Décès de Michel Gratton, journaliste et militant

L’Ontario français vient de perdre une voix passionnée. Le journaliste-écrivain Michel Gratton a été trouvé sans vie dans son appartement d’Ottawa le 13 janvier. Il était âgé de 58 ans. Selon son frère Denis, Michel Gratton «n’a pas vécu longtemps, mais il a vécu intensément». Il avait travaillé au journal Le Droit, au bureau du premier ministre Brian Mulroney et s’était voué à la défense de l’Hôpital Montfort.

Entré au quotidien Le Droit, à l’âge de 20 ans, Michel Gratton a d’abord été journaliste sportif. Sa vivacité d’esprit étonnait ses collègues et il a rapidement gravi les échelons pour couvrir d’abord la scène municipale, puis la colline du Parlement.

Selon Adrien Cantin, ancien directeur de l’information au Droit, «Michel Gratton avait une plume qui pouvait par moment être vitriolique, mais il a toujours eu le souci d’expliquer aux gens ce qui se passait.» De 1984 à 1987, Gratton a assumé les fonctions de secrétaire de presse de Brian Mulroney.

Pendant ses trente mois aux côtés du Premier ministre du Canada, il devait constamment répondre à la question So what are the boys saying? car Mulroney cherchait toujours à savoir ce que la presse pensait de lui et de son gouvernement.

En 1987 Michel Gratton a publié So what are the Boys Saying?: An inside Look at Brian Mulroney in Power (McGraw-Hill Ryerson). Trois ans plus tard, il fera paraître Still the Boss: A Candid Look at Brian Mulroney (Prentice Hall).

C’est de 1997 à 2002 que Michel Gratton a entrepris son plus grand combat, soit la sauvegarde de l’Hôpital Montfort.

«Sans Michel, je n’aurais jamais pu réussir ce que j’ai fait», affirme d’emblée Gisèle Lalonde, la tante du défunt et présidente de S.O.S. Montfort. Celui qu’elle considère comme son «p’tit gars» se donnera corps et âme pendant cinq ans pour sauver le centre hospitalier francophone d’Ottawa.

En apprenant le décès du journaliste et militant, l’avocat dans la cause Montfort, Ronald Caza, a affirmé que «Michel Gratton était profondément en amour avec la communauté franco-ontarienne». Son frère Denis, chroniqueur au Droit, a ajouté: «L’Hôpital Montfort, c’est grâce à lui. Il a porté cette cause au bout de ses bras et l’a fait connaître au niveau national. Je pense que les Franco-Ontariens doivent beaucoup à Michel.»

Une fois la bataille de Montfort gagnée, Michel Gratton a publié Montfort: la lutte d’un peuple (CFORP, 2003). Il laisse à ses proches (six frères et sœurs, trois enfants), à ses collègues et à toute la communauté franco-ontarienne le souvenir d’un homme qui vivait à 150 miles à l’heure. Il avait déjà dit à son ancien chef des nouvelles: «Moi, je vais mourir debout!» C’est ce qu’il a fait.

Réactions de l’AFO

«C’est avec tristesse que j’apprends le décès de Michel Gratton», a déclaré le président de l’AFO, Denis Vaillancourt. «Il a été un journaliste et un auteur prolifique pour la communauté franco-ontarienne. Je me souviens de ses reportages et de sa tournée des régions de l’Ontario dans les années 70, soit pendant les crises scolaires.»

«Durant son périple, il avait saisi la nature du problème avec compassion et humanité. Au fil de ses reportages, il avait réussi à établir une relation personnelle avec la francophonie ontarienne. Son héritage est digne de mention. Son passage à La Cité collégiale où il a pu partager ses connaissances avec de nombreux étudiants, son rôle de stratège et de défenseur de premier plan durant la crise de l’Hôpital Montfort.»

Réaction de la FCFA

La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Marie-France Kenny, elle aussi rappelé le rôle de Michel Gratton.

«La lutte pour la sauvegarde de l’hôpital Montfort a été le grand combat de la communauté franco-ontarienne, mais l’ensemble de la francophonie canadienne s’y est aussi engagé. Et aujourd’hui, c’est l’ensemble de la francophonie canadienne qui rend hommage à Michel Gratton.»

«Si le cri de ralliement de S.O.S. Montfort a retenti partout au Canada, dans les médias nationaux de langue française comme de langue anglaise, c’est parce que Michel Gratton a su trouver les mots pour que tous et toutes comprennent pourquoi on se battait. Au nom de la FCFA, j’adresse mes plus sincères condoléances aux enfants de Michel Gratton, à ses frères et sœurs, à sa tante Gisèle Lalonde ainsi qu’à tous et toutes ses proches».