Des livres franco-ontariens à l’école svp

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Publié 24/05/2016 par Paul-François Sylvestre

Le gouvernement de l’Ontario a offert ses excuses pour avoir imposé le Règlement 17 de 1912 à 1927. Lorsque certains médias, dont Le Téléjournal Ontario, ont fait écho à cette annonce de Kathleen Wynne, on a dit que le Règlement 17 avait interdit l’enseignement du français en Ontario. C’est faux. Il interdisait l’enseignement EN français après la deuxième année.

Les cours de français étaient autorisés, mais les cours d’histoire, de géographie, d’anglais, d’arithmétique et de catéchisme devaient se donner en anglais. La langue de communications dans les écoles bilingues, ou «anglaises-françaises» comme on les appelait à l’époque, était l’anglais.

Récemment, Le Téléjournal Ontario a diffusé un reportage montrant que nombre de jeunes ignorent l’existence même du Règlement 17. La journaliste a encore une fois mentionné que ledit règlement interdisait l’enseignement DU français. Si les jeunes interviewés ne connaissent pas cette page d’histoire, c’est que leur prof d’histoire n’est pas tenu d’en parler.

Dans le cours de français en Ontario, un élève n’est pas tenu de lire un ouvrage franco-ontarien de la prématernelle à la 8e année. C’est seulement en 9e-10e années qu’il doit en avoir lu trois, pareillement en 11e-12e années. C’est trop peu, trop tard!

Lors du forum «Nos livres, nos écoles», tenu en mars, nous avons appris qu’une élève avait terminé sa 10e année sans jamais avoir lu un seul titre franco-ontarien. Le curriculum de Français du ministère de l’Éducation mentionne pourtant le nom de plusieurs écrivaines et écrivains franco-ontariens.

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Mais l’obligation de lire six ouvrages au secondaire ne fait malheureusement l’objet que d’une petite note en bas de page et d’une liste en appendice. Il est évident que certains profs, directeurs et surintendants ne veillent pas au grain.

Le forum nous a également appris que des futurs enseignants dans nos écoles de langue française se présentaient à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa sans pouvoir nommer le nom d’un seul auteur franco-ontarien! Comme le programme de formation à l’enseignement s’étend maintenant sur deux ans, espérons qu’un rattrapage pourra s’effectuer.

Les excuses de la province ne sont que des paroles sympathiques. Elles doivent être accompagnées d’un geste concret. Je propose que le ministère d’Éducation émette un nouveau règlement, pro franco-ontarien cette fois.

Il se libelle comme suit: «Dans toutes les écoles de langue française, l’enseignant/enseignante doit présenter au moins un (1) album franco-ontarien par année, de la prématernelle à la 2e année; l’élève doit lire au moins deux (2) livres franco-ontariens par année de la 3e à la 8e année; et trois (3) livres franco-ontariens par année, dont un roman, de la 9e à la 12e année.»

Le règlement devrait entrer en vigueur dès septembre 2016. Je rêve en couleur, me direz-vous. Peut-être sur la date d’entrée en vigueur, mais pas sur le contenu.

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J’ose espérer que la ministre Madeleine Meilleur, la ministre de l’Éducation et les porte-parole des Affaires francophones (Gila Martow pour les Conservateurs et France Gélinas pour les Néo-Démocrates) n’attendront pas une éventuelle révision du curriculum de Français pour agir. Une collaboration et une action immédiate sont nécessaires.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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