Debussy: musique du raffinement

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Publié 24/02/2009 par Khadija Chatar

Ivan Ilic, pianiste virtuose de renommée internationale, a donné, vendredi soir dernier, une petite séance d’éducation musicale à l’assistance présente à la galerie Pierre-Léon de l’Alliance française de Toronto.

Il a transmis aux amateurs de musique classique son amour et sa propre vision de la musique de Debussy. Chacun de ses discours était illustré par un extrait de différents préludes interprété par le virtuose-pédagogue. «Je veux tout d’abord vous montrer le changement que c’était au début du XXe siècle que d’écouter cette musique qui rompt avec le romantisme, par et auquel les oreilles de cette époque étaient habituées», dit-il en jouant du Brahms en premier.

Avant-gardiste, Debussy se veut dérangeant. Il y parvient en ne suivant pas la même ligne mélodique. Selon M. Ilic, à cette époque, les morceaux étaient caractérisés par un certain confort de l’ouïe où la continuité importait le plus. Une musique facile à digérer. Debussy serait, selon lui, plus moderne que certains contemporains.

«Souligner les dissonances»

Dans La Cathédrale engloutie, on est transporté par une musique vivante à sonorité forte, une gravité qui contraste avec certains passages plus aigus. Une musique entrecoupée consciemment afin de donner une plus grande sensibilité à l’événement conté.

Ces arrêts soudains pèsent sur la conscience et métamorphosent le piano. Ce dernier devient le cri, la bouche de la Cathédrale. Elle est là pour dénoncer et partager une certaine douleur et aussi pour raconter son passé.

«Dans toute la musique de cette époque, Debussy est celui qui reste le plus intéressant et le plus vrai. Il y a une cassure avec le passé. Il a tendance, comme un peintre, à chercher de la couleur.» Les silences spontanés qu’il éparpille ici et là dans sa musique permettent de «souligner les dissonances au lieu de les effacer», ajoute le pianiste.

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Un travail minutieux

Dans d’autres préludes, Debussy communique une certaine angoisse dans laquelle il noue et dénoue «raffinement et couleur». Une musique ironique? Ivan parle de musique directe où l’ambiguïté et le raffinement sont les mots d’ordre. «Même contenu, même contexte, seule la note de base change», résume-t-il. À nous d’être attentif!

Debussy et sa musique seraient le raffinement par excellence et le meilleur exemple de ce qui fait de la culture française, l’exotisme des autres compositeurs du monde. Ivan définit ainsi le raffinement par «un travail minutieux qui se fait à répétition». Le danger d’un tel souci du détail est de perdre l’idée d’ensemble.

Voiles si l’on en oublie son raffinement, poussé à l’extrême, peut paraître pour un auditeur inattentif assez monotone, prévient le pianiste.

La soirée s’est achevée par un échange de questions réponses. La présentation d’Ivan Ilic sera très bientôt disponible en ligne sur le site de l’Alliance française au www.alliance-francaise.ca.

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