Démission de Trudeau et prorogation du Parlement

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Justin Trudeau restera en poste jusqu’à l’élection d’un prochain chef du Parti libéral. Photo: Inès Lombardo, Francopresse
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Publié 06/01/2025 par Inès Lombardo

Justin Trudeau démissionnera de son poste de premier ministre du Canada et de chef du Parti libéral du Canada une fois que le parti aura choisi son successeur, dans moins de trois mois. En attendant, la Chambre des Communes est prorogée (suspendue) jusqu’au 24 mars.

C’est dans un froid glacial, devant sa résidence de fonction de Rideau Cottage, à Ottawa, que le premier ministre a rendu les armes avec émotion, ce lundi matin 6 janvier.

«Hier soir, j’ai demandé au président du parti de commencer les étapes nécessaires. Le pays mérite un choix clair et réel», a lancé Justin Trudeau.

«Je ne suis pas quelqu’un qui recule facilement devant un combat, surtout un combat si important pour le parti et pour le pays, a-t-il déclaré d’emblée. Je fais ce job parce que l’intérêt des Canadiens et le bien-être de notre pays, de notre démocratie me tient à cœur. Et c’est devenu clair que je ne peux pas être le chef aux prochaines élections, à cause des batailles internes [du Parti libéral].»

Cette démission n’entraîne pas d’une élection générale, seulement une course à la chefferie du Parti libéral.

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Qu’est-ce que la prorogation du Parlement?

Généralement demandé par le premier ministre à la gouverneure générale, la prorogation est un processus qui marque l’arrêt des travaux du Parlement.

Tous les projets de loi qui n’ont pas reçu la sanction royale sont annulés et «meurent au Feuilleton». Ils devraient être représentés lors de la prochaine législature et leur étude recommencerait du début.

Les comités parlementaires sont suspendus pendant la prorogation. Certains peuvent poursuivre leurs travaux en adoptant une motion et seulement sous certaines conditions.

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Les médias étaient massés devant la résidence du premier ministre, lundi matin 6 janvier. Photo: Inès Lombardo, Francopresse

Les prochaines étapes

Après le 24 mars, le Parlement reprendra ses activités, avec une nouvelle personne à la tête du parti libéral. «Il devrait y avoir la présentation d’un discours du trône pour initier une nouvelle législature et la présentation d’un budget», commente en entrevue avec Francopresse Frédéric Boily, professeur de science politique au Campus St-Jean de l’Université de l’Alberta.

«Reste à voir comment les choses vont tomber. C’est au moment du discours du trône et du budget que les choses vont se décider», entrevoit le politologue.

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Les voix des députés libéraux demandant la démission de leur chef se sont faites de plus en plus nombreuses depuis la sortie de Ken McDonald, député d’Avalon à Terre-Neuve-et-Labrador, il y a environ un an. Plusieurs s’y sont ajoutées pendant la pause de la période des Fêtes.

«Le Parlement a besoin d’un reset»

En conférence de presse, Justin Trudeau a défendu sa décision en affirmant qu’elle ne donnait pas au Parlement l’occasion de voter une motion de censure, ce qui pourrait être perçu comme antidémocratique.

«On est pogné dans une question de privilège. Il y a des motions d’obstruction constantes et on a pu très peu accomplir pendant les derniers mois au Parlement. Le Parlement a besoin d’un reset. Il a besoin de se calmer un peu les pompons pour se remettre au travail pour les Canadiens et ne pas faire de la petite politique constante qu’on est en train de voir des conservateurs.»

Interrogé sur ses regrets, le premier ministre est revenu sur sa décision de ne pas adopter le vote préférentiel pour les élections: «Les partis auraient passé plus de temps à regarder les points qu’ils avaient en commun pour être les deuxième ou troisième choix des voteurs [sic] plutôt que de voir la polarisation que nous avions. Mais je ne pouvais pas, de façon unilatérale, changer notre mode de scrutin dans ce pays.»

Face aux inquiétudes concernant les menaces tarifaires de Donald Trump, il a affirmé que la course au leadership du Parti libéral n’empêcherait pas le gouvernement toujours au pouvoir de «protéger les Canadiens et leurs intérêts dans un monde très complexe».

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«Ça ne change rien»

Le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, a ouvert la période préélectorale par la voie d’un communiqué intitulé «Ça ne change rien».

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Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre. Photo: Marianne Dépelteau, Francopresse

Ce dernier présente un choix entre des libéraux «souvent appuyés par le Bloc», ou «les conservateurs de gros bon sens, pour baisser les taxes et les impôts, bâtir des logements, réparer le budget et stopper les crimes».

Même exercice du côté du Nouveau Parti démocratique (NPD). Son chef, Jagmeet Singh, a appelé les Canadiens et les Canadiennes à voter pour lui.

«Les libéraux ne méritent pas une autre chance, quel que soit leur chef. […] Je demande à tous celles et ceux qui partagent ces valeurs de se joindre à nous. Ensemble, nous stopperons les conservateurs et bâtirons le tout premier gouvernement canadien pour les travailleuses et travailleurs», déclare-t-il dans un communiqué.

Période préélectorale

En conférence de presse, quelques minutes après l’annonce de Justin Trudeau, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a reconnu qu’il n’avait d’autre choix que de laisser au Parti libéral le temps de mener sa course à la chefferie.

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«Mais son ou sa successeure devra déclencher des élections dès son arrivée en poste», a-t-il ajouté.

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Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet. Photo: Marianne Dépelteau, Francopresse

Le chef bloquiste souhaite qu’une élection soit déclenchée à très court terme après le 24 mars. Il traitera les deux prochains mois comme une période préélectorale.

Yves-François Blanchet s’est aussi montré inquiet face aux menaces du président américain élu, Donald Trump. «Il y a le danger que le gouvernement canadien soit passif et très peu efficace au cours des prochaines semaines.»

«Ce que l’on peut lui reprocher à Justin Trudeau, c’est de ne pas avoir prévu le coup et d’avoir cru jusque dans les derniers moments de décembre qu’il pouvait relancer son gouvernement. C’est là qu’il faut être critique de M. Trudeau», affirme de son côté Frédéric Boily.

«Un chef véritablement soucieux de son parti aurait quitté dès le mois de juin», conclut-il.

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– Avec des informations de Julien Cayouette

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