Utiliser la force des courants marins pour nettoyer les océans des déchets plastiques en seulement cinq ans. Voilà le projet fou présenté par un adolescent, étudiant ingénieur en aéronautique, lors d’un Ted Talk en 2012. L’installation de la structure est prévue pour 2017, mais ce projet est loin de faire l’unanimité.
L’idée de Boyan Slat est de déployer des barrières flottantes, hautes de trois mètres et longues de plusieurs dizaines de kilomètres, capables de capter le plastique à la surface de l’eau. Placées au centre de grands courants marins circulaires, les «gyres», les déchets s’accumuleraient d’eux-mêmes dans le dispositif, dont une réplique miniature était visible au Biodôme de Montréal jusqu’à la fin du mois d’avril.
La configuration en V des barrières et la force du courant permettraient de concentrer les débris en un point, où une plateforme se chargerait de les récupérer et de les stocker.
Lorsque le projet a été dévoilé, nombreux étaient les océanographes et environnementalistes emballés par cette idée ambitieuse. Mais certains, comme Philippe Archambault, océanographe à l’Université du Québec à Rimouski, ont déchanté. «J’ai fait beaucoup de lectures sur le projet, par plaisir au départ, le trouvant potentiellement intéressant. Rapidement, avec mon expertise, j’ai réalisé qu’il y avait beaucoup d’inconnues.»
4 km de profondeur
D’abord, la mise en place de la plateforme de récupération, qui fonctionne à l’énergie solaire, relève de la performance. Sa base nécessite un forage à 4 kilomètres de profondeur, ce qui constituerait une grande première. La plupart des plateformes pétrolières sont installées dans des eaux peu profondes: aucune ne dépasse les deux kilomètres.