Déroulez le tapis rouge!

Toronto lèvera le rideau de la 31e édition de son festival international du cinéma le 7 septembre. 352 films de 61 pays différents se partageront l’affiche d’une sélection exceptionnelle qui devrait faire parler d’elle. Les vedettes, qui commencent doucement à arriver, et les affiches qui décorent la Ville-Reine la parent d’une atmosphère émoustillante et unique. En coulisse, on s’occupe des derniers détails et l’on peaufine les préparatifs pour offrir aux Torontois un spectacle haut en couleurs.

Rumeurs, commentaires en tout genre, critiques, potins et autres cancans, les discussions autour des machines à café vont être animées du 7 au 16 septembre dans la Ville-Reine: le festival international du film de Toronto va bientôt commencer.

Une excitation s’empare de la ville où les derniers préparatifs s’achèvent. Invitations envoyées, billets achetés, listes des films et acteurs affichées, Toronto s’apprête à vivre au rythme hollywoodien des flashs et des paillettes. Pendant quelques jours, le cinéma mondial respirera à la cadence de Toronto et de ses habitants.

Mais loin de Cannes et de sa compétition, l’atmosphère sera ici plus décontractée. «Toronto possède une atmosphère différente des autres festivals car ce n’est pas une compétition mais un moment de détente ouvert au public, précise Piers Handling, le directeur du festival. Le plus important, c’est le public.»

En effet, à Toronto, le public est roi et fait la pluie et le beau temps sur la sélection. Au diable les jurys et les gros contrats, le festival torontois célèbre l’avis des spectateurs lambdas. «Contrairement à Cannes qui est un festival tourné vers l’industrie, la presse, les acheteurs et les vendeurs, Toronto est tourné vers le public. C’est le public qui élit son film préféré et c’est ce qui nous importe.»

Le festival amène donc un peu d’euphorie dans la Ville-Reine avant de véritablement renoncer aux vacances et de reprendre le chemin du travail. Il ajoute ce petit rien d’excentricité et de folie qui fait toute la différence. «Le festival apporte 10 jours de festivités et de joie, explique Piers Handling. C’est une célébration très importante pour la ville de Toronto. Les citoyens sont fiers de ce festival car le monde vient à Toronto. Les gens et les images du monde viennent ici. Toronto est une ville multiculturelle et chaque communauté trouve des images de son pays.»

La sélection offre en effet un panel étonnant qui couvre des productions de l’ensemble de la planète. Américains, asiatiques et encore européens, les bons films proviennent du monde entier et plairont ainsi à un public plus vaste.

Le film d’ouverture, The Journals of Knud Rasmussen, a, par exemple, été réalisé par un Inuit, Jacharias Kunuk. Piers Handling avoue qu’il est l’un de ses favoris lorsqu’il explique que «c’est vraiment un film très fort». D’autres films internationaux se détachent particulièrement comme Away From Her de Sarah Polley ou Volver de Pedro Almodovar.

Les films francophones feront sûrement également parler d’eux cette année puisque l’on compte plusieurs excellentes réalisations. Mon meilleur ami, de Patrice Leconte, met en scène un Daniel Auteuil incroyable qui, suite à un pari, doit prouver qu’il peut se trouver un ami en peu de temps. L’humour de Dany Boon promet d’ajouter un zeste de légèreté à cette comédie qui vaut le détour.

L’homme de sa vie de Zabou Breitman est le premier film français qui vient à la bouche de Piers Handling. «C’est un film très bien fait par une femme qui a une vision différente du monde.» Ce film, doué d’une rare sensibilité, raconte l’amour d’un homme pour un autre homme. Frédéric est marié et emménage dans une maison avec sa femme pendant les vacances. Ils font la connaissance d’Hugo, un voisin sympathique qui avoue clairement son homosexualité. Frédéric en est littéralement bouleversé.

À noter également, la présence de films comme Indigènes de Rachid Bouchareb, qui a obtenu le prix de la meilleure interprétation masculine à Cannes en mai dernier ou Mon colonel de Laurent Herbiet.

Côté québécois, la sélection n’est pas des moindres puisque quelques très bons films se partagent l’affiche. Cheech de Patrice Sauvé fera très probablement parler de lui puisqu’il sera proposé en première mondiale. Le scénario met en scène une journée chaotique de six personnes dont les destins vont se croiser de façon inattendue. Le réalisateur de Grande ourse et La vie, la vie promet de faire un carton.

La présence du film Un dimanche à Kigali de Robert Favreau plaira sûrement aux Torontois après le succès retentissant qu’il a eu au Québec.

Tous les films du festival répondent à des critères de sélection qui écoutent avant tout les goûts de chacun. «On cherche un film fort qui a un voix particulière, une voix sociale, politique, artistique ou esthétique, souligne Piers Handling. Chaque film doit avoir une voix différente.» Chacun trouvera donc semble-t-il son bonheur dans les films proposés pendant le festival.

Pour cette 31e édition, de nouveaux programmes sont apparus pour répondre à de nouvelles demandes. Le programme Vanguard projettera des films non conventionnels, intenses et sexy tandis que la Sprockets Family zone proposera des films pour toute la famille, à l’image de U de Serge Elissade. Enfin, et pour cette année uniquement, le festival met en scène un programme consacré à Mozart.

La rétrospective du festival rendra hommage au réalisateur et photographe Peter Mettler dont les productions originales transportent le spectateur dans un univers irréel. «C’est l’une des plus grandes figures de Toronto et un réalisateur très intéressant qui a une vision du monde très différente des gens de ce pays», précise Piers Handling.

Ce 31e festival de Toronto promet d’être un très bon cru et d’apporter un vent de fraîcheur à la Ville-Reine. Les billets sont en vente sur le site bell.ca/filmfest ou au 416-968-FILM