Les tableaux mouvementés de Denyse Thomasos au Musée McMichael

Artiste torontoise

Denyse Thomasos, Musée McMichael
Denyse Thomasos (1964–2012), Fouilles: Toits à Jodhpur, 2007, acrylique et canevas, 106.7 x 152.4 cm, Robin et David Young. Photo: courtoisie de la succession de Denyse Thomasos et de la Olga Korper Gallery
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 31/07/2021 par Mary Elizabeth Aubé

Les tableaux épiques de Denyse Thomasos, une artiste née à Trinidad et qui a grandi à Toronto, sont à l’honneur dans une exposition au Musée McMichael.

Le Musée McMichael est maintenant ouvert et des billets chronométrés sont disponibles en ligne.

Denyse Thomasos a étudié à l’Université de Toronto

L’art de Denyse Thomasos utilise les techniques de l’abstraction. Mais en même temps, il évoque la figure humaine en incorporant des structures qui rappellent les bateaux, tombes, cavernes et bâtiments… Ce sont autant de contenants pour nos corps.

Denyse Thomasos, Musée McMichael
Denyse Thomasos

Elle arrive au Canada à l’âge de six ans. Fait un bac à l’Université de Toronto à Mississauga. Puis une maîtrise à l’Université Yale dans le Connecticut. Et devient professeure à l’Université Rutgers au New Jersey.

Elle expose ses œuvres dans des galeries à Toronto et à New York et reçoit des bourses du Conseil des Arts du Canada et des fondations Guggenheim et Pew aux États-Unis. Nous la perdons trop tôt en 2012 lorsqu’elle est dans la quarantaine.

Publicité

Passion pour le mouvement

Cette exposition coïncide avec l’acquisition par le McMichael d’une œuvre majeure de Denyse Thomasos, Odyssey, d’où le titre de l’exposition.

En effet, son intérêt pour le voyage est lié à sa passion pour le mouvement, évoqué dans toutes ses œuvres, et aussi à son intérêt pour l’expérience de la diaspora africaine.

Gaëtane Verna, directrice de la galerie Power Plant à Harbourfront, remarque que, pour Denyse Thomasos, «l’engagement politique était fondamental». Certaines de ses œuvres rappellent l’entassement des gens dans les navires d’esclaves ou dans les prisons modernes américaines.

Lignes droites sur des fonds aux couleurs vives et variées, formes multipliées, superposées et rythmées comme une foule qui grouille dans la rue, voilà les moyens artistiques employés pour réaliser ses tableaux.

Denyse Thomasos, Musée McMichael
Denyse Thomasos (1964–2012), Odyssée, 2011, acrylique et canevas, 185.4 x 243.8 cm, Christine et Andrew W. Dunn. Photo: courtoisie de la succession de Denyse Thomasos et de la Olga Korper Gallery

L’expérience de la diaspora africaine

Grâce à la superposition, «on ne sait trop si on regarde un chantier naval ou une ville ou une chambre mortuaire», selon Sarah Milroy, conservatrice en chef du McMichael. «Ses images sont merveilleusement ouvertes.»

Publicité

Denyse Thomasos évoque un paradoxe: des structures qui nous définissent et nous confinent, que ce soit sur le plan architectural, social ou politique, et aussi, selon l’artiste June Clark, l’énergie de la joie et de la survie.

Pourtant, «ses images n’ont pas l’air d’être ancrées», dit Gaëtane Verna, qui croit que ce flottement trouve son origine dans l’expérience de la diaspora africaine.

Denyse Thomasos, Musée McMichael
Denyse Thomasos (1964–2012), Moineau, 2010, Acrylique et canevas, 152.4 x 182.9 cm, la famille Atkinson. Photo: courtoisie de la succession de Denyse Thomasos et de la Olga Korper Gallery

Denyse Thomasos comparée à Goya

Souvent de taille monumentale, certains tableaux s’étendent sur des murs entiers. Selon June Clark, les œuvres de Denyse Thomasos sont «monumentales par leurs idées».

Elle les compare aux œuvres de l’artiste espagnol Goya. Les deux artistes, dit-elle, font «une observation profonde sur l’existence humaine et révèlent des cauchemars, des rêves et des visions.»

Selon Sarah Milroy, elle aborde des sujets difficiles d’une façon rigoureuse, mais aussi avec beaucoup de cœur. «Elle ramasse toute cette histoire tragique et épique et la porte vers l’avenir, en se demandant et en montrant ce qui est possible et où nous allons.»

Publicité
Denyse Thomasos, Musée McMichael
Denyse Thomasos (1964–2012), Sans titre, 2012, acrylique et canevas, 45.7 x 61 cm, collection privée. Photo: courtoisie de la succession de Denyse Thomasos et de la Olga Korper Gallery

L’art du Canada dans son ensemble

Avec cette exposition, le musée McMichael poursuit l’élargissement de sa mission, qui à l’origine était de préserver et promouvoir l’héritage du Groupe des Sept, et qui est désormais de faire connaître l’art du Canada dans son ensemble.

Le catalogue de l’exposition contient un essai par l’écrivaine Esi Edugyan.

Les commentaires par Gaëtane Verna et June Clark sont tirés d’une discussion animée par Sarah Milroy qui est disponible sur le site du McMichael.

Denyse Thomasos: Odyssey au Musée McMichael jusqu’au 24 octobre. À ne pas manquer.

Auteur

  • Mary Elizabeth Aubé

    Chroniqueuse livres et activités culturelles pour enfants, et expositions d'art. Publie dans diverses revues des comptes rendus de livres et des essais sur la francophonie nord-américaine.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur