Comme l’exprime Pascale Lismonde dans Voyager en Joie de vivre: «Deux femmes courant sur la plage, deux corps puissants de statuaire grecque qui semblent s’envoler, le pied affleurant à peine le sol: deux corps roses débridés dans leurs tuniques blanches courant à grande allure se découpent sur un même bleu tendre de la mer et du ciel où s’étirent des nuées floconneuses. Superbe provocation de Picasso qui figure en 1922 l’image même de la liberté du corps dans le jeu et la joie physique d’exister – mouvement intense d’une course dans la chaleur de l’été en bord de mer, corps de femmes juvéniles en harmonie avec une nature accueillante.»
Car «la joie de vivre n’est pas la béatitude, ni la sagesse, et n’en a que faire. C’est la joie la plus simple, la plus pure, la plus aérienne… Elle ne cherche pas à durer. Elle ne cherche rien, ni ne trouve. Elle est sans pourquoi, sans raison, sans but», d’expliquer le philosophe français André Comte-Sponville
Un art
«La nature est l’invention de la vie. L’art, c’est l’invention d’une joie», notait le peintre français, l’un des fondateurs du fauvisme, André Derain. En effet, la nature éphémère de la joie de vivre, presque indéfinissable, explique sans doute la rareté de cette notion dans la philosophie et, bien au contraire, la fréquence de ses représentations dans l’art. Il est plus simple pour un peintre de saisir un bonheur fugitif que pour un philosophe d’épiloguer sur celui-ci.
La plupart des artistes célèbrent la grâce et la spontanéité de l’instant présent. La joie est vécue ici et maintenant. L’art s’est depuis toujours nourrit de ce qui inspire la joie de vivre. Qu’il s’agisse de l’épanouissement du corps ou de l’esprit, l’histoire foisonne d’artistes qui représentent le bonheur. De l’Antiquité à l’art contemporain, le catalogue de l’exposition dresse un panorama des plaisirs de la vie, le soleil, l’amour, la famille, l’enfance, le jeu, la danse, la fête, le rire.
Et ils sont nombreux les témoins cités dans cet ouvrage, connus et inconnus, mais qui ont inscrit à jamais dans une œuvre la joie de vivre qu’ils ont découverte ou provoquée un jour ou l’autre. Véronèse, Hals, Boucher, Chardin, Fragonard, Renoir, Rodin, Picasso, Dufy, Niki de Saint-Phalle et Murakami font partie des auteurs de la centaine d’œuvres choisies. Une occasion à saisir qui rappelle toutes les raisons que nous avons de nous réjouir. «L’art peut donc nous aider à vivre et à être heureux.» (Bruno Girveau)