Des mythes sur les ouragans

Il n’y pas de catégorie 6... mais il serait peut-être temps de l'ajouter

L’ouragan Irma le 5 septembre. (Photo: NASA)
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Publié 08/09/2017 par Pascal Lapointe

La semaine dernière, Harvey. Cette semaine, Irma. La semaine prochaine, peut-être José et Katia… Coup d’oeil sur quelques informations fausses ou très douteuses qui circulent sur les ouragans.

Catégorie 6?

Il n’existe pas de catégorie 6 sur l’échelle utilisée pour classer les ouragans (appelée Saffir-Simpson): celle-ci va de 1 à 5.

Mais ça pose problème: un ouragan est de catégorie 4 avec des vents se maintenant au moins une minute entre 209 et 251 km/heure, et il est de catégorie 5… avec n’importe quelle vitesse supérieure à 251 km/heure.

Or, même si le nombre et l’intensité des ouragans n’ont pas beaucoup varié au cours du dernier siècle, certains climatologues prédisent que les ouragans souffleront de plus en plus fort. Déjà, Irma a dépassé le 6 septembre les 300 kilomètres/heure, et l’ouragan Katrina en 2005 s’était maintenu aux environs de 280 km/heure pendant 18 heures.

Une catégorie 6 serait de mise, suggérait le Scientific American dès 2011.

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Un des problèmes est que lorsque l’échelle Saffir-Simpson a été conçue, il y a près de 50 ans, seules la force des vents et la pression atmosphérique étaient prises en considération. Ceux qui réclament une réforme suggèrent qu’on tienne également compte de la taille de la tempête, ou de l’ampleur des dégâts, ou des deux facteurs.

S’inscrivant symboliquement dans ce débat, l’an dernier, l’agence américaine des océans et de l’atmosphère (NOAA) a rebaptisé l’échelle Saffir-Simpson d’intensité des ouragans en Échelle Saffir-Simpson d’intensité des vents des ouragans.

L’Europe?

Les ouragans dont on parle beaucoup chaque année se forment entre juin et novembre dans l’Atlantique, à proximité de l’équateur.

Et très souvent, ils se forment plus près des côtes de l’Afrique que de celles de l’Amérique du Nord. Par conséquent, certains ne pourraient-ils pas effectuer un virage vers le nord qui les enverrait frapper les côtes espagnoles ou françaises?

Ça peut se produire, mais c’est rare: une violente tempête qui a frappé la Bretagne en octobre 1987 est souvent qualifiée d’ouragan. Des vents de plus de 210 km/heure, ce qui la placerait dans la catégorie 3.

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Toutefois, les météorologues débattent encore du terme exact qu’il faudrait lui attribuer. C’est que pour gagner en force et en stabilité, l’ouragan a besoin d’eaux chaudes, ce dont il ne peut bénéficier que si les vents le poussent vers l’Ouest, donc en le maintenant à proximité de l’équateur.

De l’autre côté du globe, les mêmes «phénomènes tourbillonnaires» naissent aussi dans les eaux chaudes des régions tropicales. On les appelle alors cyclones (dans l’océan Indien et le Pacifique Sud) ou typhons (dans le Pacifique nord-ouest).

Ouvrir ses fenêtres?

Selon le site de vérification des faits Snopes, l’idée – qui circule dans les médias sociaux – qu’entrouvrir quelques fenêtres permettrait «d’alléger la pression qui s’élève à l’intérieur de la maison pendant l’ouragan» est fausse.

Des observations superficielles ont pu jadis laisser croire que des maisons avaient «explosé» pendant un ouragan à cause de la différence entre les pressions d’air. En théorie, une pression d’air très basse à l’extérieur — ce qui est caractéristique d’un ouragan — serait entrée en «collision» avec la pression d’air «normale» à l’intérieur de la maison, provoquant ce qu’on croyait être une explosion.

Toutefois, la solution du problème est beaucoup plus simple: ces maisons ont été détruites parce que le vent a finalement réussi à s’infiltrer à l’intérieur. Et si une rafale de 300 km/heure entre dans la maison, il n’y a plus grand-chose à faire pour l’empêcher de tout arracher, y compris le toit.

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Toronto inondée par la quantité d'eau déversée sur Houston après l'ouragan Harvey, selon un animateuur du Weather Network.
Toronto inondée par la quantité d’eau déversée sur Houston après l’ouragan Harvey, selon un animateur du Weather Network.

Toronto sous l’eau?

Réalisées à partir de l’application Google Earth, des photo-montages circulant sur Internet montrent ce qui resterait émergé de Toronto et de Montréal si toute la pluie tombée la semaine dernière au Texas était tombée sur chacune de ces deux métropoles.

Le site canadien The Weather Network, à qui on doit ces images, les présente comme des outils pour aider l’internaute à «visualiser» ce que représente cette immense quantité d’eau. Le problème, c’est que cette visualisation induit l’internaute en erreur.

Son auteur a pris un volume d’eau total tombé sur une superficie indéterminée du Texas et a plaqué ce volume d’eau sur Toronto d’une part, et sur Montréal d’autre part. Comme Montréal couvre une superficie plus petite que le Grand Toronto, le niveau d’eau théorique se retrouve donc plus élevé à Montréal (131 m) qu’à Toronto (90 m).

Avec ce genre d’exercice purement mathématique, on pourrait aller très loin, proteste un internaute sur le site de MétéoMédia: «J’ai un scoop pour vous: si toute cette eau était déversée sur le Parc Lafontaine seulement, il se trouverait sous plusieurs kilomètres d’eau!»

Qui plus est, nous fait remarquer Philippe Gachon, du département de géographie de l’UQAM, «ceci ne tient a priori pas compte de la capacité variable du sol à absorber l’eau ou à l’évacuer en surface (ruissellement)».

Auteur

  • Pascal Lapointe

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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