Ivan Ilic, pianiste virtuose de renommée internationale, a donné, vendredi soir dernier, une petite séance d’éducation musicale à l’assistance présente à la galerie Pierre-Léon de l’Alliance française de Toronto.
Il a transmis aux amateurs de musique classique son amour et sa propre vision de la musique de Debussy. Chacun de ses discours était illustré par un extrait de différents préludes interprété par le virtuose-pédagogue. «Je veux tout d’abord vous montrer le changement que c’était au début du XXe siècle que d’écouter cette musique qui rompt avec le romantisme, par et auquel les oreilles de cette époque étaient habituées», dit-il en jouant du Brahms en premier.
Avant-gardiste, Debussy se veut dérangeant. Il y parvient en ne suivant pas la même ligne mélodique. Selon M. Ilic, à cette époque, les morceaux étaient caractérisés par un certain confort de l’ouïe où la continuité importait le plus. Une musique facile à digérer. Debussy serait, selon lui, plus moderne que certains contemporains.
«Souligner les dissonances»
Dans La Cathédrale engloutie, on est transporté par une musique vivante à sonorité forte, une gravité qui contraste avec certains passages plus aigus. Une musique entrecoupée consciemment afin de donner une plus grande sensibilité à l’événement conté.
Ces arrêts soudains pèsent sur la conscience et métamorphosent le piano. Ce dernier devient le cri, la bouche de la Cathédrale. Elle est là pour dénoncer et partager une certaine douleur et aussi pour raconter son passé.
«Dans toute la musique de cette époque, Debussy est celui qui reste le plus intéressant et le plus vrai. Il y a une cassure avec le passé. Il a tendance, comme un peintre, à chercher de la couleur.» Les silences spontanés qu’il éparpille ici et là dans sa musique permettent de «souligner les dissonances au lieu de les effacer», ajoute le pianiste.