Élections fédérales: 20 circonscriptions à surveiller pour les francophones

La Chambre des Communes du Parlement canadien. Photo: Martin Lipman, Bibliothèque du Parlement
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Publié 07/09/2019 par Francopresse

Lors des dernières élections fédérales, 14 candidats de langue maternelle francophones ont remporté des sièges à l’extérieur du Québec.

En vue du prochain scrutin, le 21 octobre, il est intéressant de se demander à quoi pourrait ressembler la prochaine délégation de députés issus des communautés francophones à partir d’un tour d’horizon des circonscriptions où des candidats francophones semblent avoir de réelles chances de l’emporter.

Les projections présentées ici par Guillaume Deschênes-Thériault, doctorant en études politiques à l’Université d’Ottawa, sont tirées du site 338Canada.com, qui propose un modèle statistique de projection électorale basé sur les tendances électorales, l’évolution démographique et les sondages politiques. Les données utilisées ont été mises à jour à la fin août.

Dans l’Ouest

L’Alberta pourrait bientôt ne plus avoir de député franco-albertain aux Communes. Il est difficile d’imaginer comment le libéral Randy Boissonnault pourrait conserver son siège dans une province où la popularité de son parti est au plus bas. Son adversaire conservateur dispose d’une avance de plus de 20 points sur lui.

Randy Boissonnault

Le Manitoba compte actuellement deux députés fédéraux francophones, ce qui ne devrait pas changer après les élections.

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Les libéraux et les conservateurs sont au coude-à-coude dans la circonscription de Saint-Boniface – Saint-Vital, qui est celle avec la plus grande proportion de francophones dans l’Ouest canadien. Le député libéral sortant est le Franco-Manitobain Dan Vandal qui aura pour principale adversaire la conservatrice Réjeanne Caron, elle aussi francophone.

Dans la circonscription de Winnipeg-Centre, le libéral Robert-Falcon Ouellette, autochtone d’origine et francophone, est en bonne position pour être réélu. Fait intéressant, en janvier dernier, il a présenté le premier discours en langue autochtone interprété aux Communes.

Robert-Falcon Ouellette prononçant le premier discours en langue autochtone aux Communes.

En Ontario

Cinq sièges sont présentement détenus par des Franco-Ontariens aux Communes. Ce nombre, qui a déjà été plus élevé par le passé, pourrait augmenter à la suite du scrutin d’octobre.

Mona Fortier

Le député libéral sortant de la circonscription Glengarry – Prescott – Russell, Francis Drouin, jouit d’une avance confortable sur son plus proche rival, Pierre F. Lemieux, du Parti conservateur.

Il en va de même pour le libéral Paul Lefebvre dans la circonscription de Sudbury qui devance les néo-démocrates d’une dizaine de points.

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Dans Ottawa-Vanier, la libérale Mona Fortier est loin devant la néo-démocrate Stéphanie Mercier et le conservateur Joël Bernard dans les intentions de vote.

Dans la circonscription de Nickel Belt, une lutte chaude semble se dessiner entre le député sortant, Marc Serré du Parti libéral, et le chanteur franco-ontarien Stef Paquette du NPD.

Stef Paquette

Dans la circonscription d’Algoma– Manitoulin – Kapuskasing, la néo-démocrate Carol Hugues jouit d’une avance confortable. Elle pourrait devenir l’une des principales voix pour la francophonie au sein du caucus de son parti cet automne dans un contexte où plusieurs de ses collègues sont en difficulté.

La circonscription d’Orléans, qui a déjà été représentée par des francophones par le passé, pourrait bientôt l’être à nouveau. Les libéraux sont en bonne posture pour conserver ce siège pour lequel l’ancienne ministre provinciale des Affaires francophones Marie-France Lalonde est candidate à l’investiture du parti.

Marie-France Lalonde

Enfin, dans la circonscription de Timmins – Baie James détenue par le néo-démocrate Charlie Angus (dont l’anglais est la seule langue de correspondance affichée sur le site du Parlement), la libérale Michelle Boileau pourrait causer la surprise si la descente du NPD se poursuit.

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À l’heure actuelle, cela semble toutefois peu probable puisque le député sortant dispose d’une avance confortable dans les sondages en plus d’être devenu une figure d’avant-plan de son parti depuis sa première élection en 2004.

En Atlantique

Cinq des dix sièges au Nouveau-Brunswick sont détenus par des francophones. Les sondages laissent présager que ce chiffre pourrait baisser à quatre lors des prochaines élections.

Les Acadiens et députés libéraux sortants Serge Cormier dans Acadie–Bathurst, Dominic LeBlanc dans Beauséjour et René Arseneault dans Madawaska – Restigouche, disposent d’avances confortables sur leurs adversaires.

Dominic LeBlanc

Dans Moncton – Riverview – Dieppe, la réélection de la ministre Ginette Petitpas Taylor semble plus incertaine. Bien qu’elle soit en tête, elle est talonnée de près par la conservatrice Sylvie Godin-Charest, elle aussi francophone.

Pour sa part, le francophone Pat Finnigan est en difficulté dans la circonscription de Miramichi– Grand Lake, devancé par son adversaire conservatrice par plus d’une quinzaine de points. Les libéraux ne semblent toutefois pas avoir jeté l’éponge, comme en témoigne les visites de Justin Trudeau et de Mélanie Joly à Miramichi au cours de la dernière année.

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En Nouvelle-Écosse, il est probable que le nombre de députés fédéraux acadiens passe d’un à deux.

La faiblesse du NPD risque de jouer en faveur de l’Acadien Darrel Samson du Parti libéral qui est candidat à sa réélection dans la circonscription de Sackville – Preston – Chezzetcook, un ancien château-fort néo-démocrate.

Chris d’Entremont

La circonscription de Nova-Ouest sera particulièrement intéressante à surveiller le soir des élections. Le représentant des libéraux, l’Acadien Jason Deveau de la Baie-Sainte-Marie, dispose d’une avance d’une dizaine de points sur les conservateurs. Toutefois, il fait face à un adversaire de taille, l’Acadien Chris d’Entremont, qui est un député provincial de longue date.

Dans le cas de l’élection d’un gouvernement conservateur, ce dernier aurait de très bonnes chances d’être nommé au cabinet. Il a été à la tête de plusieurs ministères au niveau provincial, dont la Santé et les Finances, en plus d’avoir joué un rôle clé dans plusieurs dossiers d’importance pour la communauté acadienne néo-écossaise, dont l’adoption de la Loi sur les services en français en 2004.

Au Québec

Enfin, il est pertinent d’aborder le cas de quelques circonscriptions québécoises, puisque les responsables du dossier des langues officielles et de la francophonie des trois principaux partis représentés aux Communes lors de la dernière législature sont du Québec.

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Mélanie Joly

La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, domine les sondages dans sa circonscription d’Ahuntsic – Cartierville. Elle pilote notamment le dossier de la modernisation de la Loi sur les langues officielles pour le gouvernement Trudeau et s’est imposée comme principale figure d’opposition au gouvernement Ford de l’Ontario en matière de francophonie sur la scène politique fédérale.

François Choquette, porte-parole néo-démocrate pour les langues officielles, s’est fait remarquer pour son excellente maîtrise du dossier et sa défense des francophones à l’échelle du pays. Il est notamment le premier québécois à avoir été sélectionné dans le cadre du Palmarès Francopresse des personnalités influentes de la francophonie canadienne.

Les probabilités qu’il soit réélu sont très faibles. Il est présentement cinquième dans sa circonscription de Drummond et récolte à peine 10% des intentions de vote.

Alupa Clarke

Enfin, en ce qui concerne le conservateur Alupa Clarke, ministre du cabinet fantôme pour les Langues officielles et la Francophonie de l’Opposition officielle, il est en tête dans la circonscription de Beauport – Limoilou.

Si la tendance se maintient…

En somme, si les tendances actuelles se maintiennent, il semble que le nombre total de députés francophones de l’extérieur du Québec ne devrait pas changer de manière importante, malgré l’arrivée de nouveaux visages et de possibles changements d’allégeance politique dans certaines circonscriptions.

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Mentionnons aussi que tous les chefs de parti – Justin Trudeau, Andrew Scheer, Jagmeet Singh, Elizabeth May, Maxime Bernier, Yves-François Blanchet – sont francophones (langue première) ou francophiles (langue seconde), comme presque tous les candidats au Québec, et que plusieurs candidats anglophones d’un océan à l’autre peuvent aussi, à divers degrés, s’exprimer en français.

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