Président du Parlement international des écrivains et membre de la prestigieuse American Academy of Arts and Letters, Russell Banks est sans conteste un des écrivains majeurs de sa génération. Son recueil de nouvelles, publié en anglais en 2013, est récemment paru en français. Un membre permanent de la famille propose non seulement des textes finement ciselés, mais susceptibles de transmuer le réel et le quotidien en authentiques paraboles métaphysiques.
Russell Banks nous offre douze nouvelles écrites dans un style à la fois sobre et léger. Dans la première, intitulée Ancien marine, un homme commet un hold-up dans une banque, se sauve, a un accident et se retrouve à l’hôpital. Ses trois fils arrivent à son chevet et lui posent trois questions.
«Allez, papa, sois raisonnable. On est deux, là, à pouvoir t’arrêter! C’est ce que tu veux? Être arrêté par tes propres fils? Et que le troisième soit ton gardien de prison?» En quittant la chambre d’hôpital, les fils oublient de vérifier si le fusil resté dans le sac incriminant de leur père est chargé ou non…
Dans la nouvelle éponyme, les personnages sont «tous des atomes provenant de la fission de familles nucléaires». La fission est le divorce et la garde partagée. Le membre permanent est Sarge, une chienne qui «nous aidait à différer l’éclatement de notre colère, à repousser notre besoin de coupable». Puis un accident arrive, un accident qui entraîne une fissure dans les relations entre le père et ses fils…
Fête de Noël est une nouvelle qui met aussi en scène un couple divorcé, sans enfant cette fois. L’homme vit seul alors que son ex se remarie; elle l’invite à une somptueuse fête de Noël, qui prend la forme d’un triste mélange d’envie et de solitude pour l’homme esseulé.
Dans la nouvelle intitulée Transplantation, une femme souhaite écouter le cœur de son défunt mari dans le corps de l’homme à qui le don d’organe a profité. Assez inusité comme situation, vous en conviendrez. Assez touchant aussi comme récit.