Découvrir le bonheur

Joie de vivre, relié, 22x28 cm, éditions Rmn-Grand Palais, 210 pages, couverture reproduisant Deux femmes courant sur la plage de Pablo Picasso, 1922, gouache sur contreplaqué.
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Publié 12/07/2016 par Gabriel Racle

«Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite.
Le bonheur est dans le pré, cours-y vite. Il va filer.»

C’est ainsi que commence ce célèbre poème de Paul Fort (1872-1960) écrit en 1917 et mis en musique et chanson par la suite.

Mais le bonheur que proposait le Palais des beaux-arts de Lille, une ville du nord de la France, que nous avons déjà présenté, ne risquait pas de filer, puisque l’exposition s’est accompagnée d’un merveilleux et rare catalogue, car le bonheur ne fait pas souvent l’objet d’une publication artistique.

Il ne saurait donc être question de passer sous silence cette occasion unique de découvrir sinon l’art du bonheur, une notion plutôt philosophique, du moins le bonheur dans l’art.

Bonheur et allégresse

Avec un tableau de Pablo Picasso, l’ouvrage d’art du Palais des beaux-arts de Lille, toujours disponible, nous oriente de suite vers le titre même de ce splendide livre, Joie de vivre. Car le bonheur, fugace ou permanent, se traduit concrètement par cette joie qui se manifeste ostensiblement et qui retient toujours l’attention.

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Comme l’exprime Pascale Lismonde dans Voyager en Joie de vivre: «Deux femmes courant sur la plage, deux corps puissants de statuaire grecque qui semblent s’envoler, le pied affleurant à peine le sol: deux corps roses débridés dans leurs tuniques blanches courant à grande allure se découpent sur un même bleu tendre de la mer et du ciel où s’étirent des nuées floconneuses. Superbe provocation de Picasso qui figure en 1922 l’image même de la liberté du corps dans le jeu et la joie physique d’exister – mouvement intense d’une course dans la chaleur de l’été en bord de mer, corps de femmes juvéniles en harmonie avec une nature accueillante.»

Car «la joie de vivre n’est pas la béatitude, ni la sagesse, et n’en a que faire. C’est la joie la plus simple, la plus pure, la plus aérienne… Elle ne cherche pas à durer. Elle ne cherche rien, ni ne trouve. Elle est sans pourquoi, sans raison, sans but», d’expliquer le philosophe français André Comte-Sponville

Un art

«La nature est l’invention de la vie. L’art, c’est l’invention d’une joie», notait le peintre français, l’un des fondateurs du fauvisme, André Derain. En effet, la nature éphémère de la joie de vivre, presque indéfinissable, explique sans doute la rareté de cette notion dans la philosophie et, bien au contraire, la fréquence de ses représentations dans l’art. Il est plus simple pour un peintre de saisir un bonheur fugitif que pour un philosophe d’épiloguer sur celui-ci.

La plupart des artistes célèbrent la grâce et la spontanéité de l’instant présent. La joie est vécue ici et maintenant. L’art s’est depuis toujours nourrit de ce qui inspire la joie de vivre. Qu’il s’agisse de l’épanouissement du corps ou de l’esprit, l’histoire foisonne d’artistes qui représentent le bonheur. De l’Antiquité à l’art contemporain, le catalogue de l’exposition dresse un panorama des plaisirs de la vie, le soleil, l’amour, la famille, l’enfance, le jeu, la danse, la fête, le rire.

Et ils sont nombreux les témoins cités dans cet ouvrage, connus et inconnus, mais qui ont inscrit à jamais dans une œuvre la joie de vivre qu’ils ont découverte ou provoquée un jour ou l’autre. Véronèse, Hals, Boucher, Chardin, Fragonard, Renoir, Rodin, Picasso, Dufy, Niki de Saint-Phalle et Murakami font partie des auteurs de la centaine d’œuvres choisies. Une occasion à saisir qui rappelle toutes les raisons que nous avons de nous réjouir. «L’art peut donc nous aider à vivre et à être heureux.» (Bruno Girveau)

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Au fil des pages

Il ne saurait être question de donner une description détaillée de cet ouvrage dont le lecteur aura la joie de découvrir 151 illustrations d’œuvres d’art de tous les temps, peintures ou sculptures, tout en prenant connaissance de quelques textes: L’art c’est l’invention d’une joie, La joie de vivre, Le bouclier d’Achille, La volupté des yeux, Sous le soleil exactement, Bonheur, par exemple.

«De Brueghel, Fragonard ou Chardin à Picasso et tant d’autres, Joie de vivre est une invitation à savourer toutes les formes de bonheur terrestre exaltées par les artistes… de l’antiquité jusqu’à nos jours.» (Pascale Lismonde)

À titre d’exemple trois tableaux peuvent retenir notre regard, puisqu’ils sont d’un peintre célèbre que nous avons présenté dans L’Express, Pierre-Auguste Renoir: Gabrielle et Jean (p. 123), une cousine éloigne de la femme du peintre qui vivait dans la famille, et qui tient dans ses bras Jean, le deuxième fils de Renoir (1895-1886); Claude Renoir jouant (p. 101), avec de petits soldats (1905); Étude. Torse, effet de soleil (p. 91), les rayons du soleil caressent le torse dénudé d’une jeune femme (1875-1875).

D’autres joyeuses surprises attendent le lecteur.

«Y’a d’la joie bonjour bonjour les hirondelles
Y’a d’la joie dans le ciel par-dessus le toit
Y’a d’la joie et du soleil dans les ruelles
Y’a d’la joie partout y a d’la joie.» (Charles Trenet, 1933)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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