Du nouveau dans la lutte antidopage? Pas si simple…

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 27/07/2010 par Odile Clerc (Agence Science-Presse)

Le Tour de France 2010 ne fera pas exception! Comme chaque année, il suscite de nombreuses questions au sujet du dopage. Et depuis l’annonce faite par la justice américaine de convoquer des témoins, dont Lance Armstrong, devant un grand jury suite aux accusations de Floyd Landis, la question de la validité des performances est sur toutes les lèvres. Comment est-il humainement possible d’atteindre des vitesses toujours plus élevées, comme celle d’Alberto Contador, qui a parcouru 8,5 km en montée à plus de 24 km/h pendant le Tour de France 2009, sans être dopé?

Qu’il soit avéré ou nié, chimique ou mécanique – le Suisse Fabian Cancellara est soupçonné d’avoir utilisé un moteur électrique lors de deux courses — chacun sait que le dopage est devenu une pratique courante dans le cyclisme, et ailleurs.

«Il est très facile de se procurer de l’EPO – une hormone qui stimule la production de globules rouges — certains pays en vendent librement, précise Christiane Ayotte, directrice du laboratoire antidopage de Montréal. Finalement, la lutte antidopage ressemble au jeu du chat et de la souris, les athlètes savent à l’avance quand et quels examens de sang et d’urine ils vont subir!».

Comment alors, dans ce contexte, améliorer la lutte antidopage? En s’appuyant sur des critères physiologiques, proposent l’entraineur Antoine Vayer ou le coureur Greg LeMond, triple vainqueur du Tour de France.

Une affaire de calcul

Pour eux, il suffirait de déterminer, par calcul mathématique, la consommation maximale d’oxygène et la puissance de pédalage de chaque coureur en plein effort et de comparer ces valeurs à celles évaluées lors de leurs performances en situation de compétition.

Publicité

Tout écart significatif serait un indice de dopage possible. Une nouvelle stratégie antidopage que le gouvernement français étudie de près, comme l’indique le New Scientist dans un article daté du 30 juin dernier.

Cependant, ces marqueurs, pertinents d’un point de vue biologique, ont leurs limites sur le plan scientifique, philosophique et juridique.

Comme l’écrit Guy Thibaut, conseiller en recherche auprès du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, dans le magazine Top Vélo, «les erreurs d’estimation de la puissance de pédalage ne découlent pas d’une erreur de la formule, mais plutôt des approximations des données qu’on y entre: vitesse et direction du vent, indice de rugosité du revêtement et de friction de la chaîne, etc.».

De plus, fixer une limite maximale de puissance pour chaque coureur est contradictoire avec l’idée de dépassement de soi propre à la compétition.

Méfiance

Mêmes réticences de la part de Christiane Ayotte pour qui les données physiologiques sont trop subjectives pour être recevables en cas de procès. «Il faudrait plutôt améliorer l’efficacité des contrôles de sang et d’urine. Mais le problème est complexe, il reflète notre propre incohérence. Pourquoi encourage-t-on la prise de dopants chez les jeunes athlètes? Quels messages communique-t-on par exemple à travers le Amgen Tour of California, sachant que le groupe Amgen commercialise de l’EPO? Il faut travailler sur la mentalité et l’éducation auprès des enfants, de leurs parents et des entraineurs».

Publicité

Le dopage ne fait-il finalement pas l’affaire de tous, commanditaires, industrie pharmaceutique, médias et téléspectateurs compris?

www.sciencepresse.qc.ca

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur