Si vous connaissez Andrée Christensen, vous savez qu’elle est poète, romancière, artiste visuel et… jardinière. Son jardin d’une acre à Ottawa a déjà fait l’objet d’un reportage à TFO; il est maintenant source d’un recueil de poésie intitulé Racines de neige. Pas étonnant, car l’auteure estime qu’«on ne jardine pas uniquement avec ses mains et ses sens, mais également avec ses désirs, son âme et ses rêves».
Andrée Christensen a d’abord écouté le silence de son jardin, qui s’est transformé en «musiques inaudibles», puis l’a regardé pour découvrir que son obscurité lui «révélait une la source de sa lumière».
Le recueil est abondamment illustré. En utilisant le papier de riz et des pochoirs, l’auteure-artiste a créé des monotypes qui sont devenus des collages lorsqu’elle s’est mise à appliquer des éléments organiques tels que des coquilles d’œufs, des aiguilles roussies de cèdre, des plumes d’oiseaux, des brindilles, des grains de sel et des fils de corde. Le recueil devient dès lors une éclosion de nature et de littérature.
Le jardin est là «pour participer au miracle / du premier printemps / épouser l’énigme / de l’invisible promesse».
Quand Andrée Christensen regarde son jardin et que ce dernier la regarde le regarder, «son arbre nu respire en elle et un poème trace un sentier dans la neige».
Les poèmes publiés dans Racines de neige peuvent aussi bien parler de «la mandorle de nuit», des «capillaires du ciel» ou de «la danse chamanique des abeilles nocturnes». L’auteure aime le mot juste, même si ce mot est rare et déstabilisant pour le commun des lecteurs et lectrices.