Des expressions bien de chez nous

cochons, porcs
«Il fait un temps de cochons»... surtout pour les cochons! Photo: iStock.com/agnormark
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Publié 23/02/2016 par Paul-François Sylvestre

L’expression «il fait un temps de cochon» remonte à l’époque où les fermiers faisaient boucherie en novembre. On abattait le plus souvent des cochons et, comme le temps était froid et pluvieux, c’était un temps de cochon.

Plusieurs personnes connaissent l’expression «il fait un temps de cochon» ou «se tenir en rang d’oignon», mais ignorent son origine.

Expressions culinaires

L’origine de «se tenir en rang d’oignon» remonte très loin, aux États généraux de France (1576). Le sieur Artus de la Fontaine Solaro, baron d’Oignon, était le grand maître des cérémonies et plaçait chacun à son rang exact en fonction de la hiérarchie et du protocole. Il s’acquitta si bien de sa tâche qu’il finit par entrer dans l’histoire de notre langue.

«Se tenir en rang d’oignon», selon le modèle du baron d’Oignon, sert à désigner toute assemblée de gens sagement alignés.

Les os des enfants

Autrefois, pour encourager leurs enfants à aller se coucher, les parents brandissaient souvent la menace du «bonhomme sept heures».

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Cette expression serait une déformation du terme anglais «bone setter» qui désigne un «ramancheur», c’est-à-dire une personne qui replaçait les articulations pour guérir, par exemple, les maux de dos. La personne traitée criait souvent de douleur, ce qui faisait très peur aux enfants présents.

Plus tard, lorsque ceux-ci ne voulaient pas obéir, on les menaçait de la visite du «bone setter», prononcé «bonhomme sept heures» en français.

Les pieds des adultes

On entend souvent au Téléjournal qu’une compagnie a mis à pied un grand nombre d’employés. Le sens propre de cette expression est plus près de la réalité que l’on ne le croie.

Au temps de la cavalerie, quand un grenadier était pris en faute, il était privé de sa monture (son cheval) pendant plusieurs jours. Il devait donc se déplacer à pied. Cette «mise à pied» était une sorte de dégradation provisoire pour un fautif.

L’expression «ferme ta boîte» semble grossière, mais son origine est très intéressante.

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Elle remonte à l’époque où les lignes téléphoniques étaient partagées entre plusieurs usagers. Naturellement, à la moindre sonnerie, tous les abonnés se précipitaient vers cette boîte en bois, accrochée au mur, et munie d’un cornet par parler et d’un écouteur.

Après que l’identité de l’interlocuteur était connue, certains intrus gardaient la ligne afin d’écouter les conversations et ensuite colporter les nouvelles. On leur lançait alors un magistral «Ferme ta boîte!» (boîte de téléphone).

Expressions venues d’ailleurs

Il arrive parfois qu’une expression soit transmise d’une langue à une autre. Au XVIe siècle, les Allemands disaient «jeter le bébé avec l’eau du bain».

Les Anglais ont repris cette expression qui est entrée ensuite dans la langue française. Son origine est assez simple. Avant l’eau courante, on remplissait un grand tonneau d’eau tiède pour le bain familial. L’homme de la maison avait le privilège de passer le premier, suivi de ses fils en âge de travailler.

C’est seulement après que tous les mâles aient pris leur bain que les femmes et les jeunes enfants avaient leur tour. Naturellement, le bébé de la famille était le dernier à accéder au bain.

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Pauvre bébé, il baignait dans une eau souvent devenue si sale qu’on ne pouvait plus voir le fond du tonneau. Il n’est donc pas étonnant qu’on jetait le bébé avec l’eau du bain…

Pour se faire raconter une histoire

On sait que «tirer la pipe» à quelqu’un signifie simplement le taquiner. Cette expression remonte au début de la colonie, lorsque nos ancêtres vivaient dans de petites maisons d’une ou deux pièces pour parents, enfants et grands-parents.

Grand-papa s’installait confortablement dans sa chaise berçante pour fumer une bonne pipée de tabac canadien. Lorsqu’il s’assoupissait, les plus vieux lui tiraient la pipe. L’aïeul feignait la surprise, mais ne tardait pas à raconter une histoire aux petits.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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