Des organes de porc pour les humains: pas pour tout de suite

organes de porc
Opération chirurgicale. Photo: Wikimedia Commons
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Publié 12/06/2024 par Agence Science-Presse

La première personne à avoir reçu un rein de porc aura survécu deux mois à la transplantation. Une nouvelle qui n’étonne pas — l’homme savait que ses chances de survie étaient minces et les médecins savaient être en territoire inconnu — mais qui rappelle que la route est encore longue et incertaine.

En 2022 et 2023, c’étaient les deux premières transplantations d’un cœur de porc qui avaient attiré l’attention — et les deux personnes avaient respectivement survécu 60 et 40 jours. Le porc est ciblé entre autres parce la taille et l’anatomie de ses organes ressemblent aux nôtres.

Mais il y a longtemps que des médecins espèrent que la transplantation d’organes d’animaux – ou xénotransplantation – sera une planche de salut pour ceux qui attendent désespérément un don d’organe.

Éviter les rejets

Des expériences sur des primates ont été menées dans la dernière décennie, notamment en tentant de profiter des avancées en matière de manipulation génétique. L’idée étant d’identifier la combinaison de gènes qui éviterait les rejets par notre système immunitaire.

Les résultats de ces expériences ont parfois été encourageants, mais la brève survie des trois premiers patients a montré aux plus enthousiastes que ce passage à l’humain n’était pas assuré.

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Et on en parle depuis plus longtemps encore, si l’on se rappelle qu’en décembre 1994, à l’Hôpital Royal Victoria de Montréal, des médecins avaient branché temporairement une patiente de 55 ans à un foie de porc — le temps que l’on puisse lui greffer le foie humain qu’elle attendait, quelques heures plus tard.

Leçons

Des médecins spécialistes de la xénotransplantation, interrogés par Nature, préféraient voir les leçons apprises de ces trois décès que la longueur du chemin à parcourir. Leçons qui vont du nombre de tests que l’organe du «donneur» doit subir jusqu’aux types de médicaments que les humains doivent recevoir pour limiter les risques de rejets ou d’infections.

«Je suis encouragé par le fait que nous sommes rendus aussi loin», déclare le chirurgien Robert Montgomery, de l’Université de New York. Il est l’un des 55 coauteurs d’une étude parue le 17 mai dans Nature Medicine et relatant les deux greffes de cœur.

Une quatrième xénotransplantation a eu lieu, le 12 avril, sur une patiente de 54 ans, Lisa Pisano: un rein cette fois. En entrevue avec des médias le 24 avril, elle disait se sentir bien. Aux dernières nouvelles à la mi-mai, elle était toujours en observation à l’hôpital.

Compassion

Aussi incertains que soient les résultats, ces quatre transplantations ont reçu l’autorisation de l’agence américaine (la FDA) chargée d’approuver les traitements médicaux, en vertu de ce que l’on appelle «l’accès compassionnel» — une autorisation d’urgence accordée à titre exceptionnel lorsque la vie d’une personne est à risque et qu’aucun autre traitement n’est disponible.

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Depuis 2022, des chercheurs réclament que la FDA aille à présent plus loin, et démarre de véritables essais cliniques.

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