Denis Côté au TIFF Bell LightBox

Du cinéma guérilla?

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Publié 01/03/2011 par Guillaume Garcia

On pourrait penser que des films à petits budgets, des intrigues à trous et un côté radical ne constituent pas l’attirail adéquat pour se faire dérouler le tapis rouge. Et bien non! Le réalisateur québécois Denis Côté en est le parfait exemple, ce qui lui vaut parfois des regards condescendants du monde du cinéma, le qualifiant de réalisateur de films de festivals. Sans entrer dans ce débat de spécialiste, on notera simplement que le cinéma de Denis Côté ne laisse personne indifférent, et certainement pas les responsables du TIFF Bell LightBox, qui ont choisi l’ancien critique de cinéma comme tête de gondole de leur nouvelle série «The New Authors». L’Express a posé quelques questions à ce «gourou» du nouveau cinéma canadien.

Se voir offrir une rétrospective de son travail à même pas 40 ans, cela peut faire peur. Est-on entré dans l’histoire? Dans le mainstream? Qu’est ce que ça signifie? Pour Denis Côté, rien de nouveau ici bas, le cinéaste ayant déjà eu droit aux honneurs de plusieurs rétrospectives sur son travail.

Il faut dire que faire cinq films en cinq ans n’est pas donné à tout le monde! Denis Côté a sa propre explication: «J’ai eu le temps de créer un corpus si l’on peut dire. J’attends pas les subventions, alors qu’au Québec, tout est lisse, très commercial.»

Et paf les pieds dans le plat!

Ancien critique de cinéma, Denis Côté exprimait déjà ses craintes de voir un cinéma québécois «à l’Hollywoodienne, avec affiches placardées sur les autobus et des vedettes de TV».

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Quand il a eu l’occasion de faire son premier film en 2005, Les États Nordiques, il part à l’opposé de ce cinéma là. «C’était un peu une réaction juvénile contre tout ça. Montrer qu’on peut faire beaucoup avec beaucoup moins.»

Si son cinéma ne plaît pas à tout le monde, Denis Côté s’attire les sympathies d’un certain nombre de spectateurs.

Ils aiment son côté «pur et dur», comme il dit! «Il y a un public qui accepte l’interaction, qui est ouvert sur la narration, et il y a ceux qui veulent des réponses que je ne donne pas. Là il peut y avoir confrontation.»

Ce côté titilleur de public, il dit lui même «j’aime brasser le public, pas spécialement le provoquer, mais le brasser!», se retrouve sur des projets comme Carcasses, où il part avec une équipe très réduite, pendant quelques jours, filmer un vieux bonhomme qui tient une casse-auto et qui vend de tout et n’importe quoi. Entre documentaire et fiction, le résultat ne se dévoile au cinéaste qu’à la fin.

Voilà le genre de créations qui lui ont collé le statut de «réalisateur de film de festivals». Lui ne tient pas spécialement à s’en détacher: «Si je fais partie de cette voie de garage du cinéma, je l’assume».

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Entre projets sans le sou, et gros budget (disons entre Carcasses et Curling), le coeur de Denis Côté balance de manière manichéenne.

«J’ai besoin des deux énergies (films avec ou sans budget, ndlr). Sur cinq films, j’en ai fait trois en 10 jours et deux grosses productions (Curling et Elle veut le chaos).

Cinéaste du monde, car du local, il cherche sans cesse à peindre les allées-venues de ces personnages, qui tanguent sur le fil qui les raccrochent à la société.

«Sur Curling, j’ai créé une bulle. Après, j’aime suivre la logique des personnages. Je prends deux personnes à moitié mortes (socialement, ndlr) et je les fais chacun rencontrer la mort, pour les ramener à la vie.»

Si vous n’avez pas compris, il vous faudra aller voir Curling et la rétrospective Denis Côté au TIFF Bell LightBox du 4 au 10 mars prochain.

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À noter que Denis Côté présentera lui-même ses films du 4 au 6 mars avec une série de questions-réponses. Il promet au public d’être généreux quitte à en sortir «un peu vidé», comme cela lui arrive souvent!
tiff.net/filmsandschedules/tiffbelllightbox/2011/201012210055403

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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