Elliot Page, le plus célèbre trans canadien

Elliot Page, Pageboy
Elliot Page, Pageboy, autoportrait d'un artiste, traduit de l’anglais par Marie Brazilier, Paris, Éditions Kero, 2023, 288 pages, 34,95 $. À droite: Ellen Page dans le film Juno, sorti en 2007.
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Publié 09/09/2023 par Paul-François Sylvestre

La personnalité canadienne trans la plus connue est sans conteste Elliot Page, né Ellen Page en 1987 en Nouvelle-Écosse. Page a connu une ascension fulgurante au sein de l’industrie du cinéma. Il raconte son parcours dans un autoportrait intitulé Pageboy.

Même si Page a été fille et lesbienne avant de devenir trans, tout l’autoportrait est écrit au masculin: «j’étais subjugué, envoûté». C’est à titre d’Ellen Page qu’il a eu une nomination aux Oscars comme meilleure actrice dans la comédie dramatique Juno (2007).

Avec le succès de Juno, Page est fortement invité par les professionnels du cinéma à cacher son identité queer. Sinon, «ça me desservirait, on me proposerait moins de rôles. C’était pour mon bien. Alors j’ai porté des robes, mis du maquillage.»

Renier son identité

Page sait, cependant, que son succès repose sur sa capacité à ignorer sa différence et à renier son identité profonde. «Je taisais sans cesse la vérité de peur d’être banni, mais j’étais déprimé, piégé dans une mascarade lamentable.»

Dès l’âge de six ans, Ellen avait demandé à sa mère si elle pouvait être un garçon. «Non, chérie, tu es une fille, mais tu peux faire tout ce que font les garçons.» Six ans plus tard, la puberté la changera en un personnage qu’elle ne veut pas jouer.

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À 28 ans, Page fait son «coming out lesbien». Il explique comment Hollywood ne comprend pas la complexité d’une sortie du placard, «la multitude des secrets enfouis que cela induit. Hollywood est insensible aux conséquences de son fonctionnement.»

Chez le psy

Page note qu’il lui a fallu dix ans avant de pouvoir aborder la question de genre. Le sujet était trop sensible. Il lui fallait prendre le temps de s’écouter. «J’ai dû atteindre le moment où, poussé à bout, je n’ai plus eu le choix.»

Elliot écrit qu’il n’a jamais été une fille, qu’il ne sera jamais une femme.

C’est dans un cabinet de psy qu’il passe de l’impossibilité d’assumer son homosexualité à un sentiment de perplexité et de colère «face à toute la merde que j’avais dû encaisser pendant si longtemps, parce que cacher mon identité queer était considéré comme le statu quo, et ma douleur comme une conséquence naturelle».

Opération à 33 ans

La dysphorie de genre le préoccupe au plus haut point et il finit par embrasser à bras-le-corps sa transidentité. À 33 ans, il subit une opération pour se faire retirer les seins.

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Le 1er décembre 2020, Page fait son coming out trans et non binaire, précisant son choix d’utiliser le prénom Elliot et d’être désigné par le pronom masculin il.

En mars 2021, Page devient la première personne ouvertement trans à faire la une du magazine Time.

Récit intimiste

Je note, en passant, que la mère de Page était bilingue et enseignait le français. Elliot lui reproche de ne pas lui avoir parlé français durant son enfance, mais avoue que les langues n’étaient pas son fort.

Dans ce récit intimiste, d’une grande sensibilité, Elliot Page nous fait part de ses réflexions sur l’enfance, l’amour, le sexe et l’identité. À travers des moments sombres ou joyeux, il se livre avec sincérité et justesse dans un autoportrait singulier et bouleversant.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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