Entente internationale secrète autour des ordinateurs quantiques

ordinateur quantique
Dans le Quantum Lab de Google, à Santa Barbara en Californie. Photo: iStock.com/John D
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Publié 19/07/2024 par Kathleen Couillard

Ces derniers mois, plusieurs pays ont adopté simultanément des règlements presque identiques pour restreindre les exportations d’ordinateurs quantiques. Mais sans expliquer les raisons derrière ces nouvelles réglementations.

Le 31 mai dernier, le Canada a ainsi interdit par décret l’exportation d’ordinateurs quantiques avec une puissance supérieure à 34 qubits physiques et avec un taux d’erreur inférieur à un certain seuil.

Le Royaume-Uni, la France en février, tout comme d’autres pays de l’Union européenne, ont aussi mis en place cette année de telles limites à l’exportation, révélait le New Scientist dans un reportage paru le 3 juillet. Dans tous les cas, la formulation des lois ou des décrets était étonnamment ressemblante, ce qui suggère que ces pays se sont concertés.

L’Arrangement de Wassenaar

Selon l’enquête du New Scientist, ces limitations sur les exportations d’ordinateurs quantiques seraient le résultat de discussions secrètes menées entre plusieurs gouvernements.

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Un porte-parole de l’ambassade française à Londres a expliqué au magazine britannique que ces discussions s’inscriraient dans le cadre d’une entente de 1994 appelée l’Arrangement de Wassenaar — du nom de la ville des Pays-Bas où il avait été créé.

Regroupant 42 États, son objectif est de limiter les transferts d’armes conventionnelles à travers le monde et de technologies pouvant servir à développer de nouvelles armes. Ce faisant, l’entente cherchait à éviter qu’un État ou un groupe armé accroisse de façon démesurée sa capacité militaire.

Les États-Unis, qui sont un de ces 42 pays, n’ont pas adopté un semblable décret cette année.

Protéger la cryptographie

L’Arrangement de Wassenaar couvre donc aussi ce que l’on appelle les biens et technologies à double usage, c’est-à-dire conçus pour un usage civil, mais qui pourraient être détournés à des fins militaires. Les ordinateurs quantiques entrent dans cette catégorie.

En effet, un ordinateur aussi puissant pourrait théoriquement briser toutes les formes de cryptographie utilisées actuellement. Il pourrait donc être utilisé pour accéder à des renseignements secrets qu’un pays possède et qui pourraient nuire à sa sécurité ou à celle de ses alliés.

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Pourquoi viser les ordinateurs quantiques?

Mais pourquoi viser plus particulièrement les ordinateurs quantiques avec une puissance supérieure à 34 qubits?

Les gouvernements contactés par le New Scientist ont refusé de révéler les arguments scientifiques derrière ces décisions, ou même si de tels arguments existent. En effet, dans le cadre de l’arrangement de Wassenaar, toutes les délibérations sont confidentielles.

En entrevue pour le New Scientist, un expert des ordinateurs quantiques suggère que les paramètres choisis pourraient être en lien avec le seuil de puissance à partir duquel il n’est plus possible de simuler un ordinateur quantique sur un ordinateur traditionnel.

Cependant, pour l’instant, même les ordinateurs quantiques les plus avancés ne sont pas encore en mesure de décoder les techniques actuelles de cryptage.

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Auteurs

  • Kathleen Couillard

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

  • Agence Science-Presse

    Média à but non lucratif basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada.

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