Éric Simard travaille aux Éditions du Septentrion qui se spécialisent dans l’histoire du Québec. Il dirige aussi une collection de romans (Hamac). Lui-même auteur de quatre ouvrages, il vient de publier son journal des années 1990: Le Mouvement naturel des choses. Il consigne au fil des mois ce qui l’a façonné et transformé subrepticement.
Le journal commence en janvier 1989, mois où Éric Simard fête ses vingt ans, et se termine en décembre 1997. Le lecteur assiste aux questionnements, aux doutes, aux espérances, aux défaites et aux élans d’un jeune homosexuel qui cherche désespérément l’âme-frère. Il est aussi bien question de rencontres probables et réelles que d’aventures improbables et fictives.
La littérature et le cinéma sont les deux formes d’art qui captivent au plus haut point le jeune écrivain. «Sans la culture, je ne sais pas ce que ma vie serait, ce que je deviendrais.» Chaque année, en septembre, il voit des dizaines de films lors du Festival des films du monde. Il cite 97 films dans son journal, 40 romans et 17 pièces de théâtre.
Au sujet de Kieslowski, il note simplement que ses films le rendent heureux. «Ça doit être parce qu’ils vont au fond des choses.» Dans le cas de Robert Lalonde, il souligne «la sensibilité qu’on perçoit à travers cette écriture pleine d’humanité». Et au sujet d’Hervé Guibert, il avoue que la «vérité crue» de ses textes va le chercher au plus profond de ce qu’il est «d’une manière brute, vive, presque brûlante».
Parlant de Guibert, l’auteur signale que la «maudite maladie» l’a emporté à trente-six ans seulement. «Qu’on soit jeune, beau et talentueux, le sida s’en fout, il tue.» Éric Simard écrit que le sida serait davantage dans les nouvelles si les victimes étaient majoritairement hétérosexuelles.
L’auteur est gai et ne s’en cache pas depuis belle lurette. Cela ne l’empêche pas de cruiser des hommes qui se disent bisexuels: «Il fallait que je tombe sur un autre ambivalent qui n’est tout simplement pas capable d’assumer son homosexualité. […] Je n’ai pas l’intention de m’embarquer dans une relation avec un gars incapable de se brancher.» Simard note, en passant, que durant son adolescence Boy George lui «a servi de modèle, rien de moins.»