Deux séries et un film sur Netflix et ChaiFlicks

Périodiquement dans l-express.ca, l’équipe de Cinéfranco, le festival torontois du film francophone qui vient de fêter son 25e anniversaire, partage avec vous des suggestions de films ou de séries sur les plateformes Netflix, Apple, Amazon, Crave, HBO, Disney et d’autres.

Voici deux séries et un film disponibles ce mois-ci. (Et un bonus à la fin!)

EN PLACE

Le réalisateur et acteur principal du film Simplement noir, Jean-Pascal Zadi (César 2021 du Meilleur espoir masculin) récidive dans son plaidoyer humoristique de la situation des noirs en France avec la série En Place, créée par François Uzan.

On en a pour une saison de 6 épisodes de 30 minutes sur Netflix.

Sous les traits de Stéphane Blé, animateur de maison de jeunesse de quartier, Jean-Pascal Zadi va s’ériger en candidat à la présidentielle!

«Ça sert à quoi de se relever les manches s’il faut baisser son froc?», lance Stéphane Blé à Éric Andreï, lui aussi candidat de la gauche, en campagne électorale dans son quartier. Il attire alors les médias friands de ses formules-chocs «manger bien pour rien», «Fraternité, égalité, sécurité»…

Éric Andreï tente de saboter les ambitions de son adversaire trop envahissant. Il arrive à convaincre la femme, le cousin, le chef de campagne de Stéphane.

Des scènes hilarantes et saugrenues parcourent la série. «Gospel» entonné par Stéphane dans la France profonde d’un village de Corrèze. Gêne vis-à-vis du hijab. Piques envers les Juifs et les Arabes. Une blessure testiculaire… Tout y passe sans discrimination!

Les mésaventures sont imbues d’humour aidé par la présence de poids lourds de la comédie, comme Éric Judor et son parler créole, Benoît Poelvoorde et ses méchants complots, Marina Foïs en candidate écolo «D’En vert et contre tous» LGBTQ et ultra féministe.

Les comédiennes qui entourent Zadi sont superbes, comme Fadily Camara, son épouse, Salimata Kamate, sa mère, ou Souad Arsane, sa cheffe de campagne. Fous rires garantis!

POURRIS GÂTÉS

Dans la famille Bartek, il y a le père Francis, riche homme d’affaires, et il y a ses enfants: Philippe, l’aîné aux idées commerciales foireuses; Stella, la dépensière; et le petit dernier, Alexandre, pseudo anarchiste aimant bien les femmes et la richesse de son père.

Las de voir ses enfants gaspiller le fruit de son labeur, Francis décide de leur donner une leçon de vie. Croyant être ruinés et passibles de prison pour détournement de fonds, les enfants Bartek emménagent dans une vieille maison avec leur père qui les force à travailler pour manger.

Gagner sa vie est la galère qui fait rire. Une scène hilarante oppose Philippe (joué à la perfection par Artus), à une agente de pôle emploi à qui il demande sérieusement un poste de cadre supérieur avec voiture de luxe… alors qu’il n’a aucune qualification.

Autour de Gérard Jugnot en père aimant, les acteurs s’en sortent bien. Comme Camille Lou, totalement ignorante de la valeur de l’argent. Mais c’est Tom Leeb, son amoureux argentin, qui amuse le plus avec ses accents étrangers et son charme d’escroc.

Cette comédie sympathique est une adaptation libre du film mexicain Nosotros Los Nobles.

Diffusée dans le monde sur Netflix sous le titre Spoiled Brats, elle a occupé la première place du classement des oeuvres non-anglophones les plus regardées pendant plus d’une semaine lors de son lancement.

Sans être original, Pourris Gâtés procure des petits moments de rire qui détendent.

LA DUCHESSE DE VARSOVIE

Le jeune Valentin, peintre en manque d’inspiration, retrouve Nina, sa grand-mère, à Paris où ils passent quelques jours ensemble.

Les premiers échanges chamailleurs entre grand-mère et petit-fils révèlent un lien affectif fort qui va réveiller les souvenirs «en camp… en camp de vacances» enfouis dans la mémoire de Nina.

Dans ce film offert sur ChaiFlicks, les deux personnages se promènent dans un Paris fantasmé à la Gigi de Vincente Minelli. Les cafés, les jardins, les rues sont des toiles peintes qui servent de décor. Les couleurs sont vibrantes.

La vue du balcon de l’appartement avec sa Tour Eiffel scintillante semble sortie d’un tableau de Marc Chagall. Comme d’ailleurs l’intérieur de l’appartement qui ressemble aux peintures de Duffy ou de Matisse.

Alors que Valentin s’épanche sur sa vie sentimentale et que Nina évoque son apprentissage de la langue française, le décor disparaît.

C’est sur un fond noir que Nina se rappelle les horreurs des camps nazis (basées sur l’expérience de la mère du réalisateur). Ses yeux bleu vert, qu’on devine rougis par les larmes, percent la caméra avec une intensité saisissante.

Alexandra Stewart, dont le rôle était écrit pour Jeanne Moreau, est d’une élégance et d’une sensibilité remarquables. Andy Gillette lui emboîte le pas avec son regard tendre et plein d’interrogation. Ces deux personnages «vivants» évoluent au milieu de personnages dessinés non animés dont on entend les voix.

Le réalisateur Joseph Morder instaure une atmosphère dont le style esthétique donne un élan dramatique à son devoir de transmission de la Shoah. Un beau film surprenant!

Cinéfranco en mars

À noter que Cinéfranco présente ce mois-ci une triple programmation:

la suite du festival Jeunesse Écoles au cinéma Cineplex Empress Walk les 1er, 2 et 3 mars;

Familles en ligne du 10 au 12 mars;

et Mois de la Francophonie au Varsity (Simone, Le voyage du siècle le 8 mars) et au Royal (La Brigade le 22 mars).