L’entrepreneuriat féminin, une affaire d’ambition

Un Cercle des millionnaires au MOFIF

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Le Café des millionnaires du Mouvement ontarien des femmes immigrantes francophones se réunira plusieurs fois dans l’année. Photo: MOFIF
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Publié 24/07/2023 par Clément Lechat

Des acteurs communautaires se mobilisent pour faire tomber les barrières qui restreignent l’ambition des femmes entrepreneures immigrantes et franco-ontariennes. Nous vous proposons un tour d’horizon des solutions.

Née de parents haïtiens à Montréal, Ruth Dorsainville a connu une ascension fulgurante qui l’a menée jusqu’à Wall Street, à New York. Celle qui a un temps vécu dans un refuge pour femmes est désormais PDG de son cabinet de conseil et de recrutement axé sur la diversité et l’inclusion, DNA Diversity Executive Search.

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Ruth Dorsainville, la mentore du Cercle des millionnaires, capitalise sur son expérience en entrepreneuriat pour guider d’autres femmes vers le succès. Photo: courtoisie

Des histoires à succès comme celle-ci, le Mouvement ontarien des femmes francophones (MOFIF), basé à Toronto, souhaite en voir encore davantage chez les Franco-Ontariennes. C’est pourquoi Ruth Dorsainville est devenue la mentore du «Cercle des millionnaire», un nouveau programme accélérateur du MOFIF qui accompagne pendant un an les entrepreneures résolues à atteindre un million de dollars ou plus de chiffre d’affaires.

La proportion d’entreprises majoritairement dirigées par des femmes au Canada est passée de 15,6 % en 2017 à 18% en 2023, selon le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE). Leur taux de survie est néanmoins inférieur à celui des entreprises détenues par des hommes.

Exploiter le plein potentiel de l’entrepreneuriat

«Pour réussir, l’entrepreneuriat demande une posture claire. On y est pour gagner», affirme sans détour Carline Zamar, la directrice générale du MOFIF. «On veut vraiment dire aux femmes immigrantes qu’on ne rentre pas en affaires pour des miettes», insiste-t-elle.

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Carline Zamar est à la tête du MOFIF depuis 2019. Photo: courtoisie

Carline Zamar est convaincue que les femmes immigrantes devraient pouvoir tirer un plus grand profit leurs compétences, surtout lorsque celles-ci ne sont pas toujours reconnues sur le marché de l’emploi salarié. L’entrepreneuriat est souvent vu comme une solution à ce problème, mais il reste pour certaines femmes une activité d’appoint dont le potentiel n’est pas pleinement exploité.

Conquérir des parts de marché conséquentes, mettre le grappin sur des clients très rémunérateurs et s’ouvrir à l’international sont tout autant d’objectifs du Cercle des millionnaires. Moyennant 75 dollars de frais d’adhésion, ses membres reçoivent formations, du mentorat et participent à des activités de groupe pour propulser leurs entreprises en phase de croissance.

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Raymonde Beugré. Photo: courtoisie

Compte tenu des coûts de fonctionnement, des salaires, ou encore des taxes et impôts, viser un million de dollars de chiffre d’affaires est un objectif nécessaire afin de vivre dignement de son affaire au Canada, estime Raymonde Beugré, coordinatrice du programme d’entrepreneuriat féminin Envol au MOFIF.

Environ 65 femmes ont déjà rejoint la première cohorte du Cercle depuis sa création. Une centaine de personnes ont soumis leur candidature avant que les inscriptions ne ferment le 12 juillet. Le MOFIF ne cache pas qu’il s’agit d’un programme intensif. Il recommande donc d’y consacrer entre 1 et 2 heures par jour.

Combattre le syndrome de l’imposteur

«Les femmes immigrantes francophones cumulent beaucoup plus de défis», analyse Thuy Vuong Blais, coordinatrice de l’incubateur EntrepreneuriatSÉO à la Société Économique de l’Ontario (SÉO). Elle a observé que certaines femmes font face au syndrome de l’imposteur. Il se manifeste par un manque de confiance en soi, des doutes sur leurs capacités et une remise en en question leurs ambitions.

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Ce syndrome «est peut-être lié au système éducatif, et est parfois cumulé sur une grille culturelle. Les jeunes filles n’ont pas été habituées à être valorisées», explique Thuy Vuong Blais.

Celle-ci indique que les femmes provenant de cultures où on leur demande d’être plus réservées éprouvent parfois des difficultés à s’adapter à l’esprit entrepreneurial nord-américain. Les nouveaux arrivants manquent également d’un réseau, et parfois des codes pour en bâtir un, alors qu’il s’agit d’un élément clé de leur succès.

Thuy Vuong Blais est la coordonnatrice de l’incubateur EntrepreneuriatSÉO et l’un de ses membres fondateurs. Photo: courtoisie

Raymonde Beugré, qui est arrivée de Côte d’Ivoire en 2009, dit être très attentive aux différences culturelles qui influencent les capacités d’intégration dans le monde de l’entrepreneuriat canadien.

«En Côte d’Ivoire, lorsque tu salues un aîné, tu baisses la tête, alors qu’ici il faut regarder droit dans les yeux et donner une poignée de main ferme», raconte-t-elle. «Ça n’a l’air de rien, mais cela fait partie des choses que nous devons travailler».

«C’est comme une montagne qui se dresse devant elles», résume Thuy Vuong Blais. «Notre rôle à la SÉO n’est pas d’abattre cette montagne, mais de jalonner le parcours pour leur montrer que c’est faisable», estime-t-elle. L’organisme propose des ressources pour décrypter l’écosystème d’affaires, ses us et coutumes et son langage.

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Des modèles inspirants

Selon Carline Zamar, il est nécessaire que des modèles d’entrepreneures inspirantes soient davantage mis de l’avant pour donner du courage à celles qui veulent se lancer dans l’aventure. Mais ces exemples doivent également être plus diversifiés, afin que toutes les femmes puissent s’identifier.

«Il ne faut pas voir les femmes comme un groupe homogène, spécialement les femmes immigrantes. Il y a énormément de diversité», explique la directrice générale.

Le «Café des millionnaires», un groupe de réseautage du Cercle qui se réunira périodiquement, sera notamment l’occasion pour de découvrir des entrepreneures à succès de l’Ontario et du Québec ayant atteint ou dépassé un chiffre d’affaires d’un million de dollars.

Elles viendront parler de leur parcours et des défis rencontrés dans des domaines variés, incluant l’agroalimentaire, les technologies et la coiffure.

Thuy Vuong Blais partage elle aussi l’importance des modèles inspirants, mais indique que même des initiatives de plus petite envergure méritent d’être mises en lumière. «Si on démultiplie ces modèles-là, ces histoires à succès, ça va forcément en inspirer d’autres», insiste-t-elle. «Pas besoin que la femme soit PDG d’une entreprise qui génère 50 millions $ par an».

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Un gala en 2024

Pour valoriser les entrepreneures, et cela peu importe l’avancement de leur affaire, le Cercle des millionnaires publiera tous les mois un portrait et une vidéo présentant une participante du programme.

Le MOFIF organisera également un gala en 2024 lors duquel la première cohorte sera mise à l’honneur, dans l’espoir que ses membres deviennent à leur tour des exemples pour la prochaine génération d’entrepreneures franco-ontariennes.

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