicitaires pour de grandes marques commerciales des États-Unis des années 1930 à 1960, Gil Elvegren reçoit commande de calendriers de pin-up. Il photographie les modèles, puis les peint avec «un hyperréalisme légèrement exagéré au niveau de la longueur des jambes, de la chevelure et de la poitrine». Ces peintures étaient ensuite reproduites à des milliers d’exemplaires. L’ouvrage de Taschen en donne une bonne idée.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur